Devoir de Philosophie

Faut-il préférer l'obtention du bonheur au respect du devoir ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

  • Analyse du sujet :

-                     L’énoncé du sujet est tel qu’il présuppose que bonheur et devoir s’excluent ; si la question de savoir lequel doit être préféré à l’autre se pose c’est qu’il n’est pas d’emblée acquis que l’on peut à la fois obtenir le bonheur et respecter le devoir.

-                     Dès lors, une question à se poser : pourquoi l’obtention du bonheur ne serait pas compatible avec le respect du devoir ? Qu’est-ce qui, dans la quête du bonheur, porte préjudice à la moralité, et inversement, pourquoi respecter l’obligation morale conduirait-il à renoncer à l’obtention du bonheur ? [Sur ce point, la morale kantienne comme renoncement à la satisfaction de ses penchants sensible sera évidemment d’un grand secours]

-                     Mais il convient d’être attentif au fait que cette question est a priori choquante : pourquoi un tel choix ? Pourquoi ne pourrions-nous trouver notre bonheur en respectant le devoir, et comment le devoir pourrait-il exclure toute satisfaction ? En un mot, il s’agit bien de souligner dans quel cadre l’alternative est valable [= dans un contexte ou bonheur et bien moral ne sont plus pensés comme identiques ; le tout étant de savoir au nom de quoi une telle séparation, et jusqu’où est-elle tenable]

-                     L’enjeu = apporter une réponse à la question « que dois-je faire ? «

 

  • Problématique : Il arrive que l’on se sente obligé de faire certaines choses et que cela nous déplaise. On admet ainsi volontiers que bonheur et devoir s’excluent. Le bonheur résiderait dans la liberté de faire ce qui nous plaît (nous procure du plaisir) et le devoir dans la contrainte. Toutefois, on admet dans le même temps que le devoir seul est moral, et donc que le respect du devoir doit l’emporter sur la poursuite du bonheur. Cependant, l’obtention du bonheur est-elle nécessairement immorale ? Le respect du devoir nous condamne-t-il à ne jamais être heureux ?

 

« bonheur est précisément un tel bien. Mais alors, comment savoir ce qui nous permettra d'atteindre ce bien ? Comment obtenir le bonheur sans tomber sous le coup de la critique kantienne, c'est-à-dire sans verser dans l'immoralité ? Toute l'originalité de la pensée d'Aristote est de montrer en quoi le bonheur n'est pas seulement affaire de désir (en quoi il entre de la rationalité autravers de la poursuite du bonheur) et ce faisant, comment il est possible (et même exigé) de bien agir pour êtreheureux.

L'un n'exclut pas l'autre mais s'impliquent mutuellement. a) Le prudent sait ce qu'il faut faire pour bien faire … L'homme parfaitement vertueux, celui qui respecte l'obligation morale, est l'homme prudent.

En effet, celui-ci est en possession de la droite règle qui lui permet ainsi de conformer toutes ses actions au juste milieu (il ne verse ni dans le défaut, ni dans l'excès qui sont tous deux des vices).

Ainsi le prudent est l'homme qui sait ce qu'il faut fairepour bien faire : il est l'archétype de l'excellence du bien agir. b) … et il est heureux Mais si le prudent ne cherche pas à tout prix le plaisir, il n'en est pas pour autant malheureux : si la droite règle lui commande, par exemple de renoncer à tel plaisir (manger des bonbons qui, pleins de sucres, nuisent à la santé),il trouve plaisir dans ce renoncement (il sait que l'on ne saurait être heureux étant malade). Transition : § L'obtention du bonheur n'est pas immorale puisque c'est elle au contraire qui détermine la bonté d'une action.L'homme vertueux n'est vertueux que pour autant qu'il sait comment atteindre le bonheur qui est le bien suprême(ce qui est désirable par soi). § Ainsi, le respect du devoir kantien est tout au plus de la continence (résistance aux sollicitations du désir), maisnullement le tout de la vertu (qui ne suppose aucunement de résister à ses penchant, mais de les avoir habituéà se signaler quand il faut, de la façon qu'il faut et avec qui il faut). § Finalement, le bien agir ne saurait être déterminé a priori : il exige patience, travail et répétition (on ne naît pasvertueux, mais on le devient en actualisant des dispositions naturelles).

C'est parce que Kant entend faire de la loi morale un impératif valable formellement , c'est-à-(dire indépendamment des circonstances contingentes dans lesquelles l'homme doit agir, qu'il est amené à exclure l'obtention du bonheur de la sphère de la moralit é.

Tel est ce qu'il nous faut maintenant expliquer. 3- L'OBTENTION DU BONHEUR ET LE RESPECT DU DEVOIR NE S 'EXCLUENT QUE SI LE BIEN EST ÉRIGÉ EN IDÉAL a) L'acte purement moral, tel que Kant le définit, est formel D'après la définition qu'il donne du respect du devoir, Kant admet cependant, qu'il est presqu'impossible que desmotifs sensibles ne viennent pas affecter la volonté de sorte qu'il est difficile de savoir si un seul acte véritablementmoral a été accompli (car partout il y a le « cher moi qui ressort » !).

Autrement dit, la morale kantienne estformelle si bien que s'y conformer relève du défi. b) L'eudémonisme aristotélicien cherche à définir un bien proprement humain Pour Aristote, il convient de souligner que le bien en soi n'est pas un bien praticable et qu'il faut donc renoncer à penser la moralité idéalement (exemple : la connaissance de ce qu'est la santé en soi n'indique nullement aumédecin quel remède prescrire à tel individu).

Le souverain bien ne peut donc être édicté a priori, indépendammentde l'expérience. C'est pourquoi la nécessité de choisir entre obtention du bonheur et respect du devoir ne s'impose qu'àcelui qui n'est pas encore pleinement vertueux = celui qui dont les passions ne sont pas suffisamment habituées àrester dans les bornes posées par la juste mesure.

C'est pourquoi bonheur et devoir lui semblent « antithétiques ».Le prudent lui trouve son bonheur dans le fait de se conformer au devoir.

Crubellier et Pellegrin, dans Aristote, le philosophe et les savoirs , disent ainsi que c'est ce qui fait toute la différence entre le prudent et le saint chrétien : le premier seul ne souffre pas de sa moralité.. »

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