Ferait-on son devoir sans la présence d'autrui ?
Publié le 11/02/2019
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Le devoir est ce qu’il faut faire ; sa forme, pour Kant, est impérative, et il se présente sans condition et pour toutes circonstances. Dans cette optique, faire son devoir, c’est obéir à un ordre universalisable, c’est-à-dire à un ordre qui témoigne de l’existence d’une véritable loi morale. La présence de cette dernière indique que la moralité est en relation avec la raison qui est présente en chaque homme, et non avec un sentiment comme la crainte (que ce soit celle du regard d’autrui ou de l’enfer importe peu). Si l’on introduit des considérations sentimentales dans la vie morale, on risque en conséquence de limiter celle-ci au conformisme, ou même de lui donner une finalité égoïste : je suis moral pour être « bien vu » ou pour bénéficier de la vie étemelle dans sa version paradisiaque. Cela peut être suffisant pour être en paix avec les autres, mais peut-être pas pour être en paix avec soi-même.
«
CORRIGÉ
[Introduction] Lorsqu'un devoir se présente à un sujet, ce dernier a toujours la possibi
lité de lui dés obéir .
Mais la notion de « devoir» est vaste, qu i peut dési
gner aussi bien la tâche scolaire que doit faire un élève que l'obligation à
respecter (par exemple le code de la route), ou encore, au niveau sans
doute le plus élevé, le devoir véritablement moral.
ll est donc vraisem
blable que lui désobéir n'a pas toujours les mêmes conséquences, ou que
lui obéir répond à des motif s différents.
Aussi peut-on se demander si l'on
ne fait son devoir que par crainte du regard d'autrui, mais en devinant que
ce regard n'a pas to ujo urs la même signification.
[1.
Effets de la désobéissance)
L'élève qui n ·a pas fait son devoir peut être puni : l'absence de travail
rendu justifie une sanction, qu elle qu'elle soit.
C'est que son devoir devait
aboutir à une réalisation matérielle.
Ici, le cas est simple, puisque fa ir e ou
ne pas faire son devoir a des conséquences immédiatement visibles.
Il en
va tout autrement lorsque le devoir désigne une conduite, civile ou
morale, qu i n'a pas nécessairement de telles con séq ue nc es .
Tout cit oye n veut bien admettre que voter est non seulement un droit,
mais aussi un devoir.
Ne pas voter peut cependant se faire de man iè re dis
crète : on n'est pas obligé d'en prévenir ses voisi ns , et il y a peu de chance
pour que ces derniers jouent les espions pour savoir ce qu'il en est.
Dans
une telle situation, le regard d'autrui n'intervient donc pas, et faire ou ne
pas faire son devoir ne peut avoir de consé quences que dans l'intimité du
sujet lui-même.
Il est évidemment difficile de prétendre savoir, de manière
générale, ce qui peut se passer en lui, dans sa pensée ou sa conscience ;
tout au plus peut-on considérer que certains non-votants -même indépen
damment des résultats- ne sont pas très fiers d'eux, tandis que d'autres se
moquent souverainement de leur non-participation à la vie politique.
On
peut aussi bien imaginer le cas d'un non-votant préten dan t ensuite qu'il
est allé voter : ce peut être pour des misons diverses -pour qu'on ne
puisse rien lui reprocher, pour faire semblant d'agir «comme tout le
monde>>, pour avoir l'air de s'intéresser à une vie politique à laquelle il
est en fait indifférent, etc.
Il n'en reste pas moins qu'alors, il tient compte
du «regard d'autrui», ou plus exactement de la possibilité qu'a celui-ci
de le juger, en lui reprochant précisément de ne pas avoir fait son devoir.
Mais c'est lorsque la siruation a une dim ens ion authentiquement morale
que ce jugement de l'a u tr e paraît avoir le plus de poids.
Et cela semble
logique : si l'on admet que la morale a pour but d'établir et de maintenir.
»
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