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Hobbes

Publié le 01/11/2019

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De même qu'il y eut des plants de blé et de vigne en petite quantité, dispersés dans les champs et les bois, avant que les hommes ne connaissent leurs vertus, ou ne les utilisent pour se nourrir, ou ne les plantent à part dans des champs et des vignobles, à une époque où ils se nourrissaient de glands et buvaient de l'eau, de même, il y eut, dès le commencement, diverses spéculations vraies, générales et profitables, comme les plants naturels de la raison humaine. Mais elles ne furent d'abord que peu nombreuses; les hommes vivaient sur une expérience grossière, il n'existait aucune méthode, c'est-à-dire qu'on ne semait ni ne plantait la connaissance seule, séparée des mauvaises herbes et des plants courants de l'erreur et de la conjecture. Et la cause de cela était le manque de loisir chez des hommes qui devaient se procurer ce qui était nécessaire à la vie et se défendre contre leurs voisins, et il était impossible qu'il en fût autrement tant que ne furent pas érigées de grandes Républiques. Le loisir est la mère de la philosophie, et la République la mère de la paix et du loisir. C'est là où apparurent de grandes cités florissantes qu'on étudia en premier la philosophie. Hobbes, Léviathan For as there were plants of corn and wine in small quantity dispersed in the fields and woods, before men knew their virtue, or made use of them for their nourishment, or planted them apart in fields and vineyards; in which time they fed on acorns and drank water: so also there have been diverse true, general, and profitable speculations from the beginning, as being the natural plants of human reason. But they were at first but few in number; men lived upon gross experience; there was no method; that is to say, no sowing nor planting of knowledge by itself, apart from the weeds and common plants of error and conjecture. And the cause of it being the want of leisure from procuring the necessities of life, and defending themselves against their neighbours, it was impossible, till the erecting of great Commonwealths, it should be otherwise. Leisure is the mother of philosophy; and Commonwealth, the mother of peace and leisure. Where first were great and flourishing cities, there was first the study of philosophy. Hobbes, Leviathan, chapter XLVI Analyse du texte de Hobbes extrait de Léviathan En italique et en gras sont rappelés les idées et les arguments du texte du point de vue de leur contenu. Soulignées sont les fonctions logiques des parties, sous-parties et autres propositions. Encadrés sont les connecteurs logiques mais aussi les notions qui appelaient des définitions. Il convient évidemment de ne jamais mener une analyse formelle ou logique gratuite c’est-à-dire que vous n’exploiteriez pas du point de vue du sens, du fond de l’argumentation. Pour expliquer, il convient de se demander ce que l’auteur a voulu dire et, à cette fin, il faut essayer de se mettre dans la situation qui est décrite dans le texte puis de prendre du recul par rapport à cette mise en situation, de se demander ce qu’elle représente ou comment se la représenter, ce qu’elle implique, etc. I. Analogie entre les plants de ...
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« 2 peut aussi désigner « l’instruction acquise par l’usage de la vie » et, de nos jours encore, l’expérimentation.

Ce qui distingue l’expérience grossière de l’expérience instruite est sans doute ce qui sépare, d’après l’article « Expérimental » de l’ Encyclopédie , la simple observation , passive, accumulatrice de l’expérience proprement dite, qui questionne la nature et la presse de répondre. Mais aussi un manque de méthode explique cette inefficacité de l’expérience et le peu de développement de la connaissance. Ces réflexions ne sont pas exploitées de manière mét hodique (« aucune méthode »), c’est -à-dire selon des règles destinées à produire des effets utiles, mais elles ne sont exploitées que de manière improvisée ; elles ne sont pas cultivées pour elles -mêmes mais sont encore confusément présentes dans des disco urs qui mélangent « erreur » et « conjecture » c’est -à-dire de simples présomptions ou supputations sans véritables certitudes, probablement comme les mythes mélangent l’imaginaire au réel.

Une nouvelle fois, Hobbes renforce la comparaison entre la nature et la raison grâce à une métaphore introduite par la locution « c’est -à-dire » (« on ne semait, ni ne plantait la connaissance … ») qui indique qu’il n’y avait pas d’école destinée à cultiver cet exercice de la raison. II.

Explication et déduction : le l oisir apparaît donc nécessaire à la naissance de la philosophie comme usage de la réflexion et seule la République a pu mettre en place les conditions nécessaires à ce loisir. 1) L’explication (clairement annoncée par « Et la cause de cela étant ») de ce n on-développement de la raison humaine. L’inexploitation de leur raison par les hommes résulte de leur « manque de loisir », c’est -à-dire de temps libre, de temps libéré des contraintes nécessaires à la survie .

Hobbes précise d’ailleurs dans une subordonnée relative quelles sont ces contraintes qui accaparent tous les efforts de l’homme : - « se procurer ce qui était nécessaire à la vie » : un abri, boire, manger, autrement dit satisfaire les besoins corporels naturels et nécessaires - « et se défendre contre le urs voisins » : garantir l’intégrité des corps et des biens contre les autres, menace aussi bien interne à un groupe qu’extérieure à lui, que venue d’un autre groupe 2) La condition nécessaire du loisir (lui -même nécessaire à l’exercice de la raison d’après H obbes ) est l’érection de grandes Républiques. En effet, une république au sens générique du terme est une organisation politique dans laquelle les institutions et le gouvernement se préoccupent des affaires de tous, réglementent les activités et les action s des citoyens.

On peut donc s’attendre à ce que une république même si elle est une monarchie voire une tyrannie garantisse au moins au peuple la sécurité intérieure et extérieure, soucis qui n’inquièteront plus alors les citoyens.

En outre les « grandes Républiques » sont en même temps des cités « florissantes » dans lesquelles la production des biens nécessaires à la survie et même au confort est rendue possible et incitée par la « paix » favorable au commerce et assurée grâce à une division sociale du t ravail qui augmente le rendement et oblige à des échanges.

Ainsi cette République peut apporter la paix (grâce à une législation, une police, une armée et une justice) et le loisir (grâce à une production économique plus rentable). 3) Synthèse sous la forme d ’un raisonnement par transitivité. a) Rappel des prémisses du raisonnement .

« Le loisir est la mère de la philosophie », « mère » ici insiste sur le fait que le loisir est la condition qui, par l’oisiveté et la tranquillité d’esprit, nourrit la réflexion, acc roît son questionnement, après en avoir permis la naissance, tout comme l’organisation républicaine du pouvoir accouche de la paix qui, associée à l’essor de l’économie, permet le loisir : « et la République la mère de la paix et du loisir ».

b) Conclusion .

Elle s’impose alors d’elle -même , comme déduite des prémisses précédentes mais aussi comme un constat historique : « C'est là où apparurent de grandes cités florissantes qu'on étudia en premier la philosophie ».

Hobbes semble lier la notion politique de Rép ublique (« cités ») au succès économique, commercial et culturel (« florissantes ») d’un Etat.

Nous avons justement montré un peu plus haut en quoi l’organisation politique qui garantit la paix permet du même coup l’essor économique et commercial et le ray onnement culturel (et c’est sans doute parce que l’Europe moyenâgeuse était politiquement si tourmentée qu’elle connut une période de déclin économique, commercial et culturel. Problématisation et pistes pour approfondir l’explication : Toutefois, la Rép ublique enfante -t-elle la philosophie, réflexion critique et autonome alors qu’elle conduit le citoyen à un conformisme social et culturel sous peine d’être un marginal incapable de s’intégrer et devant supporter le rejet de ses semblables voire sous peine de passer pour un ennemi de l’Etat ? Toute République est -elle propice à ce développement d’une réflexion autonome et critique ? De plus, la République enfante -t-elle le loisir ? Les conditions de vie dans une société moderne par exemple ne contraignent - elles pas l’homme à travailler plus qu’il n’est nécessaire pour vivre et d’une manière générale à se conformer à un mode de vie où finalement ses soucis sont accaparés par des choses inutiles mais devenues essentielles (réussite sociale, enrichissement, sur consommation, etc) ? La vie dans une société primitive, contraignante par ses traditions, sans cesse en proie aux affres d’une survie précaire, n’est - elle pas pourtant moins étouffante, moins angoissée, libérée des contraintes inutiles mais accablantes de la société démocratique où règnent les lois du commerce , de la rentabilité et du profit ou libérée encore des contraintes d’une tyrannie où règnent la peur des autres hommes et l’aliénation ? Hobbes par ailleurs tente de démontrer que le loisir enfante la philosophie .

Mais ne démontre -t-il pas plutôt et seulement que. »

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