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Explication de texte de Locke paragraphe 5 "Examinons ... à cette fin" ( Une religion est une association libre et volontaire).

Publié le 27/02/2008

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locke
Examinons à présent ce qu'on doit entendre par le mot d'Église. Par ce terme, j'en­tends une société d'hommes, qui se joignent volontairement ensemble pour servir Dieu en public, et lui rendre le culte qu'ils jugent lui être agréable, et propre à leur faire obtenir le salut. Je dis que c'est une société libre et volontaire, puisqu'il n'y a personne qui soit membre né d'aucune Église. Autrement, la religion des pères et des mères passerait aux enfants par le même droit que ceux-ci héritent de leurs biens temporels ; et cha­cun tiendrait sa foi par le même titre qu'il jouit de ses terres ; ce qui est la plus grande absurdité du monde. Voici donc de quelle manière il faut concevoir la chose. Il n'y a personne qui, par sa naissance, soit attaché à une certaine église ou à une certaine secte, plutôt qu'à une autre ; mais chacun se joint volontairement à la société dont il croit que le culte est plus agréable à Dieu. Comme l'espérance du salut a été la seule cause qui l'a fait entrer dans cette communion, c'est aussi par ce seul motif qu'il continue d'y demeurer. Car s'il vient dans la suite à y découvrir quelque erreur dans sa doctrine, ou quelque chose d'irrégulier dans le culte, pourquoi ne serait-il pas aussi libre d'en sortir qu'il l'a été d'y entrer ? Les membres d'une société religieuse ne sauraient y être attachés par d'autres liens que ceux qui naissent de l'attente assurée où ils sont de la vie éternelle. Une Église donc est une société de personnes unies volon­tairement ensemble pour arriver à cette fin. LOCKE
locke

« d'une foi aussi instable, aussi changeante, de sorte que croire par la raison aboutirait finalement à unecertaine infidélité vis-à-vis de Dieu ? Locke ne se trompe-t-il pas sur la nature de la foi quand il la faitdépendre de la raison, et donc d'un jugement qui change en fonction des erreurs qu'il découvre ? III – La raison ne peut qu'être « agréable » à Dieu - Dieu ne peut pas vouloir d'une foi qui ne serait pas limitée par la raison, qui donc voudrait s'étendre au-delà de ses propres limites (dans la société civile par exemple), et serait ainsi la porte ouverte aufanatisme.

Dieu ne demande pas au croyant de faire l'économie de sa raison, au contraire, la raison estun don de Dieu : elle est le critère qui permet d'entrer dans une Eglise ou d'en sortir, mais elle estégalement principe de tolérance, car celui qui change d'Eglise par la raison ne contraint pas les autres àle suivre, de sorte que peuvent coexister différentes conceptions du bien.

Locke s'oppose ici à l'attitudede certains fanatiques, ou illuminés, qui croient hors de toute raison.

Croire sans raison, c'est s'exposer àperdre sa liberté de jugement, à s'asservir à une Eglise.

La raison du croyant est en effet une limitationdu pouvoir de l'Eglise, puisque par elle il peut entrer et sortir librement de cette Eglise, en choisir uneautre.

Ce n'est donc pas l'Eglise qui subordonne à elle le croyant, c'est le croyant qui subordonne l'Egliseà son choix.

Locke dit que les « membres d'une société religieuse ne sauraient […] être attachés pard'autres liens que ceux qui naissent de l'attente […] de la vie éternelle ».

Les liens de cette espérancesont les seuls qui lient les hommes d'une même communauté, cela signifie que l'Eglise n'impose pas de liensupplémentaire à celui que les hommes ont choisi de se donner. - La contrainte religieuse vient donc de l'homme, non de l'extérieur, de l'Eglise.

C'est là la condition d'une véritable sincérité de la foi religieuse, de sorte que l'on répond à la question de la sincérité d'une foiquand elle est subordonnée à une fin.

Dès lors que cette fin est librement choisie par des hommes quiacceptent de s'y soumettre, cette fin n'est pas une entrave à la liberté mais une condition de la liberté.Elle n'empêcherait la liberté que si elle était imposée de l'extérieur, contre la volonté de l'homme, commetoutes les fois où dans l'histoire une Eglise à obliger la foi par la persécution, la force.

La foi ainsi imposéeau croyant n'est qu'apparente, elle n'est pas sincère.

Par opposition, la foi est sincère si elle est librementconsentie, de même que la fin qu'elle poursuit, le salut. - Cette conception de la liberté, comme contrainte consentie, n'est pas sans rappeler la formulation du contrat social, telle qu'elle apparaît chez Rousseau : la loi civile est certes une contrainte, qui limite laliberté naturelle, mais, étant librement consentie par l'ensemble des individus qui contractent ensemble,elle est le moyen et la condition de leur liberté civile.

L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.Ici la liberté religieuse fonctionne de la même façon, et la dernière phrase du texte (de même que lapremière) semble autoriser l'analogie entre société religieuse et société civile : la société religieuse estune association librement instituée par des hommes pour la recherche des moyens du salut ; la sociétécivile est une association librement instituée par les hommes pour la sauvegarde de leurs intérêtstemporels (santé, liberté, biens…).

Entre les deux sociétés, seule la fin diffère.

En fondant la société civileet la société religieuse sur la même liberté (celle de la contrainte voulue), Locke permet aux deux de nepas s'opposer, de se tolérer, voire de se comprendre.

En posant pour chacune une fin différente, ilrenvoie chacune à son domaine et pose une limite entre les deux : l'Etat ne s'occupe pas du salut desâmes, l'Eglise ne dicte pas les lois de la société civile.

Locke prône donc une séparation de l'Eglise et del'Etat, non en termes d'opposition, mais de répartition des pouvoirs. Conclusion : En rattachant la foi à la raison, Locke trouve une issue possible à l'éternel débat qui oppose croyance et raison.

Cette conciliation n'est pas synonyme de compromis, car la raison investit (légitimement) le domaine de lacroyance, et la croyance n'est que plus sincère d'être l'effet d'un jugement rationnel.

En mettant au cœur de touteactivité humaine la raison, Locke rend possible la coexistence pacifique de ces différentes activités.

La raison nepermet pas de rassembler tous les hommes autour d'une même vision, mais elle permet de faire des concessionsréciproques par lesquelles la vie commune est possible, même entre différentes Eglises.. »

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