Devoir de Philosophie

La morale consiste-t-elle à faire son devoir sans être heureux?

Publié le 07/01/2005

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morale
La question de savoir quel est le souverain bien pour l'homme est un thème fondamental de la philosophie antique. Puisqu'elle se définit comme sagesse (sophia), elle cherche à prescrire ce que l'homme doit considérer comme son bien propre. Platon, dans le Gorgias, pose ainsi la question de savoir quel genre de vie on doit adopter. Comment triompher par exemple de la peur de la mort si nous ne remplissons pas notre vie de la meilleure façon qu'il est possible ? Dans ce texte, Aristote se propose de critiquer la thèse selon laquelle le but suprême de l'homme, autrement dit son bonheur, pourrait résider dans le jeu ou l'amusement, par opposition au travail qui nous fait souffrir. La question qui se pose est en effet de comprendre pourquoi les hommes disent souvent qu'ils préfèrent oublier leur travail, tout en considérant celui-ci comme le moyen d'acquérir plus de détente afin d'y trouver le bonheur.
  • I) La morale consiste à accomplir son devoir sans être heureux.
a) Il n'y a de bonheur que dans la foi. b) Le devoir est une forme d'ascèse. c) Etre heureux n'implique aucun commandement moral.
  • II) La morale ne se résume pas à accomplir son devoir sans être heureux.
a) Le devoir ne doit pas être une contrainte. b) Je suis heureux parce que j'accomplis mon devoir. c) Les conflits nuisent au bonheur et à la liberté.
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morale

« bonheur personnel ne contribue donc en rien à fonder la moralité, car «c'est tout autre chose de rendre unhomme heureux que de le rendre vertueux, de le rendre prudent et perspicace pour son intérêt que de lerendre vertueux ».

Le calcul de l'intérêt peut aussi bien pousser au vice qu'à la vertu et « l'expériencecontredit la supposition que le bien-être se règle toujours sur le bien-faire ».Il est donc radicalement faux et funeste d'ériger la recherche du bonheur en loi morale.

Est-ce à dire que lebonheur doive être absolument exclu de la conduite morale ? Certainement non, à la condition, comme Kantne cesse de le répéter, que l'action proprement morale n'aura jamais pour principe le bonheur.D'abord, au pur mobile de la raison pratique, peuvent fort bien s'associer des charmes et agréments de lavie.

« Il peut même être utile de lier cette perspective d'une jouissance agréable de la vie avec le mobilesuprême et déjà par lui-même déterminant, mais seulement pour contrebalancer les séductions que le vicene manque pas de faire miroiter du côté opposé, ou pour y placer la puissance proprement motrice, mêmeau moindre degré, quand il s'agit du devoir.

»Ensuite, parce que « de même que grâce à la liberté, la volonté humaine peut être immédiatementdéterminée par la loi morale, l'exercice fréquent, en conformité avec ce principe déterminant » peut «produire subjectivement un sentiment de contentement de soi-même » et « c'est un devoir d'établir et decultiver ce sentiment, qui seul mérite d'être appelé le sentiment moral ; mais le concept du devoir ne peuten être dérivé ».Enfin, et c'est sans doute par cette analyse que Kant tempère le plus son rigorisme, « cette distinction duprincipe du bonheur et du principe de la moralité n'est pas pour cela une opposition et la raison purepratique ne veut pas qu'on renonce à toute prétention au bonheur, mais seulement, qu'aussitôt qu'il s'agitdu devoir, on ne le prenne pas du tout en considération.

Ce peut même, à certains égards, être un devoirde prendre soin de son bonheur : d'une part, parce que le bonheur (auquel se rapporte l'habileté, la santé,la richesse) fournit des moyens de remplir son devoir, d'autre part, parce que la privation du bonheur (parexemple la pauvreté) amène avec elle des tentations de violer son devoir.

Seulement travailler à sonbonheur ne peut jamais être immédiatement un devoir et encore moins un principe de tout devoir ».

Ainsi ilfaut « assurer son propre bonheur (au moins indirect) ; car le fait de n'être pas content de son état, devivre parmi de nombreux soucis et au milieu des besoins non satisfaits », peut aisément conduire à «enfreindre ses devoirs ».

Kant rejoint ici l'idée commune que.

sous toutes ses formes, la misère estmauvaise conseillère. Le bonheur chez Kant. « Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute macondition future, est nécessaire.

Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissantqu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.

Veut-il la richesse ? Que desoucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissanceet de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'unemanière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtantinévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peine àsatisfaire.

Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait faittomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'aprèsquelque principe ce qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

[...] Il suit delà que les impératifs de la prudence, à parler exactement, ne peuvent commander en rien, cad représenter desactions d'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseilsque pour des commandements de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et généralequelle action peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a doncpas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parceque le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principesempiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte latotalité d'une série de conséquences en réalité infinie...

» Kant , « Fondements de la métaphysique des moeurs ». L'objet de la « Dialectique » de la raison pure pratique, c'est le souverain bien , défini comme l'accord de la vertu et du bonheur, dont nous avons besoin en tant qu'êtres doués d'une sensibilité.

La vertu et le bonheursont liés dans le concept du souverain bien.

Par suite, il faut déterminer la nature de cette liaison, de cetteunité.

Ou bien elle est analytique et il faut affirmer l'identité de la vertu et du bonheur ; ou bien elle estsynthétique et il faut dire alors que la vertu engendre le bonheur.

Les deux grandes écoles morales del'antiquité, stoïcisme et épicurisme, ont adopté le principe commun de l'identité du bonheur et de la vertu, maiselles l'ont conçu de façons différentes.

Tous deux se trompaient en ceci qu'ils considéraient l'unité du conceptde souverain bien comme analytique, alors qu'elle est synthétique ; en d'autres termes, leur erreur communeétait de considérer comme identiques deux éléments hétérogènes ou du moins de regarder l'un des deuxcomme faisant partie de l'autre : « Le stoïcien soutenait que la vertu est tout le souverain bien et que le bonheur n'est que la conscience de la possession de la vertu, en tant qu'appartenant à l'état du sujet.L'épicurien soutenait que le bonheur est tout le souverain bien –et que la vertu n'est que la forme de la maximeà suivre pour l'acquérir, cad qu'elle ne consiste que dans l'emploi rationnel des moyens de l'obtenir. » Or, les maximes de la vertu et les maximes du bonheur relèvent de principes totalement différents.

Si la vertuet le bonheur sont liés, cad si le souverain bien est pratiquement possible, ce ne peut être qu'en vertu d'une. »

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