Devoir de Philosophie

Faire notre devoir nous empêche-t-il d'être heureux ?

Publié le 11/09/2005

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La vision de l'idée du bien comble l'âme dans la mesure où l'homme atteint le principe de toute chose et ne saurait par définition aspirer à un au-delà. Quoiqu'il récuse l'existence d'un monde intelligible dont la monde sensible serait la copie dégradée, Aristote souscrit à l'idée platonicienne selon laquelle la contemplation est la fin suprême de l'existence humaine. Les hommes désirent la sagesse, car elle constitue ce qu'il y a de plus excellent. C'est pourquoi seule la philosophie est à même de satisfaire les désirs humains et de procurer la vie heureuse. L'objet de nos voeux demeure néanmoins énigmatique, car que faut-il entendre par « sagesse » ? Aristote la définit plus précisément au chapitre VII de l' « Ethique à Nicomaque » : « La sagesse sera la plus achevée des formes du savoir. Le sage doit donc non seulement connaître les conclusions découlant des principes, mais encore posséder la vérité sur les principes eux-mêmes. La sagesse sera ainsi à la fois raison intuitive et science, science munie en quelque sorte d'une tête et portant sur les réalités les plus hautes ». La sagesse ne s'identifie pas à la science qui, au fond, manque de tête. En effet, la science pour  Aristote est un ensemble de connaissances destinées à expliquer les phénomènes en les rattachant à leurs causes et fondées sur des démonstrations.

« eux-mêmes.

La sagesse sera ainsi à la fois raison intuitive et science,science munie en quelque sorte d'une tête et portant sur les réalités les plushautes ».

La sagesse ne s'identifie pas à la science qui, au fond, manque de tête.

En effet, la science pour Aristote est un ensemble de connaissancesdestinées à expliquer les phénomènes en les rattachant à leurs causes etfondées sur des démonstrations.

Or, une démonstration consiste à tirer desconclusions à partir de principes admis et indémontrables.

Elle estimparfaite, car elle repose sur des principes dont on ne rend pas raison.La philosophie, elle, s'attache aux fondements des principes et s'efforce decontempler les causes premières.

Elle sera donc science, car elle s'appuieelle aussi sur des démonstrations, et raison intuitive, car elle les asseoit surl'intuition des principes.

Elle ne se contente pas de l'hypothétique, mais veutl'anhypothétique.

Les autres sciences sont des corps sans tête, car lesfondements ne sont pas solidement posés, mais présupposé.

La philosophieest la science maîtresse, car sur le corps qu'est la démonstration, elleposera la tête qui est l'intuition des principes.

En s'interrogeant sur lesfondements, elle découvre que ce qui premier et commun à toutes leschoses, c'est l'être.

A vant d'être ceci ou cela et de se spécifier, elles ontl'être.

C'est pourquoi la philosophie s'identifiera à la métaphysique, définiecomme « science de l'être en tant qu'être ».

Contrairement aux autres sciences qui n'étudient jamais l'être en tant qu'être, mais qui en prélèvent eten délimitent un aspect ou une partie pour en faire l'objet de leurs travaux, laphilosophie s'intéresse à l'être en tant qu'être, à la nature de ses causes etde ses propriétés.

Elle est aussi appelée à déterminer l'existence d'unprincipe suprême, cause de l'être et de son mouvement.

Sa tâche essentielleconsiste alors à élever l'intellect vers des objets d'une réalité supérieure àl'homme, à savoir les astres dont les révolutions constantes et régulièresoffrent un modèle de nécessité, pour le tourner enfin vers la contemplation du« premier moteur », Dieu, substance première. Il devient loisible à présent de comprendre pourquoi la sagesse est l'ultimeobjet de nos voeux.

La contemplation comble l'homme, car elle combinel'excellence du sujet et celle de l'objet connu.

Elle est la vertu de l'intellect,faculté la plus haute de l'homme, et s'attache à un objet parfait, Dieu,substance première.

Le premier moteur remplit toutes les exigences pourêtre un bien absolu.

Nul ne peut en être dépossédé, ni par un coup du sort,car il est éternel et nécessaire, ni par un mauvais coup d'autrui, car il estpartageable et communicable sans dommage.

La satisfaction est totale, à lamesure de son objet.

Ainsi s'éclaire l'étonnante affirmation de la« Métaphysique » : « tous les hommes désirent naturellement savoir ». Toutefois des obscurités demeurent.

Si la sagesse était l'objet du désirhumain, tous les « bipèdes sans plumes » que nous sommes devraient être philosophes et mépriser les biens volatils.

Comment se fait-il que, le plussouvent, les hommes dédaignent le suprême désirable ou lui tournent le dosavec indifférence ? Doit-on en conclure qu'ils s'aveuglent sur leur véritabledésir ou que le bien souverain n'a pas le pouvoir de les émouvoir ? Aristote est tout à fait conscient de la difficulté et c'est d'ailleurs la raison pourlaquelle il critique l'idée platonicienne d'un Bien en soi, principetranscendant et ultime objet de la contemplation.

Il constate qu'un tel bienest inaccessible à l'homme et ne lui est d'aucun secours pour réaliser ce quiest à sa portée.

Quel avantage, se demande-t-il, le tisserand ou lecharpentier peut-il retirer de l'existence et de la contemplation d'un telbien ? De l'avoir contemplé, deviendrait-on meilleur médecin ? C ar ce n'estpas la santé en soi que le médecin vise, ni même celle d'homme en général,mais celle de tel individu déterminé.

Aristote sous-entend que nous désironspas une chose parce qu'elle est bonne en soi.

Un bien qui n'est ni praticableni accessible à l'homme ne peut être désiré.

Il se garde toutefois d'enconclure que le bien est relatif aux individus et à leurs aspirations, et resteen ce sens fidèle à Platon en affirmant l'existence d'un bien suprême et absolu qui est la fin de toutes nos activités.

Du même coup, toute sonéthique va être déchirée par une tension interne inextricable.

D'un côté, ilcontinue d'affirmer avec son maître que la contemplation est la plus hautedestination de l'homme et admet avec lui une fin objective universelle quidétermine les hommes à agir.

De l'autre, il confesse que l'idéal théorétiqueest le privilège de la nature divine et qu'il est rarement accessible auxhommes.

« Une vie de ce genre sera trop élevée pour la condition humaine, car ce n'est pas en tant qu'homme qu'on vivra de cette façon, mais en tantque quelque élément divin est présent en nous .

» (« Ethique à Nicomaque » 1177b27).

Il balance entre un bien surhumain et un bien trop humain.

C elase traduit chez lui par une oscillation entre l'idéal théorétique symbolisé parla sagesse et l'idéal pratique symbolisé par la « prudence ».

La « phronésis » est cette vertu intellectuelle qui est le propre des hommes capables dedélibérer correctement sur ce qui leur est bon et avantageux, et d'ordonnerleur savoir à la recherche de biens humains.

Le prudent est celui qui voit etprévoit ce qui lui est profitable.

Comme toute délibération implique lapossibilité de choisir, la « phronésis » comporte toujours du contingent, car ce qui est nécessaire n'admet pas d'alternative.

Elle varie selon lesindividus et les circonstances, contrairement à une sagesse immuable etuniverselle.

La prudence est une vertu à caractère humain et, à ce titre, ellene peut prétendre l'emporter sur une sagesse à caractère divin.

« Il est absurde en effet de penser que la prudence soit la forme la plus élevée desavoir, s'il est vrai que l'homme n'est pas ce qu'il y a de plus excellent dansle monde .

» (1141a20).

De par son aspect humain trop humain, la prudence ne saurait rivaliser avec la sagesse.

Elle serait toutefois la vertu parexcellence de l'homme à défaut d'être l'excellence dans la vertu.L'homme se trouve ainsi pris dans le feu croisé d'une pluralité d'objets.

Quefaut-il viser, la sagesse ou la « phronésis » ? Cruel dilemme, car désirer la sagesse, n'est-ce pas en définitive se condamner au désespoir ? Il n'est paspermis à tous d'être un Anaxagore ou un Thalès et d'acquérir un savoir divin, mais inutile à l'homme.

Désira-t-on alors la prudence ? Elle est ce qu'il y ade mieux, à défaut du bien absolu.

Elle apparaît néanmoins comme lasolution de rechange, le médiocre compromis qui, à un être moyen proposeun objectif moyen.

Le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ?Pour Aristote , le duel entre les deux types de sagesse doit faire place à un duo, car l'homme est un dieu par son intellect, mais aussi un animal politiquequi doit vivre et agir dans la cité.

Le stagirite préconise donc un genre devie mixte qui réconcilie la vie contemplative et la vie politique.

Mais, sonsouci de définir un bien à la portée de l'homme le conduit à pousser lasynthèse jusqu'à réintégrer dans sa conception du souverain bien la vie de. »

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