Devoir de Philosophie

Fiche de cours en philo : LA PASSION .

Publié le 02/08/2009

Extrait du document

SUJETS DE BACCALAURÉAT — Si la passion est involontaire, y a-t-il un sens à vouloir la maîtriser? — Peut-on dire que les passions sont toutes bonnes? — Peut-on dire avec Alain que : «la passion est toujours malheureuse«? — Sommes-nous responsables de nos passions? — La passion est-elle toujours un esclavage? — En quoi la passion est-elle refus du temps? — Est-ce parce qu'ils sont ignorants que les hommes sont sujets à des passions ? — La passion est-elle une erreur?  

• La passion est une affection durable de la conscience, si puissante qu'elle s'installe à demeure et se fait centre de tout, se subordonnant les autres inclinations. Elle doit être distinguée de l'émotion et du sentiment (§ 1).  • Si la tradition classique, avec Descartes tout particulièrement (§ 2), voit avant tout dans les passions des phénomènes subis et passifs dont il faut s'assurer la maîtrise, la passion est, au contraire, exaltée par Hegel (§ 9) en tant qu'énergie du vouloir.  Vous avez là deux visions profondément différentes de la passion : comme mouvement interne qui pousse à l'action (Hegel), ou comme phénomène marqué par une dysharmonie et un trouble profonds (tradition classique).  • Spinoza, à la suite de Descartes, a noté que les passions se rattachent aux vicissitudes de notre existence corporelle (§ 3) : la passion, c'est l'empire du corps.  • Notons aussi le rôle de l'imagination et de la cristallisation (§ 4) dans la passion.  • La passion, fille du corps et de l'imagination, est analysée, dans la tradition classique, comme une servitude et un destin (§ 5). On peut alors décrire, avec Spinoza, le cortège des passions humaines (§ 6).  • Le remède aux passions est conçu — toujours dans cette tradition — soit comme volonté (Descartes, § 7), soit comme connaissance (Spinoza, § 8).  • Enfin, Hegel, privilégiant l'énergie passionnelle (§ 9), souligne que rien de grand ne s'est accompli sans passion (§ 10) et que celle-ci est le matériau de la raison universelle (§ 11), c'est-à-dire de la raison divine à l'oeuvre dans le monde.  • On peut considérer, en conclusion, que Hegel a magnifiquement réhabilité la passion.

« Aux mines de sel de Salzbourg, on jette, dans les profondeurs abandonnées de la mine, un rameau d'arbre effeuillépar l'hiver; deux ou trois mois après, on le retire couvert de cristallisations brillantes : les plus petites branches,celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d'une mésange, sont garnies d'une infinité de diamants, mobiles etéblouissants; on ne peut plus reconnaître le rameau primitif.Ce que j'appelle cristallisation, c'est l'opération de l'esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte quel'objet aimé a de nouvelles perfections.» (Stendhal, De l'amour). V — La passion comme servitude et comme destin Ainsi, la passion représente le triomphe et l'empire du corps.

Elle est fille de l'imagination et de la cristallisation.

Ellesemble, dès lors, s'opposer fondamentalement à la raison.

La tradition classique, dans cette optique, a surtout misen évidence la servitude et la souffrance inhérentes aux passions.

Quel supplice que la vie de l'homme ballotté parles passions! Étroitement dépendant du corps et des vicissitudes des objets externes, agité par de multiples causesextérieures, plus souvent triste et rempli de haine que joyeux, comment pourrait-il trouver la paix et la sérénité? Caril est pareil aux flots de la mer qu'agitent des vents contraires.

Ainsi flotte-t-il d'une passion à une autre, vivant endehors de lui-même.

Il connaît donc un état lamentable de servitude et d'impuissance.

Il vit sous le règne del'aliénation, étranger à lui-même : il est serf et dépendant. VI — Le cortège des passions humaines Dans notre vie quotidienne, ce qui prédomine généralement, c'est la tristesse et non la joie, comme l'a bien montréSpinoza dans l'Éthique.

L'homme subit, en effet, l'univers et ses forces, qui peuvent restreindre la puissance d'agirde notre corps.

Aussi la tristesse, passage d'une plus grande à une moindre perfection, empoisonne-t-elle toutenotre vie.

A partir d'elle se forme le cortège des passions tristes, haine, crainte, envie, raillerie, mépris, colère,vengeance, pitié, humilité et repentir.Tel est l'enchaînement de sombres affections qu'expérimente trop souvent l'homme qui vit sous le régime de lapassion. VII — Le remède aux passions a- La volonté Comment l'âme, serve et dépendante, pourra-t-elle alors conquérir son autonomie?La première solution serait d'inspiration cartésienne.

N'est-il pas possible de faire appel à la toute-puissance de lavolonté? Descartes exalte le pouvoir absolu de celle-ci.

Face aux mécanismes passionnels, la volonté peut toujoursréagir et l'emporter.

Ainsi se révèlent les âmes d'élite.

La générosité, sommet de la morale de Descartes, repose surle sentiment qu'il n'y a rien qui véritablement nous appartienne que la libre disposition de nos volontés.«Ainsi, je crois que la vraie générosité, qui fait qu'un homme s'estime au plus haut point qu'il se peut légitimementestimer, consiste seulement partie en ce qu'il connaît qu'il n'y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libredisposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu'il en use bien ou mal, et partieen ce qu'il sent en soi-même une ferme et constante résolution d'en bien user.» (Descartes, Les passions de l'âme)Ainsi, la volonté est conçue comme détenant un pouvoir absolu face aux passions.

Cette solution cartésienne a sagrandeur, mais pour celui à qui la liberté ne paraît qu'un leurre et qu'une illusion (et tel est le cas de Spinoza), il nereste guère que la thérapeutique de la connaissance. VIII — Le remède aux passions b - La connaissance Spinoza, en effet, ne fait nullement appel au pouvoir libre et tout-puissant de notre âme.

Comment le pourrait-ilalors que l'homme n'est qu'une partie de la nature, soumise comme le reste des choses à des chaînes de causaliténécessaires? Demeure donc, pour se libérer, la « science des affections ».

La passion succombe à sa connaissancevraie.

Il n'est pas question de gouverner les passions par la volonté, comme le voulaient les Stoïciens ou Descartes,mais bien d'en avoir une connaissance claire et distincte, de les comprendre dans leur rationalité.

Ainsi puis-jetransmuter la servitude en liberté : la passion comprise, perd son privilège et son prestige puisqu'elle est inséréedans une chaîne de causes et d'effets.« Une affection qui est une passion cesse d'être une passion, sitôt que nous nous en formons une idée claire etdistincte...

Une affection est d'autant plus en notre pouvoir, et l'âme en pâtit d'autant moins, que cette affectionnous est plus connue.» (Spinoza, Ethique)Et pourtant, la claire conscience de la passion ne suffit pas à la dominer : video meliora, proboque, deteriorasequor; je fais le pire alors même que j'ai notion du bien. IX — La passion comme énergie du vouloir Mais la passion n'est pas seulement passivité.

Certes, avec Descartes ou Spinoza, elle se transmute en liberté par lamédiation de la volonté ou de la connaissance.

Cependant, originellement, elle n'en est pas moins subie.

Or, lapassion ne peut-elle être comprise autrement, comme énergie spirituelle? C'est précisément le mérite de Hegeld'avoir décrit la passion sous ce jour nouveau.Car la passion, ce n'est pas seulement Phèdre, c'est aussi Napoléon! Alors l'énergie du vouloir rassemble toute. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles