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Faut-il fixer des limites a l'esprit critique ?

Publié le 15/09/2005

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esprit
L'on n'est pas libre, si l'on n'a pas le droit d'opposer son jugement à celui des autres, si l'on ne peut remettre en question l'autorité et l'ordre établi.Kant définit les "Lumières" comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la "minorité". L'état de "minorité" est un état de dépendance, d'hétéronomie (1). Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loi qu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui. Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propre entendement. Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'est plus sa propriété, son oeuvre propre mais l'oeuvre d'un autre. Que l'on songe ici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action. Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujets soumis? Et à Kant d'imputer la "faute" (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui par lâcheté, par "manque de décision et de courage" laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs. Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du "Contrat social": "Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.
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« Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction del'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtirune philosophie nouvelle.La vérité, donc, jaillit, dans sa pleine clarté, à l'issue d'une critique, d'un doute méthodique et hyperbolique.

L'espritcritique est la condition de possibilité même de la vérité. L'examen critique est nécessairePierre Bayle a été l'un des premiers à défendre au XVIIe siècle l'esprit critique et le libre examen.

Il déclare: «Unsentiment ne peut devenir probable à la multitude de ceux qui le suivent, qu'autant qu'il a paru vrai à plusieursindépendamment de toute prévention, et par la seule force d'un examen judicieux.»La critique permet l'accord entre les hommes.

C'est en passant par la critique qu'une opinion, une théorie pourraêtre validée.Popper montrera que l'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ontqu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Toutsuccès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme etaffirmer qu'il n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique oudes pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, lathéorie de l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de ladécouverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature oule statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il fautprendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» Pas de liberté sans critiqueMettre des limites à l'esprit critique, c'est littéralement nier la raison et la liberté.

L'on ne peut pas penser, en effet,si l'on ne peut pas critiquer librement des idées, des valeurs qui nous paraissent fausses.

L'on n'est pas libre, si l'onn'a pas le droit d'opposer son jugement à celui des autres, si l'on ne peut remettre en question l'autorité et l'ordreétabli. Kant définit les "Lumières" comme un processus par lequel l'homme,progressivement, s'arrache de la "minorité".

L'état de "minorité" est un état dedépendance, d'hétéronomie (1).

Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loiqu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui.Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propreentendement.

Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'estplus sa propriété, son oeuvre propre mais l'oeuvre d'un autre.

Que l'on songeici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action.Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujetssoumis? Et à Kant d'imputer la "faute" (morale) et non l'erreur(épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs(de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, àceux qui par lâcheté, par "manque de décision et de courage" laissent leurentendement sous la direction de maîtres, de tuteurs.

Ici, Kant rejointRousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du "Contrat social":"Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme nédans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.

Les esclavesperdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leurservitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement.

S'il ya donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contrenature.

La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués."Mais ne nous y trompons point, il ne s'agit , ni pour Rousseau, ni pour Kant, de légitimer le fait de l' "esclavage" ou de la "minorité", mais, de réveiller les consciences de leur somnambulisme durenoncement, de leur léthargie de l'acceptation de l'inacceptable. On l'aura compris la maxime des Lumières est de susciter cette reprise en mains de soi par soi, et ce, enaccomplissant cet acte de courage de penser par soi-même en toutes les circonstances de l'existence: "Sapereaude !", "Ose te servir de ton entendement ! ".En effet, qu'est-ce que l'entendement sinon cette faculté de connaissance, capable de juger le vrai du faux, le biendu mal et de se positionner par rapport à eux.

L'entendement, capable d'activité, de délibération fonde au plus hautpoint notre humanité et indissociablement notre dignité: " Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable,existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ;dans toutes ces actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d'autresêtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme un fin.

Tous les objets des inclinationsn'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas, leur objetserait sans valeur.

Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absolue qui leurdonne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être le souhaituniversel de tout être raisonnable.

Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujoursconditionnelle.

Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ont. »

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