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HOBBES

Publié le 12/01/2014

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Qu'est-ce qu'une bonne loi? Par bonne loi, je n'entends pas une loi juste, car aucune loi ne peut être injuste. La loi est faite par le pouvoir souverain, et tout ce qui est fait par cepouvoir est sûr, et approuvé par tout un chacun parmi le peuple. Et ce que tout homme veut, nul ne saurait le dire injuste. Il en est des lois de la communauté poli- tique comme des lois du jeu : ce sur quoi les joueurs se sont mis d'accord ne saurait être une injustice pour aucun d'eux. Une bonne loi est celle qui est à la fois nécessaire au bien du peuple et facile à comprendre. En effet, le rôle des lois, qui ne sont que des règles revêtues d'une autorité, n'est pas d'empêcher toute action volontaire, mais de diriger et de contenir les mouvements des gens, de manière qu'ils ne se nuisent pas à eux-mêmes par l'impétuosité de leurs désirs, leur empressement ou leur aveugle- ment; comme on dresse des haies, non pas pour arrêter les voyageurs, mais pour les maintenir sur le chemin. C'est pourquoi une loi qui n'est pas nécessaire, c'est-à-dire qui ne satisfait pas à ce à quoi vise une loi, n'est pas bonne. Hobbes. Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble. 1. Formulez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie. 2. Expliquez : a) « Il en est des lois de la communauté politique comme des lois du jeu ». b) « Une bonne loi est celle qui est à la fois nécessaire au bien du peuple et facile à comprendre. » c) « comme on dresse des haies, non pas pour arrêter les voyageurs, mais pour les maintenir sur le chemin. » 3. Le rôle des lois est-il seulement d'empêcher les hommes de se nuire à eux-mêmes? 24 Sujet 1 CORRIGÉ 1. Danscetexte,ils'agitpourHobbesdedéterminercequedoitêtreuneloipour être une bonne loi. L'idée a pour elle la simplicité de l'évidence : une bonne loi, c'est une loi qui satisfait aux exigences de ce qu'une loi doit être, c'est-à-dire qui en remplit la finalité. De même que la manière la plus simple de définir un marteau, c'est encore de direqu'il s'agit d'un outil destiné à enfoncer des clous, de même ici Hobbes entend définir la loi parle but qui est le sien; or de ce point de vue, il est clair que laquestion n'est pas de savoir ce qu'est une loi juste. Sans doute faut-il expliquer ce point : si la question de la justice des lois ne se pose pas, c'est tout simplement parce qu'il ne saurait y avoir de loi injuste : une loi n'est finalement qu'une « règle revêtue d'une autorité », règle édictée par le souverain (en- tendons par là : le détenteur du pouvoir législatif) à laquelle les sujets acceptent de se soumettre. La loi ne vaut que parce que tous en reconnaissent l'autorité : elle ne tire sa force que de la soumission de chacun. C'est pourquoi Hobbes peut comparer l'ensemble des dispositions légales en vigueur dans une communauté politique don- née, aux règles d'un jeu quelconque : jouer à la belotte, c'est en accepter les règles; on peut fort bien jouer à autre chose, mais si l'on se décide pour ce jeu-là, il serait ab- sur de après coup d'en décréter injustes les règles. Arbitraires, sans doute le sont-elles: elles auraient pu être autres (ce pourquoi d'ailleurs il existe plus d'un jeu!); mais cela ne les rend pas absurdes pour autant - le tout étant de se mettre d'accord. Une fois la décision prise, chacun doit s'y soumettre; en sorte qu'un joueur venant après coup crier à l'injustice serait un sot, ou un inconséquent. Toute loi est donc juste par cela seul qu'elle est loi : demander ce qu'est une loi juste, revient alo...
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« au délit : une loi est bonne, quand elle accom- plit sa fonction, c’est-à-dire d’abord quand elle est « nécessaire au bien du peuple », en d’autres termesquand elledéfend l’intérêtgénéral,et quand elle est« facile à com- prendre », c’est-à-dire quand chacun peut saisir que la défense de l’intérêt général est sa véritable finalité. 25 La liberté Eneffet, « le rôle des lois », ce n’est pas de contraindre les citoyens et « d’empêcher toute action volontaire », en faisant de nous des marionnettes au service du souve- rain : les lois ont pour but de nous protéger et des autres, et de « l’impétuosité » de nos propres désirs.

Loin partant de contraindre la volonté, elles l’épaulent et la sou- tiennent: les lois sont là pour suppléer une volonté trop faible pour pouvoir toujours contrôler nos appétits.

Les haies ne sont pas faites pour empêcher le voyageur de circuler, mais pour faciliter son voyage en l’empêchant de se perdre en chemin; de même une loi sera bonne, quand elle sera « nécessaire », entendons par là qu’elle sera bonne quand elle défen- dra l’intérêt général contre « l’impétuosité » de nos désirs.

Bien souvent en effet, ces derniers nous aveuglent; et tout empressés qu’ils sont à les satisfaire, les gens sans le savoir « se nuisent à eux- mêmes ».

Ce n’est donc pas simplement de la violence tou- jours possible d’autrui que la loi me protège : elledéfend surtoutmes propres intérêts contre moi-même,commeleshaies guidentle voyageurpour l’amenerà bonport, ou comme les règles nous permettentde jouer en donnant un cadre au jeu. 2.

a) Que serait un jeu, dont je pourrais modifier en permanence les règles? Les règles font l’enjeu du jeu : si je m’en excepte,si je triche donc, le jeu perd de fait tout son intérêt.

Que je fasse seul une réussite, en modifiant les règles au fur et à mesure m’assurera peut-être une victoire facile; mais cette dernière me fatiguera, avant que de me distraire.

Lorsqu’il s’agit d’un jeu à plusieurs, les règles deviennent encore plus nécessaires : lorsqu’on joue avec d’autres, chacun entend gagner, en sorte que sans ententepréalablesur ce qu’il estpermis ou nonde faire, le jeu cesserade nousdivertir pour verser dans la querelle.

Il nous faut donc nous mettre d’accord par avance : l’important n’est pas que la règle soit arbitraire (elle l’est toujours par définition); l’important est qu’il y en ait une, qui coupe court à toute contestation, et mette fin paravanceauxpossiblesdisputes.Lesrèglesd’unjeufixentdonclesactionsquiseront autorisées à chacun, elles vaudront pour tous d’égale façon et elles ne tireront leur autorité que de la soumission des joueurs.

Imaginons qu’une société quelconque se décide pour telou tel jeu de cartes; que soudain lesrèglesn’agréentplusaux joueurs: ils changeront alors de divertissement – mais le temps qu’ils jouent, ils devront se soumettre.

Changer les règles de la belotte, ce n’est plus jouer à la belotte, mais à un autre jeu; et ce jeu fût-il autre, il aura encore des règles, qui comme les précédentes ne tiendront qu’aussi longtemps que la volonté des joueurs les fera tenir.

Or, selon Hobbes, il en va exactement de même pour les lois : les lois ne sont que des règles édictées par le souverain, auxquelles une communauté politique donnée se soumet parce qu’elle accepte de s’y soumettre.

Il n’y a, en fait, de soumission que volontaire : il n’y a pas plus de sens à parler de lois injustes, que de prétendre que le tarot est un jeu plus équitable que la belotte,lors même que les joueurs ont décidé de jouer à la seconde.

Jouer à un jeu, c’est en accepter les règles; de même,être membre 26 Sujet 1. »

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