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Être libre, est-ce être indépendant ?

Publié le 21/01/2004

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-    « Suffit-il « indique qu’il faut s’interroger sur une condition et plus précisément sur une condition qui soit à la fois nécessaire et suffisante. -    Il est donc présupposé ici que l’indépendance est nécessaire ; tout le problème est alors de savoir si cela suffit, c’est-à-dire si l’indépendance entraîne à elle seule l’effet souhaité, si elle est l’unique facteur déterminant la liberté. -    La notion d’indépendance : si elle est simplement l’absence de dépendance au sens de soumission à une autorité et alors, elle serait  effectivement ce qui est uniquement recquis pour penser la liberté entendue comme opposé de la servitude et puissance d’agir sans être empêché. -    Cependant, la liberté n’est pas que pouvoir d’agir sans contrainte : il existe une forme de liberté qui inclut l’idée de contrainte et de soumission (=l’autonomie comme capacité de la volonté à constituer pour elle-même et par elle-même ses propres règles au lieu de rejeter toute forme de détermination). C’est cette définition qui permet de donner sens au sujet et qui est ici en jeu : la liberté doit-elle être pensée sur le modèle de l’affranchissement ou émancipation à l’égard de toute figure du commandement, de toute autorité ou bien n’existe-t-elle que dans et par une certaine forme de déterminisme ou de limitation ?

« 2.

Le libre-arbitre et l'autonomie. • C'est pour montrer que la véritable liberté est une puissance de choix réfléchie que Descartes définit le libre-arbitre, dans la IVe Méditation métaphysique.

Le libre-arbitre désigne la capacité du sujet rationnel d'agir enconnaissance de cause, en distinguant le vrai du faux dans le domaine théorique et le bien du mal dans le registrepratique.

La puissance que nous vivons en nous-mêmes et qui vise la liberté n'est pas nécessairement celle de lapassion destructrice et violente.

Dans ses Méditations, Descartes reconnaît en lui sa volonté "si grande que je neconçois point l'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue".

En cet infini pouvoir de la volonté que nousexpérimentons en nous-mêmes, il voit la marque et la ressemblance de Dieu.

La liberté humaine est infinie, à l'imagede la puissance infinie de notre volonté.

Il n'appartient qu'à nous d'affirmer ou de nier, de faire ou de ne pas faire,de poursuivre ou de fuir tout ce que nous voulons.

La liberté n'est pas un état d'indifférence dans lequel je suisplongé lorsque toutes les contraintes sont absentes — car en ce cas je ne choisis pas ou bien je choisis au hasard—, mais bien dans l'acte volontaire par lequel je donne mon assentiment ou je le refuse.

Nous serons donc d'autantplus libres que nous agirons en raison, c'est-à-dire en connaissance de cause.

Plus la connaissance desconséquences et des effets de nos actes nous est claire, plus notre volonté trouve de facilité à s'exercer dans sesjugements.

Si la volonté est une puissance infinie, la raison en est le seul guide pour la bien conduire. • "Pour ce qui est du libre-arbitre, je suis complètement d'accord avec cequ'en a écrit le Révérend Père.

Et, pour exposer plus complètement monopinion, je voudrais noter à ce sujet que l'indifférence me semble signifierproprement l'état dans lequel est la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'uncôté plutôt que de l'autre par la perception du vrai ou du bien ; et c'est ense sens que je l'ai prise lorsque j'ai écrit que le plus bas degré de la libertéest celui où nous nous déterminons aux choses pour lesquelles nous sommesindifférents.

Mais peut-être que d'autres entendent par indifférence unefaculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre de deux contraires,c'est-à-dire pour poursuivre ou pour fuir, pour affirmer ou pour nier.

Cettefaculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté.

Bien plus, j'estimequ'elle y est, non seulement dans ces actes où elle n'est pas poussée pardes raisons évidentes d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tousles autres ; à ce point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'uncôté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère aller à l'opposé,absolument parlant, néanmoins, nous le pourrions.

En effet, il nous esttoujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu oud'admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un biend'affirmer par là notre libre-arbitre." DESCARTES Ce texte est extrait d'une réponse de Descartes à la lettre d'un de ses correspondants qui l'interrogeait à propos d'un passage de la quatrième méditation métaphysique dans laquelle ildisait : « de façon que cette indifférence que je sens lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que versun autre par le poids d'aucune raison, est le plus bas degré de la liberté et fait plutôt paraître un défaut dans laconnaissance qu'une perfection dans la volonté » (Méditations métaphysiques, Pléiade, p.

305).L'indifférence est cet état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'ayant à se décider elle a le choix entre deuxactions et qu'elle n'éprouve aucune inclination, ni ne perçoit de raison de choisir.

Descartes juge que,concrètement, cet état est celui de la moindre liberté.

Le terme d'indifférence est d'ailleurs un terme négatif quidésigne un manque d'éléments d'appréciation plutôt qu'une disponibilité quelconque.

Dans un cas d'indifférencetotale je m'en remets, la plupart du temps, au hasard d'un coup de dé ou du « pile ou face », remplaçant la décisionde la volonté par un événement quelconque du monde.

Inversement ma liberté ne saurait être remise en questionsous prétexte que j'aie des raisons (dûment établies) d'agir comme je le fais.

Si je n'agis pas pour des raisonsconscientes, j'agis pour des causes ce qui est proprement le contraire de la vérité.Descartes concède toutefois qu'on peut penser l'indifférence (dont il ne nie pas l'existence mais son lien avec laliberté) également comme une « faculté positive » c'est-à-dire comme la condition purement formelle de la liberté.

Ilfaut penser une capacité toujours présente de refuser même ce qu'on juge bon ou vrai, d'affirmer envers et contretout une « liberté » qui existe de simplement s'affirmer.

Cette indifférence conçue cette fois positivement ne peutcertes entraîner qu'un comportement irrationnel ou immoral puisqu'elle consiste à ne pas faire ce pour quoi nousavons des raisons évidentes d'agir, ce qu'est pour Descartes la vraie liberté — « Moralement parlant » c'est-à-direraisonnablement il est inadmissible que nous fassions le contraire de ce qui est raisonnablement bon.

C'est «absolument parlant », c'est-à-dire sans égard à autre chose que le pur concept du libre-arbitre, que nous devonspenser la possibilité d'un choix libre et irrationnel.Descartes ne concède donc pas grand chose puisqu'il n'accorde que la possibilité théorique d'une indifférencepositive.

Il est certes possible que nous agissions contre toute raison afin de donner corps à cette indifférence, oupour prouver notre liberté, mais agir afin d'établir une affirmation de soi ne pourrait guère conduire qu'à une vie videet dénuée de sens.

L'indifférence même conçue comme une volonté positive (et non comme simple absence defondement à une décision) est donc bien encore le plus bas degré de la liberté.. »

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