Hegel: L'histoire peut-elle libérer l'homme ?
Publié le 16/03/2006
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• Quel est l'enjeu de ce texte ? Faire apparaître « la caducité en général et se lamenter » ? Justifier l'idée de «destin »? Justifier une position « égoïste » (ou « altruiste »)? Ou d'autre chose ? Qu'est-ce que Hegel veut faireapparaître ?• Sur quel(s) présupposé(s) surgit sa question fondamentale ?• En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ?
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 Les malheurs dont l'histoire est remplie sont-ils le fait de la fatalité ?2 Au cours de l'histoire, que deviennent les valeurs morales : l'amour, le bien, la justice ou autre ?3 Pouvons-nous agir pour changer le cours de l'histoire ?
Réponses:
1 - Non, il ne s'agit nullement d'une fatalité, ni d'une nécessité naturelle ; c'est l'action des hommes qui en estresponsable.2 - Elles sont perpétuellement transgressées, bafouées, ce qui suscite l'indignation.
3-Sans doute, puisque ce sontbien les hommes qui agissent dans l'histoire.Cependant, la réaction la plus courante consiste à se désintéresser de ces questionsen se repliant sur une pratique purement privée.
1) Le spectacle de l'histoire provoque un triple mouvement de désolation, qui conduit de la tristesse à l'afflictionpour atteindre la douleur profonde.
Hegel dépeint avec minutie ces étapes.2) Se réfugier dans l'égoïsme (nos affaires, nos buts, nos intérêts) est une solution possible pour échapper à cetteréflexion née de la contemplation des ruines du passé.
1.
Le premier mouvement de tout ce passage marqué par l'emphase oratoire (et la répétition des « lorsque nous »)débouche sur la tristesse que nous, observateurs associés à Hegel, ne pouvons manquer d'éprouver « à la penséede la caducité en général ».Certes , ayant le recul des observateurs qui regardent de loin la suite des événements humains, « nous considérons» ce qui apparaît comme un spectacle.
Ayant le réalisme des observateurs, nous sommes capables de comprendreles mécanismes qui font réellement agir les hommes.
Ici, pas de place à l'entendement, mais le champ est laissé libreaux passions ; pas de mesure, mais le déchaînement.Alors que la raison s'oppose à la passion (et la freine, sinon l'enchaîne), l'histoire nous montre l'association de ladéraison (la folie) et la passion.
Ce qui, somme toute, va de soi.
Mais, plus fou encore, ce qui est bien (les bonnesintentions, les fins légitimes) est perverti par la déraison : ce sont les bonnes intentions et les fins légitimes quiproduisent le mal et l'illégal.
Tout à l'heure nous devinions les hommes dans la multiplicité de leurs actionsindividuelles, maintenant, c'est l'histoire abstraite qui commande et nous considère comme des spectateurs («l'histoire nous met devant les yeux »).
Les personnages du théâtre deviennent des entités : le mal, la corruption desmœurs (« l'iniquité »).
Le décor : la ruine des empires.
L'histoire, avec ses ruines, est toujours plus forte quel'homme avec ses empires.
Enfin nous entendons les plaintes bruyantes (« les lamentations ») des individus quipleurent sur la ruine de leurs cités, tout comme Jérémie pleurait sur la destruction de Jérusalem par les Chaldéens.La contagion des cris de douleur, présents ici-même (« nous l'entendons »), est plus forte que le spectacle.
Nous-mêmes ne pouvons « qu'être remplis de tristesse ».
C'est le moment de la réflexion, nourrie des mouvementsprécédents, exprimant la pensée la plus générale : tout menace d'être ruiné.
Cette « pensée de la caducité engénéral » reprend de manière laïque « la vanité des vanités, tout est vanité » de L'Ecclésiaste.Le second mouvement nous conduit à l'affliction morale.
Il désigne les acteurs de l'histoire, d'une part la nature,d'autre part les hommes (avec leur volonté du mal).
D'où un double sentiment humain, d'une part l'affliction morale,d'autre part une révolte.
Il est possible de faire autrement.
Certes nous pouvons pleurer sur les ruines provoquéespar une nature à la fin toujours plus forte que l'homme, mais pour ce qui est de l'homme, et de ses exactions, uneautre histoire est sans doute possible.Bien qu'un instant nous puissions en douter (« si tant est »), le spectacle du monde ne nous a-t-il pas appris qu'iln'y a pas, dans tout ce que nous avons vu, d'esprit du bien.
Alors échapperions-nous à la règle commune.
Oui, sansdoute, les sentiments qui sont les nôtres (tristesse, affliction, douleur) témoignent de notre moralité.Le troisième mouvement, où nous passons du spectacle au tableau, est encore plus terrifiant.
Loin de l' «exagération oratoire » - qui emporterait peut-être l'adhésion, mais qui, manipulatrice, est ici parfaitement inutile – ilsuffit, dit Hegel, seulement (« rien qu'en ») de relater (c'est le propre de l'histoire d'être une relation avecexactitude… Autrement dit, ce qui pourrait être décrit est exact.
Plus de dénonciation de la nature, commeresponsable des ruines.
Mais une accusation portée cette fois uniquement contre l'homme.
Car c'est bien uneactivité humaine qui « inflige » délibérément… Triomphe du mal, avec son cortège de malheurs, du vice sur la vertu,de la perversion contre l'innocence.
Et qui fait de l'histoire un malheur généralisé, où tout est corrompu, puisque lemal, comme la peste, porte tout aussi bien sur les personnes, sur les peuples, sur les États.
Et qui en vise « les plusbeaux échantillons ».
Rien n'est épargné, aussi rien ne saurait nous apaiser.
Au malheur le plus haut répond ladouleur la plus profonde..
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