Devoir de Philosophie

Faut-il reconnaître à l'homme une place particulière dans le monde ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

  • Bien lire le sujet: il faut prendre garde aux termes employés par le libellé («place«, «particulière«, «monde«). Il faudra s'interroger sur tout ce qui permet de distinguer l'homme des autres êtres de ce monde ou de les rapprocher.
  • Un point de départ à justifier: l'homme peut être considéré (comme dans le récit de la création du monde de la Genèse) comme le couronnement de la création, ou inversement comme un animal parmi d'autres.
  • Recherche de la contradiction: tout semble reposer sur la notion de place: si l'homme occupe une place particulière dans le monde, du seul fait qu'il est placé à côté d'autres êtres, qui occupent eux aussi une place, il n'occupe plus qu'une place parmi d'autres (toutes les places étant, en un sens, particulières), comme membre d'un tout. Pour l'homme, avoir une place particulière dans le monde reviendra, inversement et paradoxalement, à n'avoir pas sa place dans le monde.

• Il ne s'agit pas ici d'énumérer tout ce qui peut distinguer l'homme des autres espèces ou des autres règnes : on doit énoncer des concepts synthétiques permettant de marquer clairement la particularité de l'homme. • « Le monde « : attention à ne pas verser dans la science-fiction ! • On ne se privera pas d'envisager les conséquences éventuellement néfastes de la place particulière de l'homme dans le monde.

« nous un refuge, ne nous entretiennent plus de Dieu ni de la communauté humaine, mais nous renvoient à unesolitude accablante, à une perte d'orientation et de sens : « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout [...] Que fera-t-il sinon d'apercevoir quelque apparence au milieu deschoses, dans un désespoir éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? » Ce qu'entreprend Pascal dans les « Pensées », c'est de montrer la gloire du christianisme et les insuffisances de la raison à comprendre l'homme et le monde.

Pascal est l'homme qui désespère de la raison, et qui, comprenant au mieux les découvertes et les méthodes scientifiques de son temps, s'en détourne en pensantqu'elles nous sont inutiles pour comprendre ce qui nous concerne au plus près : ce que nous sommes et quelleest notre place dans le monde. En parlant des « espaces infinis », Pascal prend d'abord acte des progrès de la science de son temps. Avec les découvertes de Galilée, on commence à comprendre l'univers comme infini : l'espace qui nous entoure n'a pas de frontières, et le monde entier est compris comme un espace indifférent offert aux lois de laphysique, au calcul mathématique. Mais Pascal est aussi contemporain du microscope, c'est-à-dire de la découverte de l'infiniment petit. La lunette astronomique avait ouvert la voie de l'infiniment grand de l'espace, de l'univers ; le microscope nousouvre la voie, tout aussi merveilleuse, de l'infiniment petit.

L'homme se voit confronté à un double infini, dont iltient le milieu, il est inscrit dans un monde dont « le centre est partout et la circonférence nulle part ». Un chrétien comme Pascal comprend immédiatement que cet univers est vide de Dieu.

L'univers des scientifiques du XVII ième est un univers où ne règnent que de la matière et les lois de la physique.

Un universmuet qui ne parle plus à l'homme, à son coeur.

Il ne nous entretient plus de Dieu, il n'est plus un universmerveilleux dont la perfection nous incite à la louange du Créateur.

C'est l'univers glacé des lois scientifiques.Un univers effrayant, parce que l'homme et ses inquiétudes n'y ont plus de place et n'y trouvent plus deréponses. Telle est la leçon janséniste.

Dieu n'est plus visible dans la nature, le Dieu auquel on doit croire est « un Dieu caché ». La conséquence que Pascal tire donc des sciences de son temps, c'est la « disproportion de l'homme ». il y a disproportion entre l'homme et l'univers, entre le fini de l'humaine condition et l'infini de l'univers ; il y adisproportion entre l'homme et lui-même, dans la mesure où nous sommes incapables de nous comprendrenous-mêmes sans Dieu et le secours des Ecritures. Pascal montre donc à l'homme qu'au regard de l'infinité de l'espace, il n'est que dans un « petit cachot », dans un morceau ridicule d'espace, mais aussi que, fouillant la plus petite parcelle de matière, il retrouvera « une infinité d'univers ». « Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que lanature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles, etje crois que sa curiosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence, qu'à lesrechercher avec présomption. » Nous touchons là au second sens de l'effroi devant l'infinité et le silence de l'univers.

Il faut vaincre laprésomption scientifique.

Il faut réapprendre à l'homme à trembler, il faut lui faire comprendre que par la raisonil ne comprendra jamais ni l'univers, ni lui-même. L'univers est vide de Dieu, et il est offert à la recherche scientifique.

Il faut montrer au savant que ses recherches sont dérisoires, que le seul vrai souci est le souci de Dieu.

Et c'est en montrant qu'il y a unedisproportion extrême entre l'infini qui nous submerge et notre condition faible et mortelle, qu'on pourraaffirmer : « Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses [...] ne cherchons point d'assurance et de fermeté.

Notre raison esttoujours déçue par l'inconstance des apparences ; rien ne peut fixer le fini entre les deux infinis qui l'enfermentet le fuient. » Ce qu'il y a d'effrayant dans le monde tel que le conçoit le XVII ième savant, est qu'il est un univers froid,dont Dieu s'est retiré, et où l'infini nous engloutit, où la nature ne nous parle plus.

Mais ce qu'il y a de pluseffrayant encore, c'est que les savants entreprennent de comprendre cet univers grâce à la raison naturelle,en se détournant ainsi de la quête de Dieu.

L'univers est visible, mais froid et silencieux, Dieu est caché.

Lessavants s'arrêtent à l'univers au lieu de rechercher Dieu.

C'est pourquoi il faut humilier la raison, et lui montrerles contradictions dans lesquelles elle s'empêtre.

C'est pourquoi il faut dire à l'homme de science que sa raisonne lui fournira aucune certitude, c'est pourquoi il faut souligner la disproportion entre le fini et l'infini. Par là s'expliquent les attaques contre Descartes et la fameuse formule « Descartes inutile et incertain ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles