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Explication de texte Malebranche - Corrigé de l'explication de texte de Malebranche.

Publié le 22/02/2012

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malebranche
Comment est-il possible que l'homme ait en lui-même la faculté de distinguer le vrai du faux et la capacité de se diriger par lui-même dans la recherche de la vérité, et qu'on le voit pourtant s'en remettre à l'autorité du jugement d'un autre pour savoir ce qu'il doit penser ? Et plus encore : préférer même se défaire de sa raison, s'en démettre, pour attendre d'un autre qu'il le guide quant à ce qui est vrai ou faux ? Face à ce constat, Malebranche prend position : il cherche à nous convaincre de penser par nous-même et d'utiliser notre propre raison pour juger de la vérité, en nous confrontant au non sens de notre attitude, et en nous représentant ce qu'il y a de meilleur dans l'usage autonome de son propre esprit. Pour se faire, il construit sa position au long d'un raisonnement analogique, dans lequel se joue au final, selon que nous en prenons ou non conscience, l'autonomie de notre pensée. La logique de l'auteur se structure en deux étapes. Dans la première, qui va de « Il est assez difficile de comprendre » jusqu'à « l'espérance d'avoir un conducteur. » (l. 1 à 6) l'auteur pose le problème, en expose les termes, et cherche à nous faire prendre conscience du non sens que constitue l'attitude de celui qui se défausse de sa propre faculté de juger pour suivre le jugement d'une autorité extérieure. Il peut alors, dans une seconde partie, qui va de « Sapientis oculi » jusqu'à la fin du texte (l. 6 à 14) nous figurer la condition de celui qui ne juge que par l'esprit des autres, avant de nous représenter tout ce que l'on trouve de plaisir à comprendre par soi-même, et de contentement de soi-même à penser de façon autonome. Le texte s'achevant alors sur ce même constat : les hommes ne font presque jamais usage de leur raison.
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« tutelle celui se décharge de la responsabilité de juger par lui-même et s'en remet aux autres pour penser à sa place.Se servir de l'esprit d'un autre, c'est donc perdre toute autonomie du jugement : c'est être dans l'hétéronomie.

Jeme règle alors sur un jugement dont je ne suis pas l'auteur, et teins une chose pour vraie non pas en fonction del'autorité de ma propore raison, mais en fonction d'une autorité extéieure.

Or voir de cette manière, c'est ne rienvoir… Il y a quelque chose de cureiux en effet à désigner les scientificiques en disant « ils »… Maisespérer un conducteur (l.

6), c'est alors désirer se placer sous tutelle, et attendre d'un autre ce que l'on doitpenser…Et pourtant, nous avons une raison, « nous avons un esprit » (l.2) ! Malebranche nous le dit nettement : noussommes intelligents, nous sommes capable de discerner par nous même le vrai du faux.

Si nous n'en étions pascapable, si la majeur partie d'entre nous était handicapée sous ce rapport, il serait aisé de comprendre la nécessitédans laquelle nous serions d'être conduits et dirigés par d'autres.

En ce cas, limités, nous ne pourrions que suivre lejugement d'une autorité extérieure.

Aussi est-ce l'humanisme de Malebranche qui fait surgir le problème2.

Nousavons une raison, nous sommes intelligents, nous sommes capables de juger par nous-mêmes du vrai, et pourtant,nous avons une propension à nous servir pour juger du jugement des autres, à nous régler sur eux et à les suivre deconfiance.

Nous avons la faculté, mais n'en faisons pas usage, et de surcroît, ne jugeons que d'après l'autorité dujugement d'autrui, et attendons des autres la réponse.

La chose paraît un pur non sens ! C'est ce non sens quel'analogie qui suit, entre les yeux et l'esprit, va expliciter et rendre sensible.Pourtant, à première vue, cette histoire des yeux paraît assez obscure : pourquoi Malebranche vient-il tout d'uncoup nous parler d'yeux, alors qu'il nous parlait d'esprit ? Retraçons la trame du raisonnement de l'auteur : il s'agitd'un raisonnement analogique qu'il va nous falloir dès maintenant expliquer avec précision.

Une analogie, c'est unecomparaison à quatre termes.

La comparaison se tisse ici entre la raison, les yeux, et leurs usages respectifs : «l'usage de l'esprit est à l'usage des yeux, ce que l'esprit est aux yeux ».

Lorsque Malebranche parle des yeux, et del'usage des yeux, il faut donc comprendre qu'il parle aussi de la raison, et de l'usage de la raison.

De même que nousnous servons de nos yeux pour nous guider sur le chemin du Lycée, de même, c'est au moyen de notre raison quenous devrions nous guider sur le chemin de la vérité – ce que, de fait, nous ne faisons pas, puisque nousnous guidons au moyen de la raison d'autrui.

Se guider au moyen de la raison d'un autre, alors que nous avons uneraison (puisque « nous avons de l'esprit »), voilà qui reviendrait alors exactement à nous fermer les yeux, nous quiavons des yeux (puisque « nous avons de bons yeux » phrase qui fait écho à « nous avons de l'esprit »), pour nousfaire conduire par un autre sur le chemin du lycée.

Mais qui ne voit pas l'aberration que constituerait une telleattitude ? Qui, alors qu'il a des yeux, irait se les fermer, ou se les arracher définitivement, pour s'en remettre à unautre de la route à suivre ? Personne ne le fait, personne ne le souhaiterait ! « Un homme qui a de bons yeux nes'avisa jamais de se les fermer, ou de se les arracher, dans l'espérance d'avoir un conducteur » (l.5) Et c'estpourtant bien ce que nous faisons en matière de recherche de la vérité : nous attendons d'un autre qu'il nousindique la route à suivre, et ce qu'il faut penser, alors que nous sommes capables de nous guider par nous même,que nous avons une raison.

– L'absurdité de notre attitude est ainsi rendue patente par l'analogie et lecontraste entre l'usage des yeux et l'usage de l'esprit.

Et telle est la fonction de cette analogie, rendre sensible lenon sens de notre attitude.

Elle ne dit en un sens rien de plus que ce qui est déjà implicite l.

2, lorsque Malebrancheopposait la possession d'une raison, au fait que nous attendons des jugements d'autrui la vérité.

Mais elle simplified'abord l'accès à cette idée, en nous mettant face à l'aberration que constitue cette attitude au travers d'uneimage: nous trouverions aberrant de nous arracher les yeux pour nous en remettre à un autre de la route à suivre, ilest également aberrant de se servir de l'esprit d'un autre alors que nous possédons la raison.

Cependant, cetteanalogie ajoute aussi autre chose : préférer se servir de l'esprit d'un autre alors que nous avons notre raison, c'estfondamentalement, tendre à arracher sa propre raison, à s'en amputer définitivement, à s'en démettre pour s'enremettre à quelqu'un d'autre de ce qu'il faut penser.

Notre espérance est l'expression d'une propension à nous placersous tutelle.

Nous préférons suivre une autorité extérieure plutôt que de juger et penser de façon autonome.

Etc'est là ce qui fait le c½ur du problème : le fait même de s'en remettre à un autre alors que nous possédons laraison est déjà absurde, mais c'est un non sens que de préférer s'en démettre, et de choisir, en un pareilrenoncement à tout jugement autonome, de se placer sous la conduite d'un autre3.On commence donc à comprendre que Malebranche, tout en exposant le problème, construit sa position : il fautpenser par nous-même ! C'est à cela que nous sommes invités.

Constater en effet comment les hommes seconduisent, ce n'est pas pour autant renoncer à toute possibilité de nous convaincre.

Car nous avons bien uneraison : nous mettre face à l'absurdité de notre attitude, c'est déjà nous appeler et même nous exhorter à unemodification de celle-ci.

C'est ce non sens de notre attitude qui va faire le lien avec la deuxième partie et l'histoiredu fou, où Malebranche nous représente la situation de celui qui ne pense que par la raison d'autrui.

Et c'est encorepour nous inviter à penser par nous-même que Malebranche nous représentera, par contraste avec les ténèbresdans lesquels l'insensé vit, le plaisir et le contentement qu'il y a à comprendre, et à se servir de façon autonome desa propre raison. \Sujet désiré en échange : Le pouvoir de l\'État est-il facteur de liberté ou d\'expression ?. »

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