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Le sentiment d'être libre n'est-il qu'une illusion de liberté ?

Publié le 27/02/2008

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illusion
L'énoncé tel qu'il est libellé peut se prêter — semble-t-il —à deux interprétations » (nullement contradictoires, bien au contraire). On peut se demander si le sentiment d'être libre n'est qu'une illusion de liberté en ce sens que « éprouvant» le sentiment d'être « libre » nous croyons l'être. On peut se demander aussi si ce sentiment d'être « libre » ne contribue pas à nous faire chercher ce que peut être la liberté là où elle ne peut être et — nous leurrant — nous détourne de la recherche et de l'exercice de « la liberté » possible.
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« II) Le sentiment fondateur d'une délivrance Nombreuses sont les philosophies qui reconnaissent les déterminations et contraintes qui fixent la situationprimordiale de l'homme comme « esclave ».

Esclave de la matière (Platon jouait sur les mots « soma », « corps » ; et « sema », « clou » ou « tombeau », pour exprimer l'asservissement de l'âme pure par le corps), esclave de ses passions et de ses peurs (cf.

Épicure, Lettre à Ménécée ), des autres (cf.

Sartre, L'Être et le Néant ), l'homme apparaît, dans sa situation existentielle initiale, contraint de toutes part.

Cette « finitude » caractéristique multiplen'empêche cependant ni les hommes, ni de nombreux philosophes, d'affirmer la valeur réelle et positive du sentimentde liberté qui nous habite et nous meut chaque jour. Mais ce sentiment est alors un sentiment-moteur, compris négativement comme pouvoir de délivrance et non pascomme résultat d'une liberté originaire.

Ce sentiment de liberté s'exprimera alors comme moteur d'action vers un étatidéal, délivré de toutes les servitudes et de tous les déterminismes concrets et originels. Ainsi Platon qui, de manière illustre, présenta une métaphore (cf.

La République , l'allégorie de la caverne ) caractérisant cette situation initiale où l'homme est d'abord prisonnier du monde sensible, illusoire et, également,tout le chemin vertical qui conduit l'homme-sage à se délivrer processuellement de cet état premier pour enfinaccéder au monde vrai, idéal, de la Vérité (monde des Idées), délivré des illusions sensibles.

La valeur du sentimentde liberté est alors une valeur « téléologique » (science de la finalité, des fins), puisque ce sentiment inciteral'homme courageux à entreprendre le chemin ardu vers une liberté advenue. Leibniz, également, ne retiendra une position déterministe que pour consacrer une « liberté » rationnellementcomprise.

Selon lui, les déterminations qui prévalent dans la situation existentielle humaine initiale ne contredisentpas la réalité d'une liberté humaine potentielle.

Cette liberté est conditionnelle selon l'allemand, dépendante dupouvoir de la volonté humaine à s'éclairer (la raison est souvent métaphoriquement comprise comme lumière sur leschoses, permettant d'accéder à la vérité) par l'entendement et le jugement.

Le pouvoir humain de se conduire parsa seule rationalité consacrera, suprêmement, une liberté de choisir contre toutes les déterminations extérieures: le« libre-arbitre » (cf.

Descartes, Entretien avec Burman ; Spinoza, Éthique ; Leibniz, Opuscules philosophiques , Remarques sur la partie générale des principes de Descartes ). Sous une détermination « morale » encore, Épicure (cf.

Lettre à Ménécée ) et Kant (cf.

Fondements de la métaphysique des moeurs ), plus tard, définiront tous deux une capacité humaine à se départir de ses inclinations, passions et pulsions grâce à la volonté éclairée par le raisonnement.

Cette liberté morale définira un homme « sujetet responsable de ses actes » et non plus un simple « objet et esclave » de son existence et des déterminationsnaturelles, culturelles et psychologiques qui ne manquent pas de se manifester à chaque instant. Ajoutons, toutefois, que la théorie psychanalytique héritée de Freud mis à mal cette notion de liberté et la valeur dusentiment qui lui est attaché, puisque relevant l'efficience de l'activité inconsciente.

Celle-ci, complétant l'identitéconsciente, serait cela même qui nous donnerait l'image d'un sentiment de liberté illusoire, puisque tous nos actesseraient imperceptiblement explicables par l'existence d'une sphère pulsionnelle irrépressible.

N'oublions cependantpas, et Popper fut là pour nous le rappeler, que cette thèse reste théorique et ne pourra jamais prétendre accéderau statut de science... Conclusion La valeur de notre sentiment de liberté semble être, paradoxalement, toujours dépendant d'une réflexion etd'une réaction humaine à une incontournable situation de contrainte originelle de l'humanité.

Nous sommesbien, le plus souvent, déterminés par notre situation naturelle, physique, psychologique, culturelle et nousamène donc à considérer un idéal de délivrance de toutes ces déterminations externes et internes. Toutefois toute notre civilisation repose sur l'affirmation de ce pouvoir humain de libération de tous les. »

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