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HUME: Supposez qu'un homme…

Publié le 14/05/2005

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Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens. HUME

Quelle est la relation exacte entre la cause et l'effet dont dépendent un si grand nombre des connaissances humaines ? Y-a-t-il dans la cause quelque chose qui permette de comprendre l'effet qu'elle engendre ? Ainsi, la diminution de la température de l'eau contient-elle en elle-même la cause de son effet, qui est la transformation de cette même eau en glace ? Ce n'est bien entendu pas le cas. En vérité, certains philosophes du XVIIe siècle se sont posé la question de savoir d'où venait la capacité de la cause à engendrer l'effet. Ils y répondent par des principes transcendants : c'est Dieu, pour Malebranche, qui fait que la cause est efficace, c'est-à-dire qu'elle engendre un effet. Mais Hume s'interroge sur autre chose. Il se demande pourquoi l'homme croit à cette liaison alors que rien ne nous permet de saisir dans la cause ce qui la relie à l'effet. Il s'interroge donc sur la présence dans l'esprit humain de ce principe de connaissance qu'est la relation de cause à effet.

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« III - LES GRANDES LIGNES DE RÉFLEXION Dans un premier temps, on pouvait expliquer la pensée de Hume. Ensuite, on pouvait déterminer la problématique et faire apparaître le débat de l'empirisme et du rationalisme àl'endroit de la question de la causalité. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE Hume débute par une supposition : celle qu'un homme soit soudain transporté dans le monde.

Une telle hypothèseest typique de la pensée empiriste, puisqu'elle oblige à réfléchir sur la manière dont l'esprit parvient à constituer desconnaissances à partir de sa seule présence au monde. Quand bien même on accorderait à un tel homme la capacité de réfléchir, c'est-à-dire, de s'abstraire de la situationprésente afin de la penser, cette capacité ne trouverait pas à s'employer.

En effet, tout ce que pourrait faire un telhomme, c'est observer une succession d'objets. Peut-on même parler d'objet concernant une succession d'événements ? Au niveau de la pure observation, il n'estmême pas sûr que l'on puisse avoir une représentation stable d'objets. A fortiori, on ne saurait découvrir dans le phénomène de la succession d'événements la relation de causalité qui peutêtre tenue pour sa structure.

Plus généralement, l'observation ne nous fait rien connaître de plus que la successionphénoménale. L'argument de Hume est que nos sens ne nous font pas connaître les pouvoirs ou les forces que régissent lesphénomènes physiques.

L'observation d'un phénomène n'en contient pas la raison. Mais, si nos sens ne nous font pas connaître la raison des faits, le raisonnement seul n'en est pas capable non plus.Hume, dans l'argument exposé, présuppose que le raisonnement ne peut porter que dans les limites de ce que l'onpeut connaître par observation.

Par exemple,jamais la simple raison ne nous permettra de savoir qu'une chose estcause d'une autre au vu d'une simple succession. L'observation est en effet singulière, et la raison d'un fait n'apparaît qu'au terme de sa répétition.

En dehors de larépétition observée d'une succession de phénomènes, rien ne permet d'affirmer que leur succession n'est pasaléatoire, "accidentelle" : il pourrait s'agir d'un simple hasard. Ainsi, aucun raisonnement ne vient suppléer à l'incapacité où est l'observateur d'un phénomène unique d'enconnaître la raison. Hume peut donc conclure : la réflexion et la puissance de raisonner ne sont d'aucun secours lorsqu'il s'agit deconnaître les faits.

Sans la réitération d'une observation ou d'une expérience, la raison ni la réflexion ne trouveraientà s'employer.

Dans les limites d'une expérience singulière, nous ne pouvons être certains que de ce qui estimmédiatement présent à nos sens, ce qui ne fait pas encore une connaissance. Il n'y a de connaissance qu'à partir du moment où notre raison dégage la structure du phénomène, la raison de lamanifestation, et cette opération n'est possible que sur la base d'une expérience ou d'une observation réitérées. On aura reconnu là, à l'occasion d'une réflexion sur la causalité, une idée centrale de l'empirisme.

Ce dernier ne niepas le rôle de la raison dans la connaissance, mais fait apparaître les considérations de son emploi légitime.

Laconnaissance physique n'est le fait ni de l'observation immédiatement, ni de la raison immédiatement. On pouvait ici faire apparaître la nature conflictuelle de la thèse, le rationalisme, qu'il soit cartésien ou kantien,affirmant au contraire que la raison possède un pouvoir de connaître immédiatement à partir d'elle même, y comprisles phénomènes naturels. Par exemple, Kant, sans nier le rôle de l'expérience, considérait que la relation de causalité pouvait être connue parla simple raison, la répétition de l'observation ou de l'expérience n'étant pas requise. V - QUELQUES RÉFÉRENCES POSSIBLES Aristote, Métaphysique alpha.Hume, Traité de la nature humaine pour le traitement des grands principes de l'empirisme.. »

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