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FREUD: la première exigence culturelle est celle de la « justice »

Publié le 09/04/2005

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freud
La vie en commun ne devient possible que lorsqu'une pluralité parvient à former un groupement plus puissant que ne l'est lui-même chacun de ses membres, et à maintenir une forte cohésion en face de tout individu pris en particulier. La puissance de cette communauté en tant que « Droit » s'oppose alors à celle de l'individu, flétrie' du nom de force brutale. En opérant cette substitution de la puissance collective à la force individuelle, la civilisation fait un pas décisif. Son caractère essentiel réside en ceci que les membres de la communauté limitent leurs possibilités de plaisir alors que l'individu isolé ignorait toute restriction de ce genre. FREUD

QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE

 • A quelle(s) condition(s) selon Freud « la vie en commun « devient-elle possible ?  • Pourquoi estime-t-il que cette ou ces condition(s) sont nécessaires ?  • Pourquoi le mot « justice « est-il mis par Freud entre guillemets ?  • Comment comprenez-vous que, selon Freud, « la première exigence culturelle est celle de la « justice «... « ?  • Ce qui est « premier « est-il nécessairement fondamental ?  • Qu'est-ce qui est en jeu dans ce texte ?  • Que pensez-vous de la position et de l'argumentation de Freud ?  — Apporte-t-il des preuves « empiriques « et historiques de ce qu'il avance ?  — Sur quoi « repose «, en dernière analyse, sa position ?

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« QUESTION 3 [Introduction] Si par « droit » l'on désigne l'ensemble des règles politiques et morales édictées pour réguler la vie commune, et sil'on comprend l'individu comme une personne singulière travaillant uniquement à satisfaire son intérêt personnel,alors il semble bien que le passage de l'état de nature à l'état de droit ne puisse se faire qu'au prix d'unesubstitution du bien collectif aux plaisirs égoïstes.

Le droit s'établirait alors nécessairement (il ne pourrait pas enêtre autrement) contre les individus.Mais comment concevoir que les parties (les citoyens) d'un ensemble (l'État) disparaissent dans cet ensemble ? Àmoins de concevoir le droit comme une pure abstraction n'ayant aucun ancrage concret, on envisage mal commentles intérêts individuels pourraient, voire devraient, être sacrifiés sur l'autel de la chose publique.

Ne peut-on alors,au contraire, envisager le droit comme l'unique moyen de protéger et même de renforcer l'intérêt bien compris deses membres ?L'enjeu de ce questionnement n'est rien moins qu'une définition du droit, de son origine et de sa portée. [I.

L'instauration du droit requiert un renoncement complet à l'égoïsme] La décision de s'assembler avec les autres hommes pour fonder un état de droit censé garantir le respect de la vieet des biens de chacun, présuppose nécessairement que l'on renonce à privilégier son intérêt particulier au profit dubien commun.

Car si chacun poursuivait dans la voie de l'égoïsme, la vie commune ne serait que heurts et conflitsperpétuels.

Il n'est pas de vie ensemble possible sans un certain renoncement.

La « micro-société » du couple suffità le prouver : la vie à deux n'est possible et harmonieuse qu'à la condition de s'accompagner de concessionsmutuelles et équivalentes.C'est bien l'argument des plus féroces critiques de l'État.

L'anarchiste Bakounine (on trouve aussi des échos decette conception chez Nietzsche et Marx) fustige ainsi l'État comme « belle totalité » et le droit comme « pureabstraction » où l'individu serait supposé se réaliser.

Il est illusoire de croire, comme les théoriciens du droit naturelou comme Hegel, que l'individu trouverait son plein épanouissement dans l'État.

C'est l'inverse : le droit ne seconstruit pas à partir des individus et pour eux, mais sans eux et finalement contre eux.

C'est bien pourquoi l'État etle droit sont rejetés, au nom de la préservation des libertés individuelles.Pourtant, on ne construit pas un tout à partir de rien, ou un mur sans briques.

L'État et le droit qui le constituent nedésignent pas un ensemble vide.

Ils doivent bien provenir des individus et, d'une certaine manière, exprimer leursintérêts.

Comment et pourquoi, sinon, faire le geste fou de passer un pacte avec autrui ? [II.

Le droit ne s'établit pas contre les individus, mais à partir d'eux et pour eux] La critique par Rousseau du droit du plus fort chez Hobbes (au début du Contrat social) le montre bien : il n'y a nuldédommagement possible pour qui renonce à tout.

Il serait insensé de penser que le passage à l'état civil procèdeuniquement d'un renoncement.

Le pacte social repose sur un calcul d'intérêts : je délègue certes une certainepropension à faire prévaloir mes intérêts personnels sur ceux des autres, mais je gagne en retour l'assurancequ'autrui fera de mêmeMais il y a plus chez Rousseau.

En quittant l'indépendance, l'homme gagne l'autonomie, c'est-à-dire la capacité dese prescrire à lui-même des lois tirées de la seule raison.

Or la raison est commune à tous ou n'est pas, et il n'existequ'une seule vérité pour chaque chose.

Si chacun s'en sert correctement, il parviendra donc à l'expression du mêmeintérêt que celui de son voisin, et l'individu ne pourra que se retrouver dans le tout.Tel est le principe de la « volonté générale » : ôtez « les plus et les moins qui s'entre-détruisent », et il resteral'intérêt commun, compris comme ce qui est légitime et non seulement légal pour tous.

Il est obtenu à la conditionque chacun ne vote qu'en pensant aussi au bien commun. [Conclusion] Le droit requiert certes que l'on renonce à satisfaire les désirs individuels susceptibles de mettre en péril l'intégritéphysique et morale du tout.

Mais ce faisant, d'une part l'homme se civilise (c'est ce que montre Freud) et, d'autrepart, il est poussé à s'interroger sur ce qui est ou non légitime.

Tous les renoncements se valent-ils et surtout, aunom de quoi abandonne-t-on jusqu'à la conscience de certains désirs (alors refoulés) ? FREUD (Sigmund). Né à Freiberg (Moravie), en 1856, mort à Londres en 1939. Agrégé de neuropathologie en 1885, il suivit à Paris les cours de Charcot et s'intéressa à l'étude de l'hystérie.

Il. »

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