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Faut-il travailler ou ne rien faire pour être heureux ?

Publié le 22/02/2012

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    Introduction :               « Etre heureux est nécessairement ce que réclame tout être raisonnable mais fini ; c'est donc aussi un motif déterminant inévitable de la faculté de désirer » (Kant, Critique de la raison pratique). Le travail se définit au sens large comme une activité, une tâche, rémunérée ou non. Or le travail apparaît actuellement comme une valeur sociétale. Le travail en effet paraît assurer non seulement une sécurité matérielle mais aussi psychologique en définissant un lien social. Il permet à l'individu d'obtenir l'indépendance financière et la reconnaissance sociale par laquelle les autres admettent l'utilité et la valeur de son activité et par conséquent de sa personne. Il lui permet donc de se situer dans la société, et de s'y faire reconnaître comme individu libre, autonome, capable de subvenir à ses besoins. Or comme le remarque Alain dans Propos sur le bonheur, « si le bonheur est l'objet d'une recherche, c'est qu'il ne va pas de soi ». Peut-on dire alors que le travail peut nous conduire au bonheur ou au contraire qu'il est un instrument d'aliénation contraire alors à cette recherche ?             Si bonheur et travail semblent difficilement conciliables (1ère partie), il y aurait donc une illusion fondamentale dans l'idée que travailler peut apporter un bien-être (2nd partie), or face à l'impératif de travailler comment faire si cette activité est contraire au bonheur (3ème partie).

« niveau de culture plus élevé.

Son rôle de consommateur standardisé des produits du système dont il est un rouageaccroît son bien-être matériel mais ne fait qu'accentuer, chez lui, le déséquilibre, les tensions entre la vie de travailet l'existence hors travail ».

Le travailleur n'est plus qu'un simple rouage, et effectue une tâche qui bien souvent estrépétitive et correspondrait plus à une machine.

Comme il le fait remarquer en citant une étude américaine ce typede travail pour être donné à des personnes handicapés sans que cela changeât le résultat de la production.

Ouautrement dit, en suivant Simondon dans Du mode d'existence des objets techniques , on peut dire que sous l'aliénation sociale se trouve l'aliénation technique.

Et c'est bien ce sens que l'on peut comprendre alors ce secondjeu de pouvoir au sein de la notion même de technique : l'homme devant par l'aliénation du développementtechnique un « appendice de la machine ». c) En effet, Marx dans ses Manuscrits de 44 , montre l'aliénation comme transformation de l'humanité du travailleur en raison du développement technique.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanitépar son travail.

Or c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné, l'hommeest privé du produit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.

Le travail n'estdonc pas une forme de moralisation tant qu'il reste un facteur d'aliénation.

Et celle-ci prend trois formes.

Toutes ont un rapport avec l'idée d'altérité et de perte de soi.

Premièrement, le travailleur est dépossédé des produits de sontravail.

Deuxièmement, par l'organisation même du même qui n'est pas l'expression d'une décision prise par ceux qui travaillent et collaborent dans la production d'un bien ou d'un service, mais de celui qui achète la force de travail.Ainsi, dans ces conditions de travail, ce dernier est extérieur aux fins de son travail ce qui signifie qu'il exerce uneactivité dans laquelle ils ne peuvent se retrouver ou se reconnaître.

Ils sont comme étrangers à eux-mêmes.

Enfin,l'aliénation est déshumanisation c'est-à-dire aliénation de l'essence de l'homme dans la mesure où le travail à causedes deux aliénations précédentes est une activité par laquelle au lieu de s'accomplir, de devenir plus humain,l'homme se perd, se dénature, se mutile. Transition : Ainsi le travail ne peut nous rendre heureux de part l'aliénation qu'il induit.

Le travail est une source de malheur pourl'homme et ce n'est qu'avec regret qu'il accomplit sa tâche. II – L'erreur initiale a) Croire que le travail serait une source de bonheur ce serait envisager une fin du travail ; ce qui est en soiimpossible ou relève de l'utopie.

Or de ce point de vue, on peut dire à travers la lecture de Cioran dans Histoire et Utopie , que toute idée de travail salvateur renvoie à une croyance, c'est-à-dire dans le retour à une situation pré- lapsaire.

Expliquons : l'idée de travail salvateur suppose la possibilité pour l'homme de se perfectionnertechniquement ce qui suppose déjà une certaine thèse anthropologique, ontologique mais aussi cosmologique, maissurtout, ce progrès fait toujours référence à l'idée pour l'homme de se reconstruire par ses propres force l'idée d'unparadis terrestre plus ou moins ressemblant avec le Jardin d'Eden ; c'est pourquoi il s'agit « de refaire l'Eden avec lesmoyens de la chute ».

Et cela est particulièrement visible chez Kant.

En ce sens, l'idée de progrès développe, quece soit du point de vue morale ou scientifique, l'idée d'un monde meilleur, maîtrisé ce qui est proprement une thèsemétaphysique faisant directement référence à un espoir qui n'est en somme d'une croyance en tant qu'illusion oùl'on peut voir apparaître la force du désir. b) Or de ce point de vue il est essentiel de voir l'exemple que nous fournit Max Weber dans l'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme que l'on peut voir dans le rapport travail – devoir une source biblique ou plus exactement une des conséquences du protestantisme et de ce point de vue, on peut dire que la philosophie kantienne en estquelque peu tributaire sans nécessairement en faire un facteur déterminant.

Mais il est intéressant de constater quela notion de « Beruf » (travail ou vocation en allemand) définit le travail comme un devoir temporel : « Ce nouveausens du mot ( Beruf , besogne, activité professionnelle) correspond à une idée nouvelle, il est un produit de la Réforme.

Sans doute voyons-nous apparaître dès le Moyen Age, et même à l'époque hellénistique tardive, lespremiers éléments d'une telle évaluation positive de l'activité quotidienne.

(...) Mais estimer que le devoir s'accomplitdans les affaires temporelles, qu'il constitue l'activité morale la plus haute que l'homme puisse s'assigner ici-bas,voilà sans conteste le fait absolument nouveau.

Inéluctablement, l'activité quotidienne revêtait ainsi unesignification religieuse, d'où ce sens de vocation que prend la notion de Beruf .

(...) L'unique moyen de vivre d'une manière agréable à Dieu n'est pas de dépasser la morale de la vie séculière par l'ascèse monastique, maisexclusivement d'accomplir dans le monde les devoirs correspondants à la place que l'existence assigne à l'individudans la société ( Lebenstellung ), devoirs qui deviennent ainsi sa « vocation » ( Beruf ) ». c) Or vouloir faire du travail une source de bonheur c'est en réalité essayer de détourner l'individu de son vraibonheur : sa liberté.

En effet, Nietzsche dans Aurore , livre III, 173 « les apologistes du travail » s'interroge sur la valeur notamment morale que l'on accorde au travail.

Selon lui, cette valeur sert à cacher la véritable fonctionrépressive du travail et explique alors la discipline qu'impose le travail : « Dans la glorification du « travail », dans lesinfatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges sur lesactes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel.

Au fond, on sent aujourd'hui, à la. »

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