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Freud : Le sexe et l'inconscient

Publié le 22/03/2015

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L'un et l'autre n'ont cessé d'affirmer, et ce bien avant Freud, que la part consciente de notre vie psychique ne représentait jamais que la pointe émergée de l'iceberg, tout un monde inconscient se cachant derrière cet épiphénomène --- ou ce «phénomène superficiel«, dit Nietzsche --- qu'est la conscience.

 

Si Freud exagère un peu (et même beaucoup...) le caractère inédit de sa prétendue «découverte«, c'est qu'il pense, lui, apporter quelque chose de radicalement nouveau par rapport aux philosophes, fussent-ils des philosophes de l'inconscient comme Schopenhauer et Nietzsche : à savoir la différence entre le «préconscient« et l'inconscient proprement dit, c'est-à-dire, nous allons voir pourquoi dans un instant, ce que Freud nomme l'inconscient «dynamique«.

 

Le refoulement constitue en cela le premier concept clé, directement lié à la notion d'inconscient dynamique.

 

En clair, il s'agit de ces souvenirs pénibles, souvent des souvenirs d'enfance, que l'on a chassés de la conscience avec beaucoup de force et d'insistance une fois le «surmoi« formé (c'est-à-dire l'instance qui incarne en nous les interdits moraux, les tabous fixés et inculqués par les parents et par la société).

 

Freud distingue dans tout sujet humain trois parties, et ce sont les conflits entre ces trois instances de la personnalité qui seront à l'origine des névroses et des psychoses, le déchirement qui s'installe entre elles étant le principal facteur d'apparition de l'angoisse.

 

La première instance est le «ça« (en allemand, Das Es), qui correspond à ce que Freud appelle la «libido« [1], les deux termes étant plus ou moins équivalents.

 

La plupart du temps, le surmoi de l'adulte réprouve la libido --- pas toujours et pas tout entière, fort heureusement, mais assez souvent et en assez grande partie quand même ---, de telle sorte que de nombreux conflits psychiques surviendront entre le ça et le surmoi.

 

L'angoisse est toujours l'effet d'un déchirement non réglé de la personnalité : on est angoissé quand le conflit entre le ça et le surmoi n'est pas résolu et, au fond, on pourrait presque dire que la culpabilité est le stade conscient de l'angoisse.

 

Et commençons par le commencement : l'analyse des lapsus et des actes manqués, le lapsus n'étant lui-même qu'un cas particulier d'acte (verbal) manqué [3].

 

Les lapsus viennent souvent se loger dans des mots déformés, des mots qui n'ont pas de sens grammaticalement parlant, du moins dans un dictionnaire...

 

et qui pourtant sont tout à fait sensés pour ceux qui les entendent, et même plus sensés que des mots normaux!

 

Un des exemples donnés par Freud est celui d'un homme de condition modeste qui rencontre un millionnaire, un grand bourgeois, un homme important qui, malgré la distance sociale qui les sépare, le traite avec des égards, avec délicatesse et respect, comme s'ils faisaient partie du même monde.

 

L'homme modeste, très touché que ce personnage de haut rang l'ait pris en considération, s'exclame tout joyeux : «Ah, il m'a traité de manière tout à fait famillionnaire!«

 

Dans le dictionnaire, le mot «famillionnaire« n'existe évidemment pas : sur un plan grammatical, morphologique, il n'a strictement aucun sens.

 

Néanmoins, tout le monde comprend immédiatement ce qu'il signifie, et tout le monde saisit qu'en vérité, loin de n'avoir aucun sens, le mot en possède en réalité deux, puisqu'il suggère à la fois le millionnaire et le familier.

 

En disant qu'il a été traité de manière «famillionnaire«, notre homme veut dire que le millionnaire l'a considéré de manière familière.

 

Gardez bien cette idée à l'esprit : un lapsus, dénué de sens d'un point de vue grammatical, peut s'avérer plein de sens, il en est même «bourré«, étant plus signifiant qu'un mot ordinaire : cela peut paraître banal à première vue, mais il y a en filigrane, derrière cette interprétation pourtant très simple du lapsus, un thème philosophique de première profondeur : l'idée, comme chez Hegel ou Spinoza, que le réel est de part en part rationnel, puisque même ce qui paraît irrationnel et dénué de sens est en vérité explicable et sensé.

 

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