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Faut-il aimer son prochain comme soi-même ?

Publié le 12/09/2005

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Pour que l'amour de l'autre soit possible il faut des liens qui les unissent et on ne peut établir des liens avec tout le monde. Ce qui prouve combien l'amitié n'est pas aisément extensible, c'est la préférence que nous vouons à nos amis quitte à ne pas être équitables, quitte donc à être injustes. 2.      C'est en tout cas le reproche que Rousseau adresse aux philosophes qui célèbrent l'amour du genre humain. Il critique cette vision en montrant que les formules déclaratives sur la fraternité universelle ne sont que des perspectives rationnelles qui ne s'appuient sur aucun lien affectif. On peut, pour Rousseau, amener l'homme à aimer sa patrie plus que lui-même mais jamais à aimer un objet si lointain de lui que l'humanité. Les philosophes des lumières critiqués par Rousseau, ne passent à ces yeux que pour des hypocrites. On ne peut d'ailleurs que concéder qu'entre les paroles et les actes l'écart est souvent béant. 3.      En outre, si des actes suivent des paroles cela ne prouve pas la possibilité de l'amour du genre humain.

Analyse du sujet:

L’amour de soi, au sens du souci de soi, est un désir attribué classiquement à l’homme naturel. L’homme est naturellement porté à se soucier de lui-même, de sa survie et de son bien être. De là nous pourrions en déduire que l’homme a tendance à se préférer lui-même aux autres. En tout cas, nous aurions plutôt tendance à croire à la préférence, à un égoïsme naturel de l’homme.

La question posée demande s’il est possible d’aimer autrui comme soi, et d’emblée, il faut éviter dans ce sujet le piège qui consisterait à confondre prochain et proches. Aimer son prochain ce n’est pas aimer une personne en particulier mais autrui en tant qu’il est homme et donc en tant qu’il est mon semblable.

Il faut donc réfléchir sur la capacité pour un homme de sympathiser avec un inconnu, c’est-à-dire de s’identifier à lui. La répugnance que nous inspire la souffrance d’autrui, ou la joie qui nous envahit quand nous voyons quelqu’un d’heureux sont peut-être des sentiments sur lesquels l’amour du prochain comme autre soi-même est possible.

Il faut aussi relever que la question n’est pas peut-on aimer son prochain plus que soi-même. En mettant entre parenthèse ce que nous avons dit à propos du terme prochain, c’est-à-dire qu’il ne désignait pas quelqu’un en particulier, on peut remarquer que l’amour d’autrui comme idolâtrie est possible. On peut préférer quelqu’un à soi. Mais, il ne faut pas faire l’erreur qui consisterait à déduire que si on peut aimer quelqu’un plus que soi-même, alors on peut aimer son prochain comme soi-même. Cela n’a en effet rien d’évident, et il faudra s’attacher à montrer la différence.

Enfin une dernière remarque peut être émise sur le sujet et qui consiste à faire une distinction classique quand le sujet présente des notions qui expriment la possibilité : celle entre devoir et pouvoir. Ici, il ne faut pas glisser de la question peut-on à doit-on aimer mais au contraire remettre en cause une règle morale simple en testant sa possibilité. Si on admet qu’il faut aimer son prochain comme soi-même pour être équitable, il est plus difficile de prouver que cela est possible. Si c’est impossible alors l’injonction morale ne peut être prononcée que par des hypocrites.

Problématisation:

Aimer son prochain comme soi-même semble ne pas être une chose naturelle. Mais parce que cela n’est pas donné naturellement, cela ne signifie pas que cela ne soit pas possible. Il faut alors se demander comment cela est possible en cernant bien ce qu'aimer son prochain veut dire. Es-ce qu’il existe des preuves, des faits qui démontrent la possibilité d’un homme qui aime autrui comme lui-même, qui aime tous les hommes. Cela n’est-il qu’un mythe ? L’injonction morale « aime ton prochain « doit-elle être rejetée sous prétexte qu’elle serait un mythe ? Y a t-il des motivations profondément égoïstes dans tout acte qui voudrait se faire croire altruiste ?

 

« 1.

On peut aimer une personne comme soi-même, mais cette relation ne peut être étendue au mondeentier.

Pour que l'amour de l'autre soit possible il faut des liens qui les unissent et on ne peut établirdes liens avec tout le monde.

Ce qui prouve combien l'amitié n'est pas aisément extensible, c'est lapréférence que nous vouons à nos amis quitte à ne pas être équitables, quitte donc à être injustes. 2.

C'est en tout cas le reproche que Rousseau adresse aux philosophes qui célèbrent l'amour du genre humain.

Il critique cette vision en montrant que les formulesdéclaratives sur la fraternité universelle ne sont que desperspectives rationnelles qui ne s'appuient sur aucun lienaffectif.

On peut, pour Rousseau, amener l'homme à aimer sapatrie plus que lui-même mais jamais à aimer un objet si lointainde lui que l'humanité.

Les philosophes des lumières critiqués parRousseau, ne passent à ces yeux que pour des hypocrites.

Onne peut d'ailleurs que concéder qu'entre les paroles et lesactes l'écart est souvent béant. 3.

En outre, si des actes suivent des paroles cela ne prouve pas la possibilité de l'amour du genre humain.

Tout simplementcar, si aimer son prochain est une valeur, alors l'homme voudrafaire croire qu'il est de ces hommes qui ont un tel sentimentsans pour autant l'éprouver.

Il ne suffit pas de vouloir aimerson prochain comme soi-même pour en avoir le sentiment.Celui-ci doit bien être distingué de la croyance morale que leshommes se valent.

Tout acte altruiste peut être l'objet d'unsoupçon. 3.

On peut s'en approcher. 1.

On ne peut pas aimer tout le monde tout le temps.

Cela en effet serait difficile à concevoir.

On peut aussi mettre en doute la présence du sentiment de l'amour de l'humanité chez un homme quiserait exceptionnel.

Etant quelque chose d'intérieur, cela est indémontrable, c'est un amour qu'il fautéprouver pour qu'on soit sûr qu'il existe. 2.

Mais, aimer son prochain ce n'est pas forcément aimer tout le monde, tous les différents caractères mais aimer chaque personne en tant qu'elle partage la même condition.

En réalité, il y abien sûr bien des différences de condition mais cela n'empêche pas qu'il y ait une condition humaine,que, sans aimer un homme qui souffre, nous souffrions pour lui car nous ne nous contentons pas denous dire qu'il est un semblable, nous l'éprouvons.

Puisque, pour déduire la possibilité d'un amour dugenre humain, il faudrait que chacun l'éprouve en lui-même, au moins il y a une sympathie naturellesemblable à un premier germe. 3.

Alors il faut se demander comment de cette sympathie naturelle nous pouvons faire surgir, non passeulement l'idée que les hommes sont égaux, mais éprouver qu'autrui est un semblable et que, parcequ'il est semblable à moi, alors je l'aime exactement comme je m'aime moi-même.

En réalité un telsentiment n'est peut être pas atteignable dans sa pureté, mais il n'en reste pas moins un idéal quin'est pas une simple chimère et dont il doit être possible de s'approcher.

Il ne suffit pas en tout casde prétendre aimer son prochain pour l'aimer réellement Conclusion : La possibilité pour un homme d'aimer son prochain comme lui-même ne peut pas être prouvée.

Il peut pourtant êtreargumenté, mais les arguments sont impuissants en face de quelqu'un qui croit avoir trouvé dans l'égoïsme deshommes le ressort de toutes les actions.

Même si tous les hommes aujourd'hui étaient égoïstes, cela ne prouveraitrien non plus sur ce que l'homme peut être.

Incapables de prouver également la thèse de l'égoïsme de l'homme, ilsmontrent au moins qu'aimer son prochain comme soi-même est possible.

Tout ce qui n'est pas réfuté est possible.Mais pourtant il est crucial de constater que l'égoïsme a montré des visages terrifiants dans l'histoire et qu'on nedoit pas abandonner la réalisation effective de l'amour du prochain même s'il ne peut régner dans tous les cœurs, etdans aucun cœur de façon parfaite.

Il faut prendre en compte la critique de l'hypocrisie pour mieux réaliser l'amourdu prochain en considérant ce qui est source de distinction, de rivalité qui, s'ils peuvent déplacer la violence encompétition bien réglée, cela risque de nourrir davantage l'égoïsme et d' étouffer davantage la sympathie naturellequ'il faudrait cultiver.. »

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