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faut il respecter les lois ?

Publié le 14/12/2015

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C ONCEPTION ET MISE EN PAGE : PAUL MILAN Corrigé dissertation : faut-il respecter les lois ? Introduction L’expression "faut-il" peut renvoyer à au moins deux formes de nécessité : une nécessité quasiment physique (respecter par peur du gendarme, pour sauver sa vie ou au moins sa liberté) ou un devoir moral (respecter parce qu’on reconnaît le bien fondé de la loi, sa justesse). Le terme "lois" est d’emblée ambigu en ce qu’il peut renvoyer à la fois aux lois de la nature (lois physiques : gravitation universelle, principe de l’action-réaction) et aux lois juridiques et morales (celles que l’homme établit). Les lois de la nature (à ne pas confondre avec la loi naturelle qui reste une hypothèse) s’efforcent d’expliquer de manière transparente les phénomènes de la nature par une formule générale explicative. Ces lois relèvent du fait, elles résultent d’une étude a posteriori des phénomènes de la nature et sont de l’ordre de l’être : la nature ne nous laisse pas le choix de ses lois. En ce sens, la question du droit n’intéresse pas les lois de la nature : s’agissant des lois de la nature, il est impossible de distinguer entre l’être et le devoir-être, entre ce qui est et ce qui doit (ou devrait) être. Par suite, la question du respect des lois de la nature ne se pose pas vraiment : on peut les mentionner mais il ne faut surtout pas s’y attarder ou y consacrer une partie entière. Les lois de la nature n’engagent en aucun cas la liberté de l’homme et la question de leur respect ne se pose pas vraiment. Les lois juridiques ou morales ne relèvent pas d’un déterminisme naturel : quand bien même il existerait un droit naturel, il reste possible de ne pas le respecter (même si le droit naturel interdit, par exemple, le meurtre, je peux néanmoins tuer). Ces lois concernent les relations humaines, leur organisation. Elles règlent la façon dont l’homme use de sa liberté par sa volonté ou son désir. Ces lois sont susceptibles d’êtres respectées ou non et chacun ne sait pas toujours immédiatement ce qu’il doit faire. En ce sens, il est possible ici d’établir une distinction entre le droit et le fait, entre le devoir-être et l’être : dès lors que l’homme dispose d’une liberté, il devient capable de différencier entre ce qui est et ce qui devrait être. Vous pouviez distinguer entre d’un côté "respecter les lois" et de l’autre, "obéir aux lois". Le respect semble avoir d’emblée une connotation morale et par suite, respecter les lois impliquerait d’en reconnaître le bien-fondé. Pour autant, il est possible d’obéir aux lois (par peur du gendarme, par intérêt) sans nécessairement les respecter ou en reconnaître le bien fondé. Le respect renvoie au fait de considérer quelqu’un ou quelque chose avec déférence, à accorder une certaine valeur à quelque chose. L’obéissance, au contraire, renvoie à l’idée de soumission, au fait de se conformer à qui est ordonné ou défendu sans nécessairement avoir d’égard envers ce à quoi on obéit. Bref, le sujet invite à s’interroger sur le bien-fondé d’une obéissance sans réserve aux lois, ou au contraire, sur la possibilité de fonder, en raison, une forme de BENJAMIN THEIFFRY 1 P HILOSOPHIE T ERM S 1 L’OBÉISSANCE À LA LOI EST UNE NÉCESSITÉ PRATIQUE droit de résistance aux lois en vigueur. Reste à savoir au nom de quoi, on pourrait se permettre de ne pas respecter les lois et en conséquence, de mettre en danger l’équilibre de la société et la paix civile et peut-être d’aggraver la situation de violence à laquelle on dit résister. Faut-il manifester une certaine dé?ance à l’encontre des lois reçues ? Mais dans ces conditions, y a-t-il d’autres lois qu’il faudrait écouter ou pourrions-nous ne pas respecter les lois simplemen...

« 1 L’ O B É I S S A N C E À L A L O I E S T U N E N É C E S S I T É P R AT I Q U E droit de résistance aux lois en vigueur.

Reste à savoir au nom de quoi, on pour- rait se permettre de ne pas respecter les lois et en conséquence, d e mettre en dan- ger l’équilibre de la société et la paix civile et peut-être d’aggr aver la situation de violence à laquelle on dit résister.

Faut-il manifester une certaine défiance à l’encontre des lois reçues ? Mais dans ces conditions, y a-t-il d’autres lois qu’il faudrait écouter ou pourrions-nous ne pas respecter les lois simpl ement en nous fiant à notre raison ou à notre intérêt ? 1 L’obéissance à la loi est une nécessité pratique a) Le statut de l’homme sans loi : les contradictions de l’état de nature selon Hobbes Pour s’interroger sur la nécessité de l’obéissance à la loi, il fa ut d’abord se de- mander ce qu’il en est de l’homme avant la loi, de l’homme en l’a bsence de lois : c’est l’hypothèse de l’état de nature, fiction rationnelle utilisée n otamment par Hobbes.

Davantage qu’une origine qui serait inévitablement invé rifiable, l’état de nature représente une possibilité permanente : que se passe-t-il q uand les lois ne sont plus obéies ou si peu que leur existence même est remise en q uestion ? C’est la situation qu’a connue Hobbes pendant la première révolutio n anglaise que les Anglais ont baptisé "the civil war" et qui a conduit à la déca pitation du roi Charles 1 er d’Angleterre en 1649.

Les hommes sont confrontés à une situation éminemment précaire et représentent les uns pour les autres une men ace perma- nente.

A l’état de nature, il n’y a ni bien, ni mal mais seulement du b on et du mauvais (ce qui est bon pour l’un peut être mauvais pour l’autre et récipr oque- ment), ni juste ni injuste.

b) L’obéissance à la loi : une nécessité issue de la peur commune du Léviathan La précarité, l’instabilité et le danger permanents qui règnent à l’état de nature (selon Hobbes, il en sera tout autrement chez Rousseau) rendent néc essaire le pacte de soumission à un tiers, homme ou assemblée qui décidera de l a loi.

C’est ainsi la loi elle-même qui devient le critère permettant de distin guer d’une part entre le légal et l’illégal et d’autre part le juste et l’injuste : le j uste se résout dans le légal et il n’y a de juste que ce que loi dit être légal.

L’obéissance s’impose d’elle-même à tous par une peur commune du L éviathan : les hommes ont cédé leur liberté naturelle mais jouissent après le pacte d’une li- berté, certes limitée par ce que dit la loi, mais réelle.

L’ordre n aît d’une obéissance commune aux lois du Léviathan laquelle trouve son origine dans la pe ur du gen- darme.

L’obéissance se fait alors davantage par contrainte que p ar obligation. c) Obéir aux lois de son pays Cependant, l’obéissance n’implique pas nécessairement le re spect : on peut obéir à une loi qu’on ne respecte pas, qu’on ne reconnaît pas comme bien f ondée et juste.

Mais si on ne reconnaît pas une loi comme juste et bien fondée , peut-on s’autoriser à ne même pas lui obéir ? B E N J A M I N T H E I FF RY 2 PH I L O S O P H I E TE R M S. »

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