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Hobbes - Léviathan - chapitre 13 (commentaire): C'est pourquoi tout ce qui est conséquence d'un temps de guerre, où chacun est ennemi de chacun, est aussi conséquence du temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle que leur fournissent leur propre force et leur propre invention

Publié le 08/07/2018

Extrait du document

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 « Donc, toutes les conséquences du temps de guerre où chacun est l’ennemi de chacun, sont les mêmes que celles du temps où les humains vivent sans autre sécurité que celle procurée par leur propre force, ou leur propre ingéniosité. Dans une telle situation, il n’y a de place pour aucune entreprise parce que le bénéfice est incertain, et, par conséquent, il n’y a pas d’agriculture, pas de navigation, on n’utilise pas les marchandises importées par mer, il n’y a ni vastes bâtiments, ni engins servant à déplacer et déménager ce qui nécessite beaucoup de force ; il n’y a aucune connaissance de la surface terrestre, aucune mesure du temps, ni arts ni lettres, pas de société ; et, ce qui est pire que tout, il règne une peur permanente, un danger de mort violente. La vie humaine est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève ». Thomas HOBBES, Léviathan (trad. française G. Mairet), chapitre 13 : « De la CONDITION du genre humain à l’état de NATURE, concernant sa félicité et sa misère ».

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« C'est pourquoi tout ce qui est conséquence d'un temps de guerre, où chacun est ennemi de chacun, est aussi conséquence du temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle que leur fournissent leur propre force et leur propre invention. Dans cet état, il n'y a point de place pour l'industrie, parce que le fruit en est dès lors incertain: et en conséquence pas de culture de la terre; ni navigation, ni usage des marchandises susceptibles d'être importées par mer; pas de bâtiment spacieux; pas d'instrument pour mouvoir, enlever ce qui à cette fin requiert beaucoup de force; pas de connaissance de la surface de la Terre; pas de computation du temps; pas d'arts, pas de lettres, pas de société; et ce qui est le pire de tout, une crainte et un risque de mort violente continuels. La vie de l'homme est solitaire, malheureuse, pénible, bestiale et brève. » HOBBES.

Introduction

Serpent marin monstrueux, le « Léviathan » est un animal décrit dans la « Bible ». Thomas Hobbes choisit cette figure mythologique pour représenter l’Etat tel qu’il le conçoit idéalement : régnant tout puissant sur la société des hommes. Cet extrait du chapitre XIII s’attache particulièrement à la description de la condition naturelle des hommes, cet état (hypothétique et non historique) dans lequel les hommes ne sont gouvernés que par leur pulsions et instinct de conservation. L’enjeu de passage est ici de montrer comment Hobbes a abouti à cette conclusion d’une anthropologie pessimiste.

 

Développement

 

Hobbes commence cet extrait en indiquant que l’état naturel des hommes est une situation de guerre de « chacun » contre « chacun ». L'état de nature représente ce que serait l'homme en l'absence de tout pouvoir politique et par conséquent de toute loi. Situation de l’homme « tel qu'il a dû sortir des mains de la Nature ». Il est construit en enlevant tout ce que la société apporte à l'homme dans tous les domaines : social, politique, économique, moral et intellectuel. Un travail de négativité, une opération de soustraction. L’état de nature n’est pas un commencement historique, mais un résultat hypothétique. Cet état de nature n'a, bien sûr, jamais existé mais est une hypothèse philosophique opératoire et féconde, une construction de l'esprit qui vise à comprendre par différence ce que nous apporte l'existence sociale et politique. 

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« En cet état de nature ou pré -politique, les hommes sont égoïstes et ne recherchent que leur satisfaction individuelle.

Dans cet état, les hommes sont gouvernés par le seul instinct de conservation - que Hobbes appelle « conatus ».

L'homme est d'abord et avant tout mû par l'amour de soi.

Les hommes y sont égaux car le plus faible peut menacer la sécurité du fort.

Ce qui caractérise l’état de nature, c’est donc la méfiance et la défiance mutuelles et la « guerre où chacun est ennemi de chacun ».

Chacun doit vivre sur ses gardes car le plus faible a toujours assez de force pour tuer le plus fort. L’état de nature est un état de risque permanent, un état d’insécurité, d’angoisse, de peur de la mort.

L'homme est exposé en permanence au pire de tous les maux, c'est -à-dire à la mort violente du fait d'autrui.

La guerre n’est pas un événement fortuit, elle est un état permanent comme la pluie en Angleterre ! La violence n’ est pas un accident (donnée chronologique), elle est un état permanent de l’:istoire.

Même le moins belliqueux des hommes ne peut en effet se protéger qu'en anticipant une possible agression, si bien que, comme le veut le proverbe, « la meilleure défense e st l'attaque ».

Les hommes vivent sans sécurité sinon celle, toujours précaire, que « leur fournissent leur propre force et leur propre invention », c’est -à-dire leur force physique et leur ruse.

Effectivement, la question «comment se préserver de ce redoutable concurrent qu’est l’autre?» ne connaît qu’une seule réponse dans l’état de nature: le calcul guerrier, s’imposer à l’autre par la force ou par la ruse.

Force et ruse sont les conditions de la survie individuelle dans un monde où « tout est permi s ». Mais, l’égalité naturelle des hommes fait que personne ne peut dominer durablement les autres.

Dans l'état de nature, les différences entre les hommes ne sont pas telles qu'elles puissent fonder aucun rapport stable de domination comme le dit Rousseau , « le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître » (« Du Contrat Social »). Dans la deuxième phrase de cet extrait, Hobbes décrit plus précisément la situation des hommes à l’état de nature.

Les hommes ne pouvant rien posséder durablem ent vivent aussi dans une grande misère, et l'économie se trouve réduite au néant.

À défaut de loi ou d'accord entre les hommes, il n'y a pas de propriété et personne n'a assez de force pour défendre durablement le fruit de son travail, donc personne ne tr availle, personne n’échange avec personne.

Les hommes vivent dans un état de quasi -animalité, sans « agriculture », sans industrie (« entreprise »), sans échange (« navigation »), sans connaissance de l’espace (« aucune connaissance de la surface terrestre ») et du temps (« aucune mesure du temps »), sans culture (« ni arts ni lettres ») et sans sociabilité (« pas de société »). Dans cet état, tout ce qui est possible à chacun est permis, le droit de chacun est mesuré par sa « force » = chacun fait ce qu’il veut ou plus précisément ce qu’il peut.

La force détermine le droit.

Naturellement égoïste et violent, chacun ne voit en l’autre qu’un adversaire, un obstacle à éliminer ou un partenaire dont jouir.

« L’homme est un loup pour l’homme », il ne peut pas viv re en amitié, en concorde avec ses semblables.

L’homme est naturellement l’ennemi de l’homme.

=l « règne une peur permanente, un danger de mort violente ».

L’état de nature est donc un état d’insécurité, d’angoisse, de peur de mourir de mort violente.

Chac un craint d’être tué par un ou plusieurs autre(s) plus fort(s) ou plus rusé(s). Dans cet état de guerre, l’agressivité est permanente et réciproque.

:obbes nous décrit une lutte pour la survie.

Vivre de telle manière c'est plutôt survivre que vivre.

Si bie n que « la vie de l'homme est solitaire, malheureuse, pénible, bestiale et brève» :. »

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