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FAUT-IL SE MEFIER DE LA RAISON ?

Publié le 27/02/2008

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FAUT-IL SE MEFIER DE LA RAISON ? HIER Au cours de son histoire, la philosophie a nourri des critiques du privilège qu'elle accordait à la raison : - pour les Sceptiques (défenseurs du scepticisme), la raison ne serait pas à la hauteur de ses propres exigences, puisqu'elle est incapable par exemple d'assurer une connaissance certaine à l'homme. - Pour les Cyniques, dont le plus connu est le célèbre DIOGENE (né vers 413 av. J.-C), ces exigences seraient tout simplement superflues. - plus proche de nous SCHOPENHAUER (1788-1860) et à sa suite NIETZSCHE (1844-1900) ne voient dans ce privilège que le symptôme d'un affaiblissement de l'élan vital en l'homme, donc un signe morbide.   AUJOURD'HUI La méfiance envers la raison est essentiellement motivée par les divers risques que la rationalité technico-scientifique fait courir à l'humanité.     LA RAISON MENAÇANTE Parce qu'elle n'est préoccupée que d'efficacité et totalement indifférente aux fins de l'action poursuivie,  cette rationalité peut devenir absurde, inhumaine ou même barbare lorsque, des rapports de l'homme à la nature, elle s'applique aux rapports  entre  les  hommes.   Que  l'on pense par exemple : - au labyrinthe des grandes structures bureaucratiques ; - à l'inhumanité de « l'organisation scientifique du travail » (le taylorisme) ; - à la barbarie des États accumulant les moyens scientifiques de destruction de toute vie sur Terre.     LA RAISON INACHEVÉE L'organisation des rapports entre les hommes relèvent non pas de la rationalité technico-scientifique (de procédures opératoires traitant les hommes comme des choses) mais de la rationalité éthico-politique : de la discussion et délibération collectives.

« INTRODUCTION La raison est une faculté commune à toute l'espèce humaine par différence avec l'animalité.

Cette fonction est aussiconçue comme la capacité de saisir la vérité, la nature des choses non seulement ce qu'elles sont, mais lesprincipes explicatifs qui en rendent compte. De l'idée de raison , qui évoque des exigences de rigueur intellectuelle et des obligations morales, s'exhale parfois unparfum d'ennui.

Nous tendons à la percevoir davantage comme un refus de la fantaisie et du plaisir que comme lasource d'un art de vivre réellement séduisant.

Pourtant, nonobstant cette image première, la raison est à l'origine dece qu'il y a de plus humain en nous.

Aussi le désir de sagesse s'ordonne-t-il par essence autour de cette idée deraison.

La volonté de communiquer à autrui le logos , ou de le recevoir de lui, définit la forme minimale de la raison sans laquelle il n'y a pas de philosophie possible.

Et pourtant, tout ne saurait être régi par la raison, il y a un excèsdans l'usage de la raison, dont il faut se méfier.

Peut-être même que dans la question de la limite de la raison sejoue un certain arbitraire qui veut séparer la raison de la folie, et rendre celle-ci opaque à tout discours.

Dés lors onne saurait être que méfiant à l'égard de cet usage de la raison. C'est la raison qui assure notre salut Dans le Phédon , Socrate se préparant à avaler la ciguë, cherche à se préserver d'un risque: celui de la misologie: la haine des raisonnements.

Cette haine pourrait naître de notre pratique du raisonnement sans expérience, on estballoté de raisonnements persuasifs en raisonnements contraires et on finit alors par désespérer de la raison.

« Tu lesais bien, ce sont surtout ceux qui passent leur temps à mettre au point des discours contradictoires qui finissentpar croire qu'ils sont arrivés au comble de la maîtrise et qu'ils sont seuls à avoir compris qu'il n'y a rien de sain nid'assuré dans aucune chose ni en aucune chose non plus.

».

Contre ce risque de relativisme s'élève une exigencede rationalité absolue: si la sagesse, dans la vie pratique consiste à prendre des hommes comme ils sont, avec leursvices et leurs vertus, elle ne saurait se contenter de raisonnements relatifs, « ballottés par des courants contraires,impuissants à se stabiliser ».

Il faut donc croire au raisonnement, pour ne pas perdre la raison.

«Notre âme doit sefermer entièrement au soupçon que, peut-être les raisonnements n'offrent rien de sain; elle doit bien plutôt avoir cesoupçon là: que c'est nous qui ne nous comportons pas encore de façon saine, et qu'il faut employer tout notrecourage et toute notre énergie à le faire, toi et les autres en pensant à toute notre vie à venir; moi, pensant à lamort même.

». La raison et ses limites « Deux excès: exclure la raison, n'admettre que ma raison », disait Pascal dans les Pensées .

La décision arbitraire de renoncer à la raison aussi bien qu'un volonté démesurée de s'appuyer sur elle seraient également déraisonnables.

Lafaculté humaine de raisonner engendre l'ambition de rendre compte de réalités, de pensées, d'actions par unenchaînement ordonné de propositions nécessairement vraies, et donc en droit accessible à tous les esprits.Radicalisée cette ambition engendre en réaction un doute quant à la possibilité de rendre raison de tout.

Dudéraisonnable ne viendrait-il pas se loger au cœur de la raison? D'un autre côté, assigner des limites à la raison,n'est-ce pas se donner à bon compte un argument paresseux invitant trop hâtivement à démissionner devant ce quidemeure à portée de compréhension et de maîtrise.

Il faut distinguer l'attitude déraisonnable qui refuse d'user de laraison de celle, aussi insoutenable, qui croit qu'il y a des raisons de tout et leur opposer une attitude« raisonnable ».

Il faut donc circonscrire le droit usage de la raison, ou comme le dit Kant dans la Critique de la raison pure , préface de la seconde édition: « la raison n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements suivant des loisconstantes, et forcer la nature à répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme en lisières ;car autrement nos observations faites au hasard et sans aucun plan tracé d'avance ne sauraient se rattacher à uneloi nécessaire, ce que cherche et exige pourtant la raison.

Celle-ci doit se présenter à la nature tenant d'une mainses principes, qui seuls peuvent donner à des phénomènes concordants l'autorité de lois, et de l'autrel'expérimentation, telle qu'elle l'imagine d'après ces mêmes principes.

Elle lui demande de l'instruire, non comme unécolier qui se laisse dire tout ce qui plaît au maître, mais comme un juge en fonctions, qui contraint les témoins àrépondre aux questions qu'il leur adresse.

C'est donc que la raison n'est pas une instance d'emblée légitime, commeon l'a vu elle recèle en elle-même un excès, un déraisonnable; un certain arbitraire, voire une certain folie. Le déraisonnable de la raison. »

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