Devoir de Philosophie

Faut-il aimer la sagesse ?

Publié le 22/02/2012

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« La sagesse, aux yeux du vulgaire, c'est un refuge, un moyen, un artifice pour tirer son épingle du jeu ; mais le, véritable philosophe, ne le sentons-nous pas, mes amis, ne vit ni en "philosophe" ni en "sage", ni surtout en homme prudent et sent peser sur lui le fardeau et le devoir des cent tentatives, des cent tentations de la vie ; sans cesse il se met lui-même en jeu, il joue le mauvais jeu par excellence... » En amitié comme dans la sagesse, il ne faut pas chercher un refuge ou l'assurance d'un bénéfice, mais les concevoir comme perpétuelle mise en question de soi, conforme au « mouvement de la vie ».

« permet à St-Augustin d'écrire : « Aime les justes parce qu'ils sont justes, et les autres pour qu'ils soient justes.

» Transition : L'amour possède donc en lui-même le principe de son propre bénéfice.

Il est alors sage d'aimer.

Le problème deslimites de l'amour qu'il faut porter à Dieu et à autrui demeure cependant : si en effet, la décision d'aimer est la plussage, rien n'indique qu'il n'y ait pas des excès à l'amour, une borne au-delà de laquelle aimer n'est plus sage II – La sagesse pose-t-elle des bornes à l'amour ? KANTFondation de la Métaphysique des moeurs , Deuxième section « Mais supposé qu'il y ait quelque chose dont l'existence en soi-même ait une valeur absolue, quelque chose qui,comme fin en soi, pourrait être un principe de lois déterminées, c'est alors en cela et en cela seulement que setrouverait le principe d'un impératif catégorique possible, c'est-à-dire d'une loi pratique.

Or je dis : l'homme, et engénéral tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou tellevolonté puisse user à son gré ; dans toutes ses actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que danscelles qui concernent d'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme fin.

Tous lesobjets des inclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car si les inclinations et les besoins qui en dériventn'existaient pas, leur objet serait sans valeur.

» Le texte insiste sur le caractère désintéressé de tout rapport à autrui, que nous avons souligné dans le cas del'amour.

Traiter autrui, non seulement comme un moyen mais toujours aussi comme une fin, est un devoir moralselon Kant.

Ce devoir commande également l'attitude que nous devons avoir vis-à-vis de nous-même : nous avonsdes devoirs envers nous-même. Dans cette perspective, l'amour de l'autre, qui est une des modalités du rapport à autrui, ne peut pas consister enune perte totale de soi.

Autrement le critère d'arrêt de l'amour est le respect de soi : je peux aimer, tant que je neme considère pas moi-même comme un moyen Transition : Ce n'est pas la sagesse mais un commandement de la raison qui pose une borne à l'amour, et justement permet dele concevoir comme conduite sage.

L'amour s'arrête là où je deviens moyen.

Nous disposons bien avec Kant d'uncritère d'arrêt en droit.

Est-il de fait possible de l'appliquer ? Plus encore, c'est bien un commandement de la raisonqui pose dans cette perspective les bornes de l'amour.

Mais alors ne retombe-t-on pas dans le simple calcul de laraison à laquelle l'amour posé en principe d'action serait soumis ? Dans ce cas, il manque à l'amour le tact dont lasagesse fait l'usage pour agir : l'amour n'est plus une forme de la sagesse mais un calcul raisonnable. III – L'impossibilité d'un amour raisonné Référence : Nietzsche : « Cupidité et amour : quels sentiments, ô combien différents ne nous suggère pas chacun de ces termes ! -etcependant il se pourrait que ce soit la même impulsion, doublement désignée, tantôt de façon calomnieuse du pointde vue des repus, en qui cette impulsion a déjà trouvé quelque assouvissement, et qui craignent désormais pour leur" avoir " , tantôt du point de vue des insatisfaits, et par conséquent glorifiée en tant que " bonne impulsion ".

Notreamour du prochain, n'est il pas impulsion à acquérir une nouvelle propriété ? C'est l'amour des sexes qui se trahit leplus nettement comme impulsion à posséder un bien propre : l'amant veut la possession exclusive de la personnequ'il désire, il veut exercer une puissance non moins exclusive de son âme que sur son corps, il veut être aimé d'elleà l'exclusion de tout autre, habiter et dominer cette âme comme ce qu'il y aurait de plus suprême et de plusdésirable pour elle.

On alors de quoi s'étonner que cette cupidité sauvage de l'amour sexuel ait pu être glorifiée etdivinisée à ce point, ainsi que cela s'est fait à n'importe quelle époque, que même on soit allé jusqu'à tirer de cettesorte d'amour la notion de l'amour en tant que le contraire de l'égoïsme, alors qu'il s'agit peut-être de l'expression laplus effrénée de ce dernier.

Sans doute se trouve-t-il ça et là sur la terre une sorte de prolongement de l'amour aucour duquel cette convoitise cupide et réciproque entre deux personnes a cédé à une nouvelle cupidité, à la soifsupérieure commune d'un idéal qui les transcende : mais qui donc connaît cet amour ? qui l'a éprouvé ? Son vrai nomest amitié.

» Il est pour Nietzsche illusoire de penser que l'amour puisse être raisonné, pour la simple raison que ce que laperspective kantienne appelait amour pratique, et la perspective chrétienne, amour action, sont des illusions : plusprécisément, c'est l'opposition entre un amour passion, non raisonné, et un amour action que Nietzsche disqualifie.La raison étant elle-même une évaluation reposant sur des pulsions infra conscientes, tout amour est passionnel : ilexiste toujours un motif, conscient ou non, qui nous pousse à aimer, c'est-à-dire à désirer. Conclusion : L'altruisme est toujours le masque d'un désir qui a ses motifs conscients ou non.

Aussi un amour désintéressé est-il. »

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