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HOBBES ET LA LIBERTE NATURELLE

Publié le 04/04/2005

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Hors de l'état civil, chacun jouit sans doute d'une liberté entière, mais stérile ; car, s'il a la liberté de faire tout ce qu'il lui plaît, il est en revanche, puisque les autres ont la même liberté, exposé à subir tout ce qu'il leur plaît. Mais, une fois la société civile constituée, chaque citoyen ne conserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre bien et vivre en paix, de même les autres perdent de leur liberté juste ce qu'il faut pour qu'ils ne soient plus à redouter. Hors de la société civile, chacun a un droit sur toutes choses, si bien qu'il ne peut néanmoins jouir d'aucune. Dans une société civile par contre, chacun jouit en toute sécurité d'un droit limité. Hors de la société civile, tout homme peut être dépouillé et tué par n'importe quel autre. Dans une société civile, il ne peut plus l'être que par un seul. Hors de la société civile, nous n'avons pour nous protéger que nos propres forces ; dans une société civile, nous avons celles de tous. Hors de la société civile, personne n'est assuré de jouir des fruits de son industrie ; dans une société civile, tous le sont. On ne trouve enfin hors de la société civile que l'empire des passions, la guerre, la crainte, la pauvreté, la laideur, la solitude, la barbarie, l'ignorance et la férocité ; dans une société civile, on voit, sous l'empire de la raison, régner la paix, la sécurité, l'abondance, la beauté, la sociabilité, la politesse, le savoir et la bienveillance. HOBBES

 

Dès le début du XVIème siècle, une crise religieuse entraîne la remise en question de la légitimité du pouvoir et de l'organisation de la société. Ce qui est remis en cause c'est bien l'obéissance qui vient d'une perte de valeur. C'est pourquoi des penseurs comme Hobbes, Spinoza, Rousseau se sont efforcés de construire une théorie rationnelle de l'état. Il s'agit dans ce texte de montrer que la société civile est la meilleure solution, qu'elle apporte paix et bonheur. Comment Hobbes s'y prend-il? Qu'est-ce qui permet de dire que la société est meilleure? Meilleure à quoi?

Il est possible de décomposer le texte en trois grandes parties : dans la première, Hobbes établit des contradictions au sein même des phrases, le rythme est rapide, puis dans une deuxième partie il décrit l'état "hors de la société civile" plus longuement, avant de s'attarder sur "l'ordre du gouvernement".

 

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« C'est ainsi, par exemple, que Rousseau opère dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : il faut, écrit-il dans sa préface, examiner l'homme par la pensée et ainsi "démêler ce qu'il tient de son propre fonds d'avec ce que les circonstances et ses progrès ont ajouté ou changé à son état primitif". Ce qui ressort de ce premier mouvement, c'est bien la différence entre un état où l'individualité n'est pas protégée, ni favoriséealors que dans la société, la multitude des hommes permet la sécurité, l'abondance. II L'état de nature comme règne des passions Hobbes s'oppose à la tradition aristotélicienne selon laquelle l'homme est un animal naturellement social. En absence de société civile, les hommes s'affrontent en raison même de leur nature.

Chaque individu, possédant par nature lesmêmes forces, les mêmes besoins, le même droit de se défendre, cherche à atteindre ses fins : la conservation et mêmel'agrément.

Donc "les passions règnent." Or dit Hobbes, dans le Léviathan, " si deux individus désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tousles deux, ils deviennent des ennemis." Les individus sont donc autant de forces se redoutant mutuellement et la défiance engendrela guerre.

L'état naturel est donc un état de "guerre éternelle" qui est la conséquence nécessaire des passions naturelles deshommes et, par conséquent, à cet état tout est préférable : "nous ôtent toutes les douceurs de la vie".

La vie ne vaut pas d'êtrevécue dans cet état.

On ne saurait payer trop cher pour mettre fin à la guerre, même s'il faut, pour cela, renoncer à la liberté. III Le gouvernement est le domaine de la raison Seul un artifice qui est le contrat permet de sortir de cet état de guerre.

Ce contrat est un acte rationnel par lequel chacun cède ledroit qu'il a sur toutes choses, reconnaissant que c'est ce qui fait son malheur et qu'en agissant ainsi, il fait cesser la guerre.

L'étatrésulte donc de cette cession du pouvoir du plus grand nombre à un seul homme ou à une seule assemblée, que Hobbes compareau Léviathan biblique( voir Livre de Job, ancien testament).

" mais dans l'état, cette puissance n'appartient qu'à un seul." Il n'y aplus qu'un seul homme qui désormais peut contraindre toutes les autres volontés individuelles. Le rôle de l'État sera donc non pas de rendre l'homme vertueux, mais de sauvegarder son droit naturel à la vie.

Par ailleurs la "viebonne" que les hommes espèrent atteindre en se regroupant dans une société civile n'est pas une vie d'excellence définie de façonmorale et téléologique, mais une vie confortable, qui constitue la récompense du dur labeur : "dans un État, rien ne manque à ceuxqui s'évertuent".

La fonction de l'État sera par conséquent aussi d'assurer aux citoyens, autant qu'il est possible, confort.

Ellepermet même aux hommes de retrouver le plaisir de vivre ensemble " on goût les charme de la conversation." "et nous ne vivonsplus ignorants des lois de l'amitié." Hobbes est donc l'un des premiers a comprendre la nécessité de revenir à un état de nature, un état "hors société" pour refonderla légitimité du pouvoir et de l'état.

Pour lui, les hommes, par nature et en l'absence de tout pouvoir coercitif, poursuivent lasatisfaction de leur passion et sont enclins à la guerre de chacun contre chacun.

Tous ont en effet la liberté et le droit de faire cequ'ils ont envie.

L'état de nature est un état de peur perpétuelle et la méfiance empêche aux hommes de se côtoyer.

La viedépérit. Par un acte volontaire et rationnel, les hommes préfèrent par un contrat social, déléguer leur force à un pouvoir souverain dont latâche est de maintenir coûte que coûte la paix civile et assurer le droit à la vie de chacun. Hobbes est considéré, avec Machiavel , comme le fondateur de la politique moderne.

Contemporain de la Révolution anglaise du XVII ième siècle, Hobbes sera frappé de la violence de la guerre civile et des conséquences désastreuses de la vacance du pouvoir.

Au chapitre XII du « Léviathan », il écrit : « Il apparaît clairement par là, qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont danscette condition que l'on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de chacun contre chacun. » L'expérience inédite qu'est la Révolution va amener Hobbes à se faire le théoricien d'un pouvoir fort, de l'absolutisme. Hobbes appartient au courant dit du « droit naturel » qui rompt avec les conceptions politiques traditionnelles.

L ‘héritage antique affirmait avec Aristote que « l'homme est un animal politique » et assurait la prééminence de la communauté sur l'individu.

L'héritage chrétien, le droit divin, interdisaient toute contestation del'autorité politique, laquelle était censée venir de Dieu. La Réforme religieuse de Martin Luther au XVI ième ébranle la tradition catholique et rejette le pouvoir qu'exerçait le pape non seulement sur les Eglises, mais aussi sur les Etats.

La philosophie de Descartes fait du passé table rase et place la conscience, l'homme conçu comme volonté autonome, au centre de l'univers.. »

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