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Estimez-vous que le sentiment que nous avons d'être libre est une preuve suffisante de notre liberté réelle ?

Publié le 25/03/2011

Extrait du document

   1. Il faut réfléchir avant d'attaquer le sujet sur la notion de preuve. N'est-elle pas tout entière du domaine de la pensée discursive ? Quelle peut être sa valeur dans le champ de l'inconscient par exemple ?    2. Se demander aussi pourquoi la liberté nous apparaît comme un sentiment. (Conscience immédiate, non discursive.)    3. Attention à l'expression liberté réelle ; elle rend impossible toute solution du type : être libre c'est avoir conscience d'être libre dans l'action    4. On pourra lire par exemple : J.P. Sartre : l'existentialisme est un humanisme; S. Freud : Introduction à la psychanalyse; Marx : L'idéologie allemande ; Descartes : Méditation I et II.

« fondement absolu de son acte.

Comment cela est-il possible ? Quelle est l'origine de ce sentiment de liberté ? Ce sentiment trouve sa justification dans le type d'existence spécifique de la conscience et de la subjectivité.

Êtresujet d'un acte, être libre, c'est transcender un certain donné extérieur ou psychologique et se déterminer à partirde cette transcendance ; or cette transcendance, par rapport à tout donné, est constituée par la conscience.

Êtreconscient de, c'est objectiver un certain champ interne ou externe et donc se distinguer de lui, s'en séparer, seconstituer comme autre que lui ; quelles que soient les forces qui, dans ce champ, nous représentent un actecomme nécessaire, dans la mesure où nous sommes conscients de ces forces, nous nous en distinguons, nous lesconstituons en un donné objectif auquel nous pouvons^accorder ou refuser notre adhésion. On voit que le sentiment de notre liberté n'est pas un sentiment parmi d'autres : est-il même un sentiment ? Oui,dans la mesure où la conscience de soi, qui se constitue en se distinguant de tout objet, est une conscience nondiscursive, immédiate.

Mais elle est conscience de la structure ontologique de la conscience qui n'existe que commerapport immédiat à soi, origine d'elle-même, source spontanée du vouloir, transcendance au champ phénoménal danslequel elle prend naissance et dans lequel elle devra s'engager.

Mais cet engagement lui-même, pour être libre, doitapparaître comme la poursuite d'une fin, d'un but, librement choisis et proposés, qui se présentent comme horizondu champ objectif en ce qu'il est « à réaliser » : c'est-à-dire que la conscience existe comme projet libre, commeauto-détermination.

Le sentiment de notre liberté nous semble donc manifester la nature réelle de la subjectivitéqui, en tant que conscience, s'auto-détermine dans sa transcendance à toute causalité, à toute histoire, à toutenécessité objective. * * * Toute la question est de savoir si la conscience est réellement l'origine, le moteur et l'horizon de notre action.

Ceque le sentiment de notre liberté nous révèle c'est que la conscience est conscience de soi comme liberté.

Maisn'est-il pas possible que, sous le couvert de cette liberté, se tissent les nœuds d'une causalité ou de plusieurscausalités qui échappent à la conscience ? L'inconscient sous toutes ses formes, social, linguistique, historique, psychologique, ne serait-il pas capable desouffler à la conscience un texte qu'elle se contenterait de reprendre à son compte et le sentiment de la liberté nesaurait-il être l'ultime ruse de la nécessité ? Pour bien cerner notre problème nous prendrons en exemple deux types différents de dérobement de la liberté dansl'inconscient : le cas de l'affectivité et le cas du langage. Lorsqu'un désir se présente à nous, lorsque nous en sommes conscients, nous pensons en même temps que nouspouvons soit y céder, soit le refuser : la conscience de ce désir s'accompagne de la conscience de notre liberté dechoisir pour ou contre sa satisfaction. Quel que soit le choix que nous effectuons, nous dirons, qu'en dernier ressort, c'est la condition de la liberté commeautodétermination du vouloir ; il n'a dépendu que de notre libre arbitre (sentiment de liberté).

Mais que penser del'absence de motivation de ce libre arbitre ? Est-il possible que nous nous déterminions en dehors de toute référencepréférentielle ? Si vraiment nous étions capable de nous tenir à distance de toute motivation, ne renoncerions-nouspas à agir par indifférence pure et simple ? Qui parle dans ce temps de silence au sein duquel la conscience seconstitue comme pure liberté ? La psychanalyse nous apprend qu'au moment où la conscience se saisit elle-même comme pure transcendanceindéterminée en face du désir, l'inconscient, lui, n'est pas inactif ; les pulsions qui le structurent ont leur dynamiquepropre, si contradictoire, si complexe soit-elle.

Dans le choix libre, c'est la résultante des conflits inconscients quis'exprime et se signifie ; si bien qu'en définitive, l'indifférence du libre arbitre n'est brisée que par l'apparition d'unesignification qui, à l'insu de la conscience, signifie la pulsion de façon symbolique.

On voit que le sentiment de laliberté est tout simplement ici synonyme de refoulement.

Loin d'être la preuve de la réalité de notre liberté, il est lacondition de cette ignorance de soi constitutive de l'inconscient.

C'est une structure analogue que nous rencontrons dans le discours.

Lorsque nous parlons ou que nous écrivons, ilnous semble que nous ne faisons, par les mots, qu'exprimer des significations qui existaient déjà dans notreconscience et par son acte libre de pensée.

Mais la pensée est elle-même tout entière de mots : elle n'existe quepar un langage dans lequel sont, en quelque sorte, déposées des significations disponibles dont les unes sontoffertes et les autres latentes.

En définitive, ce qui, de notre discours, est pensé, ne représente qu'une faible partiede ce qui est dit : la question de la signification de notre discours est tout entière jouée en dehors de l'acte libre dela parole ou de l'écriture.

Le sentiment de la liberté de penser est aussi illusoire que celui de la liberté d'agir. Nous voyons que le sentiment de notre liberté, si expressif soit-il de la structure de la conscience, ne peutconcerner que ce qui, de notre action, se fonde en la conscience.

Mais aucune de nos actions ne relèvefondamentalement, originairement de la conscience, si bien que ce sentiment ne fait que parfaire l'œuvre durefoulement en donnant au sujet, représentant de l'inconscient, l'illusion d'être lui-même l'auteur de son acte et dessignifications qu'il prétend promouvoir.. »

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