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Explication du texte de Bergson (L'évolution créatrice): langage humain et mobilité des signes

Publié le 05/05/2012

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bergson

 

Ferdinand de Saussure, linguiste suisse du XXème siècle, a établi une distinction, communément adoptée depuis lors, entre langage, langue et parole. Le langage est pour lui une faculté humaine de communication et d’expression de la pensée ; la langue est, quant à elle, l’usage social qui est fait du langage, une langue est l’expression du langage. Enfin, si le langage nous renvoie à l’espèce, la langue au collectif, la parole, elle, nous renvoie à l’usage individuel de la langue et donc du langage. Tout comme Descartes, Saussure semble donc admettre que seuls les êtres pensants ont un langage, ce qui distinguerait alors le langage humain du système de communication des animaux, qui n’auraient pas de langage. Tout le monde est d’accord sur ce point, mais le véritable problème se situe dans ce qui est spécifique du langage humain. La thèse « classique « semble voir le trait essentiel de ce dernier dans la capacité à généraliser, mais est-ce là la véritable spécificité du langage humain ? Dans cet extrait de L’évolution créatrice, publiée en 1907, Henri Bergson (philosophe français du XXème siècle) veut montrer qu’en fait, ce n’est pas la faculté à généraliser qui est le trait essentiel du langage humain, mais c'est davantage la mobilité du signe, c’est-à-dire le fait que seuls les hommes disposent de signes leur permettant une inventivité permanente. Sa thèse semble tourner autour de la différence entre signe « adhérent « (rattacher à quelque chose) et signe « mobile « (propre à l’homme) grâce notamment à la comparaison entre langage humain et langage animal. Comment fait-il alors pour montrer que la thèse « classique « peut être contestée ? [Si la deuxième partie avait été à faire, il aurait fallu annoncer les enjeux philosophiques sous forme de questions pour finir l’introduction]

bergson

« SALACH Loïs TaleES 2 Philosophie 06.02.2012 2 la vie en commun », c’est-à-dire qu’il faut que le langage définisse un certain contrat, une certaine convention entre les différents membres d’une société pour que ces derniers puissent se comprendre entre eux.

C’est ainsi que Bergson parle d’« action commune ».

Le langage permet d’améliorer la communication entre les membres d’une société et par là même d’agir plus efficacement, par une action commune, sur les choses (production…).

Ainsi, le langage serait une fonction d’utilité qui permettrait une action ou plus précisément une action sociale, commune (une coopération) au sein d’une société .En grec, action se dit pragma , on peut alors dire que Bergson a une conception pragmatique du langage.

Enfin, pour poser le problème de sa réflexion, Bergson met en avant que les besoins de l’action commune sont différents entre une société animale (« une fourmilière ») et une société humaine. Ensuite, Bergson va s’attacher à distinguer les sociétés animale et humaine en fonction des besoins de l’action commune, à l’aide notamment d’illustrations, pour en tirer les conséquences quant au langage. D’abord, Bergson va mettre en avant les caractéristiques des sociétés d’Insectes.

Elles présentent toutes un caractère polymorphe, c’est-à-dire que les individus d'une même espèce peuvent se présenter sous plusieurs formes différentes.

Le corps des animaux serait alors fait en fonction de la tâche qu’ils ont à accomplir pour la société.

Bergson parle ainsi de « division du travail naturelle ».

Il donne ensuite une autre caractéristique de ces sociétés : elles reposent sur l’instinct.

L’étude scientifique montre en effet que les animaux ont des tendances comportementales et des mécanismes physiologiques sous-jacents qu’ils ne contrôlent pas puisqu’ils sont liés directement à leurs organes comme le rappelle ici Bergson.

Les animaux n’auraient pas accès à la liberté de choisir leur rôle dans leur société propre. Puis, il va s’attacher, par l’exemple des fourmis, à tirer les conséquences quant au langage de ces caractéristiques.

Il met d’abord en doute l’existence d’un langage pour les Fourmis car il emploie « si », mais suppose cette hypothèse vraie (il ne la remet pas en question).

Il reprend l’idée du début quant à l’existence de signes qui composent le langage.

Il semble admettre une propriété structurelle au langage.

Selon lui, ce langage animal existe seulement si le nombre de signes est fixé et que ces derniers se rattachent chacun à quelque chose de propre.

Cela signifierait que les signes sont reliés à une idée, que ce soit une action ou une chose du monde qui les entoure.

« Rester invariablement attaché […] à un certain objet ou à une certaine opération » sous-entend que même si quelque chose de déjà connu de l’espèce change, se transforme, le signe qui désignait ce quelque chose ne pourra être adapté aux besoins de la société puisque l’espèce sera déjà « constituée ».

On retrouve ici, l’idée de « nécessités de l’action commune ».

Ainsi, un animal n'invente pas de signe nouveau, il utilise les signes existants, d'une manière propre à l'espèce : il n'y a pas invention.

« Le signe est adhérent à la chose signifiée », le lien entre les deux est nécessaire.

Les signes restent attachés à un certain objet, ce n'est pas le signe lui-même qui est invariant, mais l'utilisation du signe. Un signe désigne donc une chose, jamais une autre.

Le signe animal n'est donc pas "extensible", il ne peut se transporter d'un objet à un autre.

Quand une fourmi se trouve confrontée à un obstacle (produit anti fourmi) qui ne lui permet pas de suivre le chemin tracé par ses semblables pour atteindre sa fourmilière, elle ne va pas se dire « je vais prendre un autre chemin », mais continuer à essayer de passer même si elle ne le peut pas ou que cela est difficile.

Bergson semble montrer que les animaux auraient une difficulté d’adaptation à l’inconnu de leur langage.

On devine qu'il introduit ici ce qui constitue, par opposition, la spécificité du langage humain. C’est, en effet, ce qu’il va montrer par la suite en s’attachant à démontrer que les signes qui composent le langage humain peuvent être « mobiles », un signifiant peut avoir plusieurs signifiés.. »

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