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Faut-il craindre le regard des autres?

Publié le 06/01/2005

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® C'est bien notre rapport à l'autre qui est ici mis à la question au travers cet impératif, quasi catégorique, de la crainte d'un regard qui se pose sur moi sans que je puisse en décrypter objectivement tous les signes.

® On se demande ici si cette crainte, en tant que la question porte sur un impératif - voire un devoir - avec l'expression « faut-il «, est légitime et justifiée. Une telle légitimation aura a fortiori des conséquences en ce qui concerne l'appréhension de ma relation à autrui.

® Pourtant, il ne faudrait pas en rester à la problématique superficielle de la crainte du regard d'autrui au sens ou du même coup une relation de méfiance s'instaure entre moi et l'autre, mais bien au contraire : il faut encore chercher à comprendre en quoi cette méfiance, que peut générer le regard de l'autre sur moi, instaure une relation de méfiance de soi à soi. Car c'est bien encore la crainte d'être jugé, d'être étiqueté et catalogué qui est ici mise à la question à travers le problème de la légitimité d'une telle crainte. Bref, faut-il craindre le regard des autres ?

« le regard de l'autre sur moi, instaure une relation de méfiance de soi à soi.

Car c'est bien encore lacrainte d'être jugé, d'être étiqueté et catalogué qui est ici mise à la question à travers le problèmede la légitimité d'une telle crainte.® Il s'agit alors d'étudier à la fois les rapports de soi à autrui, mais aussi, et peut-être plusprofondément et plus fondamentalement, les rapports de soi à soi en tant qu'il est médiatisé par lerapport de l'autre – et plus précisément ici par son regard.

Problématique Peut-on affirmer de droit que le regard d'autrui doit être, de manière impérative et catégorique, craint, c'est-à-dire doit être tenu à distance par une peur presque imaginaire d'un risque fatal ? La relation à autrui, en tant que le regard est le gesteinaugurant toute communication par delà le discours, s'instaure-t-elle dans une peur primitive de l'autre ? Peut-on considérerautrui que comme un juge dont le seul regard va délivrer la sentence ? Ou est-ce encore trop réducteur pour définiressentiellement la relation qui lie l'autre à soi ?C'est donc bien la relation, dans son geste inaugurale, aux autres qui est ici mise à la question.

Plan I- Le regard de l'autre : Ne pas craindre pour vaincre · Autrui est à la fois le même et l'autre ; et c'est cette double structure qui le caractérise.

Il y apar conséquent deux façons de méconnaître autrui : on peut nier qu'il soit différent, ou nierqu'il soit semblable, ce qui, au fond, revient au même.

Mais autrui n'est ni autre que moi, niidentique à moi.

Proximité et distance, familiarité et étrangeté qualifient mon rapport à l'autre.Autrui apparaît comme une figure contradictoire et énigmatique, qui fascine autant qu'elleinquiète.

Dans cette perspective, la crainte imaginaire du regard de l'autre conduit auphénomène qu'on appelle souvent « barbarie » : nier le regard de l'autre comme étant unregard humain sur soi, pour en nier a fortiori la force de jugement.

Mais c'est aussi, etcertainement du même coup, refuser d'affronter sa peur – de la dévalorisation, de la défaite,etc.

La relation à autrui semble donc, par l'intermédiaire du regard, s'instaurer par un conflitinitial, celui de la reconnaissance – refuser de se confronter aux regards des autres revient à sesoumettre. · Nous savons que les autres existent nécessairement, et le solipsisme est une position, en ce sens, intenable [= doctrine selon laquelle le sujetest seul au monde.] Mais s'en tenir à cetteévidence interdit de comprendre pourquoi lareconnaissance de soi par l'autre et de l'autre parsoi est à la fois nécessaire et conflictuelle.

Hegel présente le premier moment de cettereconnaissance comme celui de la lutte rivale dedeux consciences qui s'affirment d'abord dans leurnégation réciproque.

Chacune en effet veut êtrereconnue, et donc en quelque sens « regarder » ausens fort du terme, par l'autre, parce qu'enferméedans la simple certitude subjective d'elle-même,elle est encore privée de vérité objective.

La véritéimplique en effet une relation à un objet et laconscience ne peut être objet que pour un sujet,c'est-à-dire pour une autre conscience.

Autrementdit, seule la reconnaissance de son existence comme conscience de soi par une autre conscience de soi peut transformer la certitudesubjective en vérité (Propédeutique philosophique, Deuxième cours, « phénoménologie del'Esprit », I, 2 e degré B, § 31 à 34).. »

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