Devoir de Philosophie

Faire son devoir empêche-t-il d'être libre ?

Publié le 01/04/2005

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On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premier livre du « Contrat social ». Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéir aux lois peut y être contraint par le corps social, mais il ajoute que cette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis. Ce paradoxe met en évidence la tension qui existe entre notre existence d'individu et notre existence de citoyen, et interroge sur la conciliation de l'obéissance civique avec la liberté. Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'être humain est naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous a naturellement le droit de décider de ses propres actions, dans son propre intérêt. Or, l'intégration à un Etat nécessite une organisation sociale, des lois, un pouvoir commun. Le problème central qu'examine le « Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore de déterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoir commun. Qu'est-ce que je donne de mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange de quoi ? Ou encore, dans quel but véritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des lois communes ?

Le devoir est une obligation à laquelle on doit obéir indépendamment de notre liberté. Il représente donc une restriction de notre liberté. Mais, si je choisis librement de faire mon devoir, celui-ci n'est pas une contrainte aliénante. De plus, le devoir est ce qui garantit la liberté plutôt que ce qui la brime.

« Le devoir et le penchant Parmi les actions que nous pouvons accomplir, certaines nous sont prescrites par le devoir, d'autres nous sontinterdites par celui-ci, d'autres enfin sont indifférentes au devoir.

Les premières sont morales, les secondesimmorales, les troisièmes amorales.

Une action amorale ne s'oppose pas au devoir ; s'il y a conflit, c'est entreune action morale et une action immorale.

L'action morale est motivée par le devoir ; par quoi l'actionimmorale est-elle motivée ?Si rien ne nous poussait à l'action immorale, nous ferions toujours notre devoir ; nous ne sommes pasimmoraux gratuitement.

Le seul principe qui puisse nous pousser à des actions contraires au devoir, c'est larecherche du bonheur personnel, qu'on doit supposer en tout être humain comme la loi la plus fondamentalequi dirige sa vie.

Le plus souvent amoral, le bonheur s'oppose parfois au devoir ; à l'inverse, sitôt que quelquechose s'oppose à un devoir, le penchant en est l'origine.Le penchant est ce type de désir particulier qui prend sa source dans la recherche du plaisir, et du bien-êtreen général.

Il peut s'emparer de la volonté comme le devoir.

Le libre arbitre humain consiste ainsi en cettepossibilité de choix entre deux contraires : le devoir et le bonheur, qui dans certaines situations tendent àmotiver la volonté en sens inverse, impliquent ainsi un conflit.

Quel parti choisir pour être le plus libre ? La liberté illimitée et la contrainte du devoir Nous nous identifions toujours plus volontiers à la recherche du bonheur qu'à l'impératif du devoir.

Alors que lepenchant nous semble toujours être l'expression la plus exacte de nous-mêmes, le devoir nous apparaîtcomme une contrainte imposée de l'extérieur, que nous avons cependant intériorisée.

Suivre ses penchantsc'est suivre sa propre nature, c'est très exactement faire ce que l'on veut, puisque nous sommes la source denos penchants.À l'épanouissement des penchants s'oppose la contrainte des lois morales.

Dans ces situations où devoir etbonheur s'opposent, la loi morale est limitative de la liberté, puisqu'elle tend à nous empêcher de faire ce quenous voulons.

S'affranchir de la pression de toute loi pour ne suivre que l'anarchie des penchants et desdésirs, c'est le vrai bonheur, qui coïncide avec la vraie liberté.L'homme libre se veut amoral : refusant de se soumettre à la contrainte du devoir, mais aussi refusant de voiren lui-même l'origine de la loi morale, il ne reconnaît comme s'appliquant à lui que la loi du bonheur maximum.La plus grande liberté, semble-t-il, est finalement la licence du tyran qui assouvit toutes ses passions contretous les autres, s'assurant l'impunité totale que lui offre aux yeux de la justice et de la morale, selon Platon,l'anneau de Gygès qui rendait invisible.

[Le devoir est la condition de possibilité de la liberté.

Respecter son devoir, c'est se respecter soi-même et respecter autrui.

Le devoir est nécessaire à la survie de l'humanité.] J'accomplis librement mon devoirC'est une tentative au plus haut point condamnable que de vouloir tirer de ce qui se fait les lois de ce que jedois faire ou de vouloir les y réduire», dit Kant dans Critique de la raison pure.

La pression sociale ne sauraiten aucun cas me dicter mon devoir.

Je trouve celui-ci plutôt à l'intérieur de moi-même, librement, commeimpératif catégorique, comme loi universelle de la raison.Kant a souligné l'importance de l'autonomie morale : je suis soumis à une loi dont je suis moi-même lelégislateur et tous les hommes, sujets raisonnables, se trouvent soumis à la même loi.

«Agis toujours de tellesorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant une législation universelle.». »

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