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Exister est-ce refuser la mort ?

Publié le 06/02/2004

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Celui qui voudrait fuir tous les risques de mort et se réfugierait dans une existence étroite, douillette et calfeutrée, oublierait précisément de vivre. Finalement, la vie n'a de sens et de prix que parce que nous ne disposons que d'un temps fini, donc susceptible d'être organisé. CITATIONS: « Philosopher c'est apprendre à mourir. » Montaigne, Essais, 1580-1588.Montaigne prône ici la « pré-méditation » de la mort. Pour combattre la crainte qu'elle suscite en nous, il faut l'apprivoiser, nous faire à son idée, nous habituer à elle : «N'ayons rien si souvent en tête que la mort », dit-il plus loin. « La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a appris à mourir, il a désappris à servir. » Montaigne, Essais, 1580-1588.S'accoutumer à l'idée de notre propre mort, c'est nous libérer de la frayeur qu'elle nous inspire.

« B.

La mort ne peut faire partie de mes projets • À l'encontre de Heidegger, Sartre montre, que la mort n'est pas un possiblesusceptible d'être attendu, désiré, ni même réalisé.

Toute conscienceassurément est projet, visée d'un futur.

Mais ma mort peut-elle êtreconsidérée comme l'un de ces possibles vers lesquels je me projette ? En fait,parce que ma mort met un terme à ma conscience, elle est en dehors et au-delà de cette conscience.

Elle m'échappe exactement au même titre que manaissance.

Ma mort ne m'appartient pas ; elle ne donnera à ma vie son sensdéfinitif que dans la conscience d'autrui qui me jugera.

« Être mort, c'est êtreen proie aux vivants », écrit Sartre dans L'Être et le Néant (1943). • Pour Sartre, la mort ne saurait être une figure de ma liberté.

Même dans lecas du suicide, ma mort ne m'appartient pas car le projet du néant est unprojet inimaginable, très exactement un anti-projet, un néant de projet.

C'estpar une sorte d'illusion que le candidat au suicide croit vouloir quelque chose,car du suicide lui-même ne résulte que la fin de tous les projets, de tous lespossibles. C.

La valeur de l'existence • Les philosophies opposent radicalement pensée de la vie et pensée de lamort.

Ou bien on médite sur la vie, et l'on croit devoir ajouter – au mépris dela condition humaine et de l'expérience concrète – que la mort n'est rien, ou bien on médite sur la mort, et cettepensée envahit tout, ôtant à la vie toute signification, rendant notre existence absurde.

Mais on peut concevoir uneattitude philosophique selon laquelle méditation sur la vie et méditation sur la mort, loin de s'exclure, ne prendraientleur sens que l'une par l'autre. • Tout d'abord, la pensée de la mort ne saurait empêcher le philosophe de vivre et de bien vivre.

Notre temps estlimité, mais il s'agit pourtant de savoir comment nous allons l'utiliser pour le mieux.

Toute vie pleinement vécueimplique un certain risque de mort conscient et assumé.

Celui qui voudrait fuir tous les risques de mort et seréfugierait dans une existence étroite, douillette et calfeutrée, oublierait précisément de vivre.

Finalement, la vie n'ade sens et de prix que parce que nous ne disposons que d'un temps fini, donc susceptible d'être organisé. « Philosopher c'est apprendre à mourir.

» Montaigne, Essais, 1580-1588. Montaigne prône ici la « pré-méditation » de la mort.

Pour combattre la crainte qu'elle suscite en nous, il fautl'apprivoiser, nous faire à son idée, nous habituer à elle : «N'ayons rien si souvent en tête que la mort », dit-il plusloin. « La préméditation de la mort est préméditation de la liberté.

Qui a appris à mourir, il a désappris à servir.

»Montaigne, Essais, 1580-1588.S'accoutumer à l'idée de notre propre mort, c'est nous libérer de la frayeur qu'elle nous inspire.

Ainsi, apprendre àmourir, c'est proprement nous libérer progressivement de la servitude en laquelle nous tient la crainte de la mort. « Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort; et sa sagesse est une méditation non de la mortmais de la vie.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « On ne cesse de penser à la mort qu'en cessant de penser.

» Marcel Conche, La Mort et la Pensée, 1973. « Que la mort, l'exil et tout ce qui te paraît effrayant soient sous tes yeux chaque jour; mais plus que tout, lamort.

Jamais alors tu ne diras rien de vil, et tu ne désireras rien outre mesure.

» Épictète, Manuel, vers 130 apr. J.-C. « En s'occupant de philosophie comme il convient, on ne fait pas autre chose que de rechercher la mort et l'étatqui la suit.

» Platon, Phédon, Ive s.

av.

J.-C. « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions tranchées qu'ils ont sur les choses; parexemple, la mort n'a rien d'effrayant, [...] mais c'est l'opinion tranchée selon laquelle la mort est effrayante qui est. »

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