Imaginons que vous vous promeniez au Musée d’Orsay avec un camarade, et que vous soyez en extase devant une toile de Courbet, par exemple.
Publié le 17/01/2021
Extrait du document


«
universalité du beau est remise en cause par la sagesse populaire, qui utilise à outrance le dicton bien
connu : " Les goûts (…), ça ne se discute pas ! " … Pourtant maints philosophes se sont risqués à une
définition du beau.
Dans son Hippias Majeur, Platon parle de " ce qui est agréable à la vue et à l’ouïe ".
Plus tard, le philosophe d’Outre-Rhin Emmanuel Kant (1724-1804) affirma dans sa Critique de la
faculté de juger que " le beau est ce qui plaît sans concept ".
Cette ultime définition nous donne des
enseignements précieux.
En effet, elle suggère l’immédiateté de la compréhension et de l’admiration
d’une œuvre d’art.
Le plaisir issu de la contemplation est immédiat, et la perception de la beauté d’une
œuvre d’art n’est pas le fruit d’une opération réflexive et discursive.
Ainsi de toute évidence, la
compréhension de l’art et la perception du beau exigent une mise en œuvre directe et spontanée de la
sensibilité.
Or la sensibilité est une notion très subjective, relative à l’histoire personnelle et aux états
d’âme de l’individu, du " sujet " qui contemple.
Cette sensibilité qui dérive du vécu et de la subjectivité
altère considérablement la possibilité de convaincre autrui qu’une œuvre d’art est belle.
En effet,
convaincre, c’est argumenter, expliquer, s’impliquer pour déclencher une éventuelle réaction,
cependant hypothéquée par l’absence de spontanéité, de compréhension immédiate du sens de la beauté
de l’œuvre d’art en question.
Si notre semblable ne perçoit pas de façon immédiate le beau que peut
contenir une œuvre, alors il nous sera difficile de l’en convaincre !
De surcroît, l’interprétation d’une œuvre d’art s’avère parfois difficile et obscure, et les capacités de
compréhension de l’individu peuvent tout à fait être restreintes.
Pour comprendre une œuvre d’art et en
apprécier la valeur et la beauté, il faut nécessairement partager la vision de l’artiste, percevoir la
dimension qu’il a souhaité donner à son œuvre.
Chaque artiste donne à voir le monde tel qu’il le ressent
! A nouveau, la subjectivité est de rigueur et nous avons donc affaire à une double subjectivité : celle de
l’artiste et celle du sujet-observateur, à savoir deux personnalités plus ou moins éloignées.
Dès lors
nous comprenons rapidement que deux alternatives se présentent et s’opposent : soit l’observateur est
en phase avec l’artiste et partage sa vision du monde, soit il considère ce même artiste comme un
névrosé et s’en va voir un autre tableau.
En tout cas, un observateur en phase avec l’artiste, qui perçoit
toute la beauté de son œuvre, ne pourra jamais convaincre son semblable de cette beauté, si ce dernier
n’a pas la même sensibilité et s’il n’a pu interpréter spontanément la signification de l’autre, ce qui lui
confère sa beauté.
De surcroît, vous avouerez avec nous que de nombreux individus présentent des capacités
d’interprétation, intuitives et sensibles, plutôt limitées… Dans Sens et Non-Sens, le phénoménologue
Maurice Merleau-Ponty affirmait que " l’art est suggestion d’un invisible dans la chair même du monde
".
Pour ceux qui ne prennent en considération que cette " chair même du monde ", il va de soi que "
l’invisible " que suggère l’artiste et qui confère sens et beauté à son œuvre est voué à rester invisible…
Pour certains, le sens et la beauté d’une œuvre ne peuvent qu’être invisibles et il serait vain de vouloir
les comprendre ! Le célèbre peintre espagnol Salvador Dali - tantôt considéré comme un génie, tantôt
comme un névrosé &emdash; déclarait : " quand je vois une pomme et qu’elle est de Cézanne, il ne me
viendrait pas à l’idée de la croquer ! ", critiquant ainsi la conception matérialiste et terre-à-terre que se
font certaines personnes de l’art, sans sensibilité aucune…
La perception de la beauté d’une œuvre d’art requiert une finesse d’interprétation (surtout quand
l’artiste confère un sens philosophique à son œuvre, comme c’est le cas du surréaliste belge René
Magritte).
Il convient de respecter, de prendre en considération et d’essayer de comprendre les.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- EXEMPLE DE COURBET (L’). Louis Aragon (résumé)
- Orsay (musée d').
- Édouard Manet I INTRODUCTION Manet: Tradition and Innovation French impressionist painter Édouard Manet shocked art audiences in Paris with Le déjeuner sur l'herbe (The Luncheon on the Grass; 1863, Musée d'Orsay, Paris), which depicts a nude woman at a woodland picnic.
- Patrimoine: le musée d'orsay et ses politiques (culturelles, économiques et sociales)
- De la Gare au Musée : la fondation du Musée d'Orsay.