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HOBBES: paix et sécurité

Publié le 04/04/2005

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La cause finale, le but, le dessein que poursuivent les hommes, eux qui par nature aiment la liberté et l'empire exercé sur autrui, lorsqu'ils se sont imposé des restrictions au sein desquelles on les voit vivre dans les républiques, c'est le souci de pourvoir à leur propre préservation et de vivre plus heureusement par ce moyen : autrement dit de s'arracher à ce misérable état de guerre qui est, je l'ai montré, la conséquence nécessaire des passions naturelles des hommes, quand il n'existe pas de pouvoir visible pour les tenir en respect, et de les lier, par la crainte des châtiments, tant à l'exécution de leurs conventions qu'à l'observation des lois de nature. La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi de les protéger de telle sorte que par leur industrie et les productions des biens de la terre, ils puisent se nourrir et vivre satisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou à une seule assemblée, qui puisse réduire toutes leurs volontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté. Cela revient à dire : désigner un homme ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoue et se reconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et la sécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun par conséquent soumette sa volonté et son jugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée. Cela va plus loin que le consensus ou la concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne, unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme si chacun disait à chacun : j'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière. Cela fait, la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une République, en latin Civitas. Telle est la génération de ce grand Léviathan, ou plutôt pour en parler avec plus de révérence, de ce dieu mortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. HOBBES
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« savoir comment le passage de l'état de guerre à celui de paix devient théoriquement possible, puisque les hommessont tenus de se méfier même et surtout des propositions de paix venant de leurs congénères. Point connaissanceAjoutons que chez Hobbes, l'État n'est pas mis en place pour protéger la propriété privée, comme ce sera le caschez Locke, mais qu'avec l'État hobbien naît aussi la propriété individuelle.

En sorte que l'on peut dire que l'Étatpermet l'avènement de l'homo privotus.

Bref, ce que Hobbes a bien en vue de dégager c'est que l'égoïsme naturel,mais bien compris, trouve son expression achevée dans la communauté sociale et politique.

Il n'est pas faux de direà ce compte (expression qui retiendra toute l'attention de Hegel et par suite celle de Marx) que la société civile estl'expression de la communauté des égoïsmes. II.

LA QUESTION DE LA REPRÉSENTATIVITÉ POLITIQUE L'état de nature blesse la raison (Léviathan, ch.

XIII) en ce qu'il est sans bénéfice pour personne.

Il faut doncpouvoir en sortir.

Comment ? A.

C'est ici que Hobbes propose une idée extrêmement riche (pour la suite de ce développement nous renvoyonsnotre lecteur à Léviathan, XVI, ainsi qu'un professeur Simone Goyard-Fabre, Le Droit et la loi dans la philosophie deThomas Hobbes, ed.

Klincksieck, 1975, pp.

100-110).

Les rapports de forces sont dans l'impossibilité de dégager unesituation d'autorité par la seule force.

L'idée est de transmettre (de confier, dit le texte) à autrui son pouvoir, ausens où l'on mandate un mandataire pour nous représenter.

Le pouvoir souverain tire sa légitimité de lareprésentativité politique.

L'unique alternative que le rapport de forces mettrait en place est la reconnaissance par «la règle de la majorité », du mandat de toutes les volontés en une seule.

En terme donc de légitimité, la solution aurapport de forces que suscite le pouvoir est le recours à l'élection.

La violence trouve ainsi une issue autre que dansla guerre sitôt qu'on peut désigner un représentant à tous ou à plusieurs.

La politique devient possible par le faitqu'une autorité se constitue en représentation de tous, elle advient dès que le multiple est saisi en un seul.

Sans leconcept de représentation, il ne saurait être trouvée de solution politique à la violence.

Par exemple, la propriétéprivée n'est pas le fait d'une possession physique, mais d'une reconnaissance en droit.

Un titre de propriété estd'abord un « signe », un document stipulant à qui le bien appartient ; l'homo privatus se définit lui aussi dans leslimites de la représentation juridique.

La guerre perpétuelle de tous contre chacun n'a pas seulement pour raison laméchanceté innée des hommes, mais l'impasse que constitue en regard de l'élaboration d'un système decommunauté, l'émergence d'une multiplicité de volontés et d'avis contraires.

La seule façon de tenir cettemultiplicité dans le souci d'une cohésion interne est de recourir à la notion de représentativité.

Au fond, ce quiessentiellement caractérisait l'état de guerre était l'impossibilité pour une volonté de n'être représentée par riensinon par son auteur, c'est-à-dire par la personne physique elle-même, revendiquant cette volonté.

Létat de natureest le règne de l'indépassable multiplicité.

La violence est le fait d'attacher sa parole à soi même et d'être contraintde la faire respecter. B.

« Cela revient à dire...

assemblée ».

La violence est expressive d'une illusion que dénonce d'ailleurs le nominalismede Hobbes.

Du mot à la chose, le rapport est seulement de convention, d'institution, d'autorité (auctoritas).

Auteur(d'une parole) et acteur (celui qui l'énonce) se rejoignent.

La « personne civile est porte-parole, avant elle aucuneparole n'est communément possible.

L'acteur est donc le porte-parole (l'État comme personne juridique et moralemais non physique) d'une multitude d'auteurs qu'il représente.

Mieux, pourrait-on dire, la parole n'existe pas avantl'acte qui la promulgue et l'institue dans une sorte de reconnaissance - et de compréhension - mutuelle.

La parolen'existe pas sans ambiguïté et ambivalence à l'état d'intentionnalité pure et secrète.

La violence à l'état de natureque les hommes se vouent vient de la rivalité de leurs volontés que rien ne permet de faire entendre.

Pire que desenfants, les adultes recherchent une chose et son contraire, ils font généralement peu de cas des promesses qu'ilsse sont faites à eux-mêmes.

C'est pourquoi la cession de ses droits naturels est certes un acte de volonté, mais ilest impératif qu'elle puisse s'accompagner de « signes suffisants ».

Transférer son pouvoir suppose un acte signifiéet seule la parole est en mesure de réaliser ce transfert de façon explicite et publique, sitôt qu'elle désigne « unhomme ou une assemblée pour assumer sa personnalité ».

La parole ne vaut pas par ce qu'elle dit, ni par les « idées» qu'elle développerait, mais par son unique fonction de représentativité.

C'est ainsi qu'elle fédère, c'est ainsisurtout que chacun doit abandonner sa propre manière de juger, eu égard à la relativité indépassable des opinionsde tous, au jugement exprimé par un seul. C.

Cette soumission à l'autorité de l'État ne rétablirait-elle pas, à l'insu de Hobbes lui-même, les termes du rapportde forces entre les arbitres ? L'État risquerait-il en ce cas d'être ni plus ni moins que l'institution d'un système deviolence indépassable ? Absolutisme ou despotisme ?. »

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