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Introduction à la notion de désir

Publié le 05/01/2020

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Dans les conduites individuelles et collectives, le désir ne-peut pas ne pas entrer en contradiction avec d'autres instances de décision et, en particulier, avec la loi. Pourquoi ? Parce que le désir est toujours singulier, subjectif, alors que la loi est nécessaire et universelle (elle doit s'appliquer à tous de la même manière).

Désir et loi ont pourtant une structure commune en ce qu'ils sont prescriptifs : ils indiquent tous deux des conduites à tenir, des choix à opérer. C'est à ce niveau qu'ils peuvent concrètement entrer en contradiction. Le problème est donc d'abord d'ordre moral : il s'agit de savoir à quelle instance se référer pour agir.

Le rappôrt entre désir et loi s'inscrit dans celui, plus fondamental, entre sensibilité et raison. La question est de savoir si une intervention extérieure de la loi sur les désirs, pour les limiter et les orienter, est nécessaire et, surtout, si elle est philosophiquement légitime.

Mesure et démesure du désir

Le rapport du désir et de la loi est d'abord celui d'une mesure, d’une évaluation, par la raison, des orientations subjectives. En grec, logos (« raison ») signifie aussi « proportion » : il s'agit donc de ramener le désir à une mesure acceptable, c'est-à-dire conforme à la nature, afin de bien vivre. C'est le projet d'Épicure, pour qui l'intervention rationnelle consiste en une triple distinction entre désirs naturels et nécessaires, désirs naturels non nécessaires, et désirs ni naturels ni nécessaires.

Le problème n'est ici que d'ordre technique, puisqu'il s'agit de faire en sorte que le désir n'entre pas en contradiction avec lui-même, car à force de tout désirer, on ne. peut non seulement rien obtenir, mais on méconnaît aussi la nature du désir : le désir de tout n'a rien d'un désir. À l'opposé, un désir conforme à la nature étant toujours le résultat d'un besoin d'ordre physique, il est toujours susceptible d'être comblé.

La loi est alors en quelque sorte l'instrument du désir. Elle ne s'oppose pas à lui, mais à sa démesure potentielle. Or, cela repose sur l'idée que le désir n'est pas démesuré par nature, puisque bien au contraire il est la mesure du bien-vivre en tant et seulement en tant qu'il est naturel. Le désir n'est jamais démesuré que du fait de ['opinion, tandis que revenir à son origine corporelle et s'y tenir suffit pour bien faire et surtout bien vivre.

Contre cette idée, Platon montre que le désir sensible est intrinsèquement démesuré, et que celui qui cherche sa satisfaction se condamne à remplir le « tonneau des Danaïdes », alors que celui-ci est percé (Gorgias). Cette essence démesurée du désir a des conséquences morales, puisqu'on assiste à un combat intérieur entre la partie rationnelle de l'âme, qui pose la loi, et la partie désirante, qui se refuse à lui obéir. Le mythe de l'attelage dans le Phèdre montre que dans ce combat, un recours à la force est nécessaire pour rendre la loi effective, mais seule la raison est à même, parce qu'elle connaît le Bien, de dicter au désir ses limites.

Dans le Gorgias, Calliclès s'oppose à Socrate sur ce point, en identifiant la force au désir : la loi n'est qu'une convention imposée par la masse des faibles. Il assume et revendique la démesure du désir comme l'expression

  • Mesure et démesure du désir
  • Désir et liberté

« la nature du désir : le désir de tout n'a rien d'un désir.

À l'opposé, un désir conforme à la nature étant toujours le résultat d'un besoin d'ordre physique, il est toujours susceptible d'être comblé.

La loi est alors en quelque sorte l'instrument du désir.

Elle ne s'oppose pas à lui, mais à sa démesure potentielle.

Or, cela repose sur l'idée que le désir n'est pas démesuré par nature, puisque bien au contraire il est la mesure du bien-vivre en tant et seulement en tant qu'il est naturel.

Le désir n'est jamais démesuré que du fait de l'opinion, tan­ dis que revenir à son origine corporelle et s'y tenir suffit pour bien faire et surtout bien vivre.

Contre cette idée, Platon montre que le désir sensible est intrinsèquement démesuré, et que celui qui cherche sa satisfaction se condamne à remplir le « tonneau des Danaïdes », alors que celui-ci est percé (Gorgias).

Cette essence démesurée du désir a des conséquences morales, puisqu'on assiste à un combat intérieur entre la partie rationnelle de l'âme, qui pose la loi, et la partie dési­ rante, qui se refuse à lui obéir.

Le mythe de l'attelage dans le Phèdre (texte 19) montre que dans ce combat.

un recours à la force est nécessaire pour rendre la loi effec­ tive, mais seule la raison est à même, parce qu'elle connaît le Bien, de dicter au désir ses limites.

Dans le Gorgias, Calliclès s'oppose à Socrate sur ce point, en identifiant la force au désir : la loi n'est qu'une convention imposée par la masse des faibles.

Il assume et revendique la démesure du désir comme l'expression même d'une vie conquérante et véritable contre le pseudo­ bonheur du sage, comparable à celui d'une pierre ou d'un cadavre (texte 20).

Il oppose, à l'idée de suprématie de la loi de la raison, l'idée de vertu comme excellence et comme puissance de satisfaire ses passions.

individuelles, montrant ainsi que le dérèglement est le seul moyen d'accéder au bonheur.

Ce type de discours confirme en définitive contre lui­ même que la loi doit répondre à l'arbitraire du désir, lequel empiète nécessairement sur celui des autres.

En effet, c'est le règne de la violence et de l'impunité qui se trouve légitimé par le biais de l'apologie de la force du désir.

Cela confirme implicitement l'idée selon laquelle l'infini du désir. »

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