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Faut-il aimer pour respecter

Publié le 04/03/2005

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Le sujet porte sur les conditions requises pour qu'il y ait respect. Parmi ces conditions, le fait d'aimer, d'avoir un sentiment est-il nécessaire ? L'homme est-il ainsi fait qu'il ne peut obéir à un devoir, un principe, sans en même temps éprouver un sentiment de plaisir ou d'amour ? On voit bien les divergences entre les deux attitudes : on respecte en effet son ennemi, en principe. Mais on devine aussi qu'un respect purement rationnel et moral, et sans sentiment d'aucune sorte, est difficile à appliquer. C'est donc la question de la source et du principe de l'action morale qui est à débattre. Faut-il passer par un sentiment, par un plaisir, par la promesse d'un bonheur à venir, ou le respect se passe-t-il de l'amour de soi, des autres, de la vie, etc., pour pouvoir exister ?

« donner lieu à des violences. On le voit, tout le problème tient à l'ambivalence de l'amour : autant il peut disposer à se sacrifier à l'objet de sonamour, autant il peut amener à sacrifier cet objet à ses propres désirs.

Dans le premier cas, l'amour conduit aurespect, dans le second à la violence. L'amour est-il nécessaire au respect ? Est-il une condition de celui-ci ? Qu'est-ce donc que le respect ? Nerespecterai-je que les personnes que j'aime ou dois-je respecter aussi les personnes haïssables ? Il faut donccommencer par produire une définition précise du respect.

Au sens premier, le respect est un sentiment (d'où laproximité possible avec d'autres sentiments comme l'amour) qu'impose la valeur d'une personne, d'une idée ou d'unerègle et qui conduit à s'abstenir de toute action ou de tout jugement qui pourrait lui porter atteinte.

En ce sens, sije respecte les personnes qui ont de la valeur, il faut se demander si cette valeur est basée sur mon sentimentintime, ou sur une donnée plus générale.

En un sens plus précis, le respect est, dans la philosophie de Kant, unsentiment moral distinct de tous les autres sentiments, car il ne provient pas de la sensibilité mais de la raisonpratique.

Dès lors l'amour n'a rien à voir avec le respect.

Ainsi, pour Kant, agir par amour de l'humanité, ce n'est pasagir par devoir.

Si, en revanche, quel que soit mon sentiment pour l'humanité ou pour tel homme en particulier, j'agisen traitant l'humanité en ma personne et en la personne d'autrui toujours comme une fin, et jamais simplementcomme un moyen, alors j'agis par devoir, par respect de la loi morale.

C'est en ce sens que le respect est le seulsentiment moral.

Le respect est produit par la seule considération de la loi morale qui m'enjoint de dépasser mespenchants ou intérêts pour me soumettre à une législation universelle.

Le respect s'oppose donc à l'amour selonKant (dans la Critique de la raison pratique et dans les Fondements de la métaphysique des moeurs).

L'amour nepeut être un principe éthique ; il est contingent et ne peut être commandé (on n'aime pas sur commande).

On nepeut aimer universellement non plus.

On doit traiter l'autre comme une fin (fin en soi), ce qui suppose que l'onreconnaisse la présence de l'universel en chaque homme. 1.

L'inspiration mal inspirée Ce qui motive mon manque d'attention et ma précipitation, on l'a vu, c'est l'évidence de mon opinion qui s'imposeavant même que j'aie pensé quoi que ce soit de manière réfléchie, et qui risque de bloquer toute possibilité depenser autre chose.Au lieu de laisser travailler dans l'ombre mon opinion, braquons les projecteurs sur elle, laissons-la s'exprimer avantde penser l'énoncé «à froid ».• Autant, lors de l'analyse précédente, «temps» et «même» semblaient immédiatement s'opposer, autant ici,«respecter» et «aimer» me paraissent inévitablement associés: le second ne va pas sans le premier ! Plusprécisément, on doit respecter ce que l'on aime, sinon est-ce bien de l'amour? Mon propos sera donc clair : montrerque le respect est au coeur même de l'amour, lui donnant sa pleine dimension, tant affective que morale.• PEUT-ON respecter ce que l'on aime? Autrement dit, on demande si respecter ce que l'on aime est une chosePOSSIBLE.

On se souvient que «peut-on», «possible» en français, se décline en trois sens : capacité, probabilité,autorisation.

(Il faut donc envisager chaque sens dans l'énoncé afin de vérifier ce qui «fait sens».)• Mon opinion et l'énoncé: que donne la comparaison?D'abord, un grand malaise...

Car enfin, se demander si on peut, éventuellement, parvenir à respecter ce que l'onaime, c'est donc qu'au départ ce n'est pas si évident que cela! Donc, c'est dissocier ce que notre opinion associe,elle, spontanément !L'énoncé sous-entend exactement le contraire de ce que moi...

je sous-entends! Il suggère, en effet, qu'au départ,il y a différence, sinon même incompatibilité entre «respecter» et «aimer» puisque la demande porte sur la possibilitéd'allier les deux. 2.

Analyse méthodique Comment démarrer? En partant de l'énoncé lui-même, c'est-à-dire justement de son sous-entendu, soit, de l'idée que «respecter» et«aimer» ne vont pas du tout ensemble.Quels cas, quelles attitudes pourraient nous venir à l'esprit ?L'amoureux qui épie, sinon séquestre l'être aimé de peur de le perdre, est sans doute ici un cas typique : parjalousie, l'amoureux, agressant l'autre de sa méfiance, finit, pour mieux le surveiller, par lui organiser autoritairementune existence, à sa convenance de jaloux ne supportant chez l'être aimé aucune marge de liberté personnelle.

Ilaime, et parce qu'il aime, il ne peut respecter l'autonomie propre à l'autre, cette liberté de l'être humain à disposerde soi et se donner soi-même ses propres fins.

En fait, l'amoureux ici ressent cette liberté comme un danger —risque de perte de l'être aimé — mais comme aussi ce qui lui échappe, ce qu'il ne peut s'approprier et qui lui resteétranger.Sans pour autant tomber dans le désir de possession maladif du jaloux, il semble bien que l'amour cherche, toutefois,à abolir les distances, à unir.

Or le respect, sorte de crainte, disait Kant, mêlée d'admiration, «tient à distance»incontestablement.

Dès lors, dans cette distance qui marque en même temps une totale non-intervention, on risquede considérer, qu'en fait d'amour, il y a plutôt, à tant respecter, indifférence à l'égard de la personne elle-même, nese préoccupant guère de ce qu'elle pense vraiment, de ce qu'elle vit, aime, veut... On voit donc mieux pourquoi la question pouvait se poser.

On en arrive même à concevoir en quoi «respecter» et«aimer» constituent finalement deux sentiments bien différents, pouvant même s'opposer semble-t-il.

Dans ces. »

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