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Faut-il vivre comme si nous ne devrions jamais mourir?

Publié le 17/02/2005

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..), ils se sont avisés pour se rendre heureux, de n'y point penser » (Pascal). Ainsi les hommes vivent-ils comme s'ils ne devaient jamais mourir parce qu'ils refusent la mort, parce qu'ils font comme si elle n'existait pas ; ainsi se jettent-ils dans le divertissement de la vie. La conscience chrétienne ne voit là qu'un manque de courage, une fuite honteuse et pitoyable. Pour elle, l'homme ne doit jamais perdre de vue qu'il est une créature périssable, qu'il doit mourir. Toute la vie terrestre ne peut être qu'une préparation a cet instant crucial où elle sera jugée et où se jouera la vie éternelle. Aussi faut-il que les hommes vivent en ne se cachant jamais qu'ils doivent mourir puisque c'est la mort qui donne à leur vie son sens et sa valeur. (La préparation à la mort de l'homme religieux a donc un sens très différent de I apprendre à mourir » de Montaigne.) b) Mais, aussi bien, en quoi la volonté de ne pas penser à la mort parce qu'on la craint est-elle pitoyable ? en quoi cette fuite est-elle honteuse ? Cf.

« la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. Troisième partie : Le « comme si » de l'ignorance volontaire a) La philosophie exhorte à ne pas craindre la mort et à s'en détacher.

Mais est-ce possible ? « Les hommes n'ayantpu guérir la mort (...), ils se sont avisés pour se rendre heureux, de n'y point penser » (Pascal).

Ainsi les hommesvivent-ils comme s'ils ne devaient jamais mourir parce qu'ils refusent la mort, parce qu'ils font comme si ellen'existait pas ; ainsi se jettent-ils dans le divertissement de la vie.

La conscience chrétienne ne voit là qu'unmanque de courage, une fuite honteuse et pitoyable.

Pour elle, l'homme ne doit jamais perdre de vue qu'il est unecréature périssable, qu'il doit mourir.

Toute la vie terrestre ne peut être qu'une préparation a cet instant crucial oùelle sera jugée et où se jouera la vie éternelle.

Aussi faut-il que les hommes vivent en ne se cachant jamais qu'ilsdoivent mourir puisque c'est la mort qui donne à leur vie son sens et sa valeur.

(La préparation à la mort de l'hommereligieux a donc un sens très différent de I apprendre à mourir » de Montaigne.) b) Mais, aussi bien, en quoi la volonté de ne pas penser à la mort parce qu'on la craint est-elle pitoyable ? en quoicette fuite est-elle honteuse ? Cf.

La Rochefoucauld qui, rejetant tant le « mépris de la mort » de la philosophieantique que l'appel à y penser toujours de la conscience religieuse conclut que « les plus habiles et les plus bravessont ceux qui prennent de plus honnêtes prétextes pour s'empêcher de la considérer (...) Contentons-nous, pourfaire bonne mine, de ne pas nous dire à nous-mêmes tout ce que nous en pensons ».

Car « Tout ce que la raisonpeut faire pour nous est de nous conseiller d'en détourner les yeux pour les arrêter sur d'autres objets.

» (Maxime504).

Ainsi, refusons d'y songer et vivons comme si nous ne devions jamais mourir. Quatrième partie : Le « comme si » du jeu a) Le « divertissement » stigmatisé par Pascal ne recouvre-t-il pas souvent en fait un « jeu » sérieux et grave ? Le« comme si » est en effet la catégorie fondamentale du jeu.

Pour lui l'« irréel » se donne comme « réel ».

Il est lemoment de la « réelle irréalité ».

Car le jeu n'est jeu qu'en apparence.

Il n'est illusion qu'au regard d'une vérité queprécisément il récuse.

Et Nietzsche a pu montrer que le monde tout entier est jeu, que le jeu et l'illusion sontnécessaires à la vie qu'ils peuvent seuls protéger contre la vérité mortelle.

L'illusion est un combat contre la mort. "La vie a besoin d'illusions, c'est-à-dire de non-vérités tenuespour des vérités." NIETZSCHE Selon Nietzsche, l'illusion ne résulte pas seulement des rapports sociaux: elle est une nécessité de la vie, de notre condition d'êtres biologiques.Les animaux sont eux aussi victimes de leurres, qui jouent le rôle destimuli.

Les hommes ont par nature besoin de croire en des "non-vérités", faute de quoi la vie leur serait insupportable.

Nietzsche, en finpsychologue, souligne à la fois le désir de la conscience humaine deposséder la vérité et en même temps son incapacité à accepterlucidement sa condition d'être mortel.

En d'autres termes, nous désironstous la vérité et pourtant nous nous arrangeons le plus souvent avec laréalité.

L'illusion n'est pas, comme on pourrait le penser nativement, lecontraire absolu de la vérité, elle est la vérité telle que nous pouvonsl'accepter tout en étant capable, par un effort sur nous-mêmes d'yrenoncer. NIETZSCHE : la fonction vitale de l'illusion L'illusion possède une fonction vitale.

En effet « on ne peut pas vivreavec la Vérité », car découvrir cette vérité, c'est découvrir que n'existequ'un flux éternel des choses, un Abîme où toutes s'abîment.

La vie,. »

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