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« Être de son temps » : Quels sens peut-on donner à cette expression ?

Publié le 16/02/2011

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L'intérêt de la question (et de la réponse) ne peut que venir avant tout de la réflexion qu'on pourra mener sur l'expression « son temps «.

En effet on pourrait facilement soutenir que — chacun étant dans le temps (et d'une « certaine façon «, ce temps étant le « sien «) — la question ne se pose même pas. D'où la possibilité même de poursuivre une réflexion intéressante sur ce sujet réside dans les distinctions, les déterminations multiples que l'on pourra fonder sur l'expression « son temps «. — Méditer ce texte de Louis Althusser (entre autres). « Le concept d'histoire ne pouvant être fondé que dans la structure complexe à dominante et à articulations différentielles de la totalité sociale que constitue une formation sociale relevant d'un mode de production déterminé, le contenu du concept d'histoire n'est assignable qu'en fonction de la structure de cette totalité, soit considérée dans son ensemble, soit considérée dans ses différents « niveaux «. En particulier, il n'est possible de donner un contenu à ce concept, c'est-à-dire de définir la forme d'existence propre à cette totalité, qu'en définissant le temps historique, non comme une forme continue indifférenciée et , linéaire, susceptible des coupes d'essence du présent idéologique, mais comme la forme spécifique de l'existence de la totalité sociale considérée existence où différents niveaux structurels de temporalité interfèrent, en fonction des rapports propres de correspondance, non-correspondance, articulation, décalage et torsion qu'entretiennent entre eux, en fonction de la structure d'ensemble du tout, les différents « niveaux « du tout. Il faut dire que, de même qu'il n'y a pas de production en général, il n'y a pas d'histoire en général, mais des structures spécifiques de l'historicité, fondées en dernier ressort sur les structures spécifiques des différents modes de production. « Revue « La Pensée «, n° 121, juin 1965.

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« encore possible, une telle séquestration deviendrait rapidement malfaisante pour ceux-là mêmes qui l'auraientdécidée afin de se soustraire à la contamination de leur siècle ; privés du stimulant des problèmes nouveaux et de lacontradiction, ils s'assoupiraient bientôt dans un dogmatisme inerte.Et puis leur résolution, si tant est qu'elle puisse être bonne pour eux-mêmes, serait pas trop égoïste.

Il faut, eneffet, songer aux autres.

Si la société de notre temps a pris des voies que nous jugeons mauvaises, il n'y a qu'unefaçon de contribuer à la ramener dans le bon chemin : se mêler à sa vie et, par conséquent, être de son temps.Aussi optons-nous sans hésiter pour l'affirmative : nous devons être de notre temps. III.

— DANS QUELLE MESURE ? Mais s'il est facile de répondre catégoriquement à la première question, la difficulté est de déterminer jusqu'à quelpoint il faut être de son temps.

Être de son temps, les partisans les plus férus de la civilisation contemporaine lereconnaîtront, n'est pas le bien absolu ou le bien en soi.

Le bien est de vivre une vie humaine et le progrès consistedans l'humanisation de l'existence individuelle et de l'existence collective.

Il faut donc être de son temps dans lamesure où les institutions et les moeurs de ce temps assurent à un plus grand nombre un standard de vie plushumain, facilitant à chacun la réalisation de sa fin d'homme.Par suite, le souci d'être de son temps doit se concilier avec l'estime ou même le culte du passé.

Dans ce passé,beaucoup de nos ancêtres réalisèrent éminemment leur fin humaine et nous laissèrent des oeuvres d'une beauté quimanque à celles de notre époque.

Sans prétendre leur sacrifier les avantages de nos méthodes de production, nousdevons en conserver comme un précieux héritage les vestiges et le souvenir.

Construisons en ciment armé deshabitations commodes, mais conservons avec piété la vieille maison familiale et ses bahuts sculptés ; sachonsadmirer nos cathédrales de pierre dans lesquelles le maçon a mis toute sa foi.

Et de même, tout en renonçant àcertaines exigences du protocole incompatibles avec l'activité moderne, restons fidèles aux règles du savoir-vivre.Elles imposent une certaine gêne ; mais si le progrès matériel, qui a tant réduit la peine du travail humain, nous avaitfait perdre l'habitude de nous gêner pour honorer autrui, il ne nous aurait pas grandis, et il y aurait lieu de regretter,au moins sur ce point.

d'être de son temps.Ensuite, au lieu de se mettre aveuglément à leur remorque, il faut appliquer son esprit critique aux nouveautés quicaptivent la masse.

Beaucoup d'entre elles sont moralement indifférentes et ne nous font ni monter ni descendredans l'échelle humaine : que nous voyagions en voiture, à cheval, en auto ou en avion, il importe peu ; ces moyensde locomotion ne sont que des; instruments parmi lesquels il faut choisir celui qui nous permet de mieux assurernotre travail.

Il en est de mauvaises, comme l'organisation d'une propagande partisane qui asservit les esprits : onne doit pas se laisser envoûter.

Il n'en manque pas d'excellentes comme le souci de culture totale, intellectuelleaussi bien que physique : il convient de se laisser porter par ce courant.La meilleure façon de faire un choix judicieux entre les traditions d'un passé qui se prolonge et les innovations quitendent à les remplacer est de songer à l'avenir : Qu'est-ce qui me fera plus homme ? Qu'est-ce qui rendra lasociété des hommes plus humaine ? Voilà ce qu'il faut se demander dans les conflits entre partisans des anciens etpartisans des modernes, veillant à ne pas oublier, dans l'ardeur de la dispute, l'objectif essentiel qui n'est pas d'êtrede son temps, mais d'être un homme. Conclusion. — Il y a diverses façons d'être de son temps.

La plus facile est de se laisser faire par lui, adoptant de confiance ses aversions et ses enthousiasmes.

Mais on peut aussi chercher, dans une certaine mesure et dans unpetit cercle, à le faire et à le modeler suivant son idéal.

Inutile de le dire, c'est de ces derniers que l'histoire aconservé le nom, qui reste comme la marque de leur temps : preuve que, mieux que quiconque, ils ont été de leurtemps.. »

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