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Gustave Singier

Publié le 26/02/2010

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Yvon Taillandier parle en ces termes de la peinture de Singier : "Pourquoi les peintures de Singier — quels que soient leurs titres — m'évoquent-elles toujours l'image double et, semble-t-il, contradictoire, d'une campagne paisible et d'un volcan ? Certes, la partie paisible de l'image, l'aspect calme, ordonné, je me l'explique. Singier ne dit-il pas lui-même : "Je veux créer, dans mes tableaux, un espace vivable ?" Et cette intention, il ne fait aucun doute qu'il la réalise. Quand, par exemple, entre 1941 et 1946, il pratique, avec quelques autres, ce style qu'un peu partout en Europe on imitera et qui est une des premières causes de sa célébrité, ce qu'il exprime alors, c'est déjà une volonté d'ordre et de paix. "A ce moment-là", remarque-t-il, "je subis l'influence du fauvisme et particulièrement de Matisse, du cubisme et notamment de Braque et de Picasso, mais aussi de Bonnard". Or, Bonnard est un intimiste comme Braque. Dans l'agressivité de Picasso, ce que Singier retient est compatible avec l'idée d'ordre. Quant à Matisse, il n'a jamais caché son désir de susciter la joie. Bref, la peinture de Singier, à cette époque, parle incontestablement de bonheur et de paix. Et plus tard aussi. Quand, à partir de 1947, il redécouvre, dit-il, à la fois la liberté et le réel, ce réel est, à vrai dire, féerique. C'est un réel où, par exemple, l'atmosphère est devenue si accueillante que, dans l'air, rien ne tombe, tout semble porté, depuis les masses colorées qui évoquent des montagnes volantes, jusqu'à des lignes qui flottent comme des fils de la Vierge. Et, quand on demande à Singier les influences qu'il a subies et les peintures qu'il aime, il énumère une série d'artistes dont la majorité, par le style — sinon par les sujets — suggèrent l'idée d'une discipline pacifique : les minutieux primitifs flamands, Jean van Eyck, Memling ; le monumental Giotto, le précis Paolo Uccello, Clouet, Fouquet ; plus tard, Vermeer de Delft ; plus près de nous, Seurat et Matisse qui ont, pour lui, une importance capitale, et aussi Fernand Léger, ce portraitiste de la puissance sereine. Certes, il reconnaît avoir subi l'influence de peintres dynamiques, comme Rubens et Renoir ; mais ce sont là des avocats de la vitalité heureuse ; leur tumulte, dans la paisible campagne dont je rêve à propos de Singier, est bien moins perturbateur que le silence du volcan.

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