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Explication de texte:

Publié le 09/09/2018

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Expliquer le texte suivant :

 

Si c’est l’intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous d’autres cieux, éloignés du mien, qui s’absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la santé est compromise au point qu’il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-même je sens décliner mes forces, car je n’ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant (ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l’étranger qui tout à l’heure s’en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance ; à l’inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu’il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part, connaissant à peine l’auteur de son salut ; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa place notre bienfait ; en attendant nous trouvons du cha rme au sentiment d’avoir fait un peu de bien dont nous ne recueillerons pas le fruit. Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous réglons nos dispositions testamentaires, n’est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il ne nous reviendra aucun profit ? Combien d’heures l’on y passe ! Que de temps on discute, seul avec soi-même, pour savoir combien donner et à qui ! Qu’importe, en vérité, de savoir à qui l’on veut donner puisqu’il ne nous en reviendra rien en aucun cas ! Pourtant, jamais nous ne donnons plus méticuleusement ; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu’à l’heure où, l’intérêt n’existant plus, seule l’idée du bien se dresse devant notre regard.

 

Sénèque, Des bienfaits

Si je ne suis généreux que parce que j'attends quelque faveur en retour, je me garderai bien de me préoccuper du sort d'un étranger, d'un voyageur qui ne reviendra jamais ou d'un moribond, puisque je ne saurais par définition attendre qu'ils me rendent la pareille.

 

Ainsi, faire le bien ou être vertueux par intérêt invite à sélectionner les destinataires à partir de leur origine, de leur appartenance sociale ou de leur bonne santé : je rendrai service au jeune homme en pleine santé, mais certainement pas au vieillard malade, puisque du premier je peux attendre un témoignage de sa reconnaissance, alors que le second risque de mourir sans même avoir le temps de me témoigner quoi que ce soit. Un tel tri semble évidemment inacceptable, en raison du cynisme auquel mène le calcul de l'intérêt, et de la division de l'humanité en catégories qui méritent, ou non, que l'on se dévoue pour elles en fonction de leur statut social, de leur richesse, ou de leur proximité affective, etc. 

« Les clés pour réussir Bien comprendre le texte Plan du texte • Form ulation initiale de la thèse à contester : je ne fais le bien que par intérêt ou calcul (début de la pr emièr e phr ase).

• Réponse immédiate par l'énumér ation de quatre situations où je fais le bien sans pouvoir en atte ndre un service en reto ur: l' étrang er, le voya­ geur qui part défi nitivement, le malade en fin de vie (exemple qui ne sera pas repris ensuite).

moi-même quand je lègue à d'a utres (fin de la pr emi ère phrase).

• Examen plus détaillé de deux de ces situations (deuxième phrase : « Et pou rtan t...

» ).

• Insis tance particuli ère sur ce que peuvent signifier les « dis posi tions testa mentai res >>, qui prouvent finalement que c'est l'idée du bien qui nous déterm ine, sans qu'inter vienne la notion d'intérêt.

Analyse du texte Thèse soutenue par l'aut eur: Sénèq ue aborde ici la question de sav oir si le bien n'est accompli que par intérêt, ou si faire le bien est grati­ fiant en soi.

Il privilégie la seconde réponse en s'appuyant sur une série d' exe mples montrant qu'il existe de nom breuses situations où une ac tion bonne est effect uée sans attendr e de contrepartie.

• Son argumentation paraît tenir com pte de la présence d'un possible contr adicteur: phi losophe non stoïc ien, ou lect eur ? Utiliser ses connaissances • Les stoïc iens sont cosmopol ites : le secours appor té à l'é tranger que l'on ne reverra jamais indique que tous les hommes sont bien équiva­ lents, et qu'il convient de secou rir l'inconnu comme le voisin.

• Objection possible à l'auteur : fa ire le bien sans en atte ndre quoi que ce soit en retour , n'est-ce pas malgr é tout une satisfac tion relevant de l'amour -propre (cf.

La Rochef oucauld) ? • Celui qui fait le bien sans en rien attendre, c'est lau belle âme,, que crit ique Nietzsche.

Les pièges à éviter • Même si vous savez que Sénèque est stoï cien, pas de résumé général du stoïc isme ou de sa morale, qui vous entraînerait hors du sujet.

• Cette réflexion sur le bien et l'intérêt ne doit pas non plus déclencher la récitat ion des diverses théories que vous pouvez conna ître à leur pro­ pos : hor s-sujet.

• Le texte est com posé avant tout d'exem ples : ne cherchez pas à en fo ur nir de nom breux autres; vous vous contenterez de comm enter avec soin ceux que propose Sénèque.. »

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