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introspection

Publié le 27/12/2012

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file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20documents/Copie...ite%20GREX/textes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm L'introspection comme pratique Pierre Vermersch CNRS URA 1575 LCP ( version française d'un article à paraître au Journal of Consciousness Studies ) Comment accéder de manière réglée à l'expérience subjective ? Comment développer une expertise de l'acte par lequel je peux la connaître ou la reconnaître et fonder une véritable méthodologie reproductible à laquelle il soit possible de former des chercheurs de manière précise et délibérée ? L'idée globale d'une phénoménologie en donne, le sens, en précise le niveau épistémologique, mais n'en fournit pas les savoirs faire, n'en précise pas la pratique, puisque les philosophes qui l'ont fondé et développé (Husserl, Fink, Patocka, Merleau-Ponty, ...) ne l'ont pas explicité et beaucoup de ceux qui s'en réclament aujourd'hui sont plus investis dans l'étude des textes anciens que dans une pratique phénoménologique. La psychologie a établit une longue tradition de méfiance et de rejet de tout ce qui relève du point de vue en première personne. La tradition de la présence attentive donne de nombreuses indications sur les conditions de stabilisation de l'attention permettant de saisir l'expérience subjective (cf Varela et al 1991, Wallace ce numéro) mais sa mise en oeuvre implique un long apprentissage et risque de limiter l'échantillon à quelques sujets bien entraînés. Dans ce contexte, revenir sur l'introspection cela at-il un sens ? Ne serait-ce pas même, le pire choix possible ? Tant de critiques ont été formulés à son encontre, les psychologues l'ont presque totalement bannie de leurs manuels, y a-t-il quelque chose à récupérer ? À moins que ce ne soit l'inverse, que la psychologie ayant commencé par cette entrée, un premier renversement a été de passer au-delà pour établir une approche en troisième personne qui de toute manière manquait, et le second renversement qui se présente est de redonner une place au point de vue en première personne. Simplement la méthodologie en première personne, du fait de l'interdit dont elle a été l'objet n'a pu évoluer normalement et se perfectionner progressivement. Dans cet article, je n'essaie pas de définir ce qu'est l'introspection. Je cherche à préciser comment il est possible d'en perfectionner la pratique, partant du principe qu'il existe un découplage entre la logique du faire et la logique conceptuelle et qu'il n'est pas nécessaire pour pratiquer l'introspection d'en avoir au préalable une connaissance scientifique exhaustive (supposez qu'avant d'étudier la cognition vous deviez d'abord la définir, ou que pour qu'un sujet lise une consigne vous ayez une connaissance totale de la perception). Alors que les innombrables commentateurs de ce que pourrait être l'introspection, semblent ne l'avoir jamais pratiquée et n'ont rien apporté à son développement. Mon but est donc de mettre en évidence les perfectionnements successifs de la pratique de l'introspection quand elle est mise en oeuvre dans un programme de recherche. Mon désir serait d'aller directement à la clarification de la pratique de l'introspection, mais avant d'en arriver là il faut revenir sur l'histoire du développement de l'introspection depuis le début du siècle, et traverser le maquis de toutes les critiques adressées à sa possibilité même. J'ai l'impression, depuis toutes ces années que je travaille à prendre connaissance de la littérature relative à l'introspection, d'avoir été, par moments, absorbé par la dimension négative de toutes ces couches de critiques, jusqu'à en oublier parfois la pratique effective de l'introspection. Faut-il prendre le temps de critiquer les critiques de l'introspection ? file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20do...xtes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm (1 of 29)31/10/2004 16:43:24 file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20documents/Copie...ite%20GREX/textes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm Depuis deux siècles que la liste de ces critiques s'allonge, y en a-t-elle qui ont convaincu ? Trop de bonnes raisons de dénigrer l'introspection rendent ces raisons suspectes ! Après tout, il suffirait qu'une seule soit fondée, les autres ne seraient pas nécessaires ! D'un point de vue un peu radical, prendre le temps de cette discussion est inutile. Inutile d'apporter des justifications, de montrer l'absence de portée de ces critiques, parce qu'aucune dans son principe ne peut emporter la conviction et sur ce point je rejoins la conclusion d'Howe 1991: " Thus it is suggested that if there is an argument against the use of introspection, it has yet to be fond" p25. Pourquoi ? Essentiellement parce que la forme de ces critiques, sensiblement la même depuis deux siècles, cherche à prouver un résultat privatif : impossibilité, inutilité, inefficacité, méprise sur l'acte ou l'objet. Et chercher à prouver l'absence ou l'impossibilité de quelque chose est une entreprise épistémologiquement mal fondée. Si l'on peut montrer qu'une affirmation peut recevoir un déni par le fait d'exhiber un contre exemple, il est difficile, dans le domaine empirique, d'établir avec certitude qu'il ne sera jamais possible de trouver de contre exemples. Seule la capacité de maîtriser l'ensemble des possibles (maintenant et à jamais, sinon ce n'est qu'un sursis) donnerait le pouvoir de démontrer l'impossibilité de l'occurrence d'un type de résultat ou d'événement particulier. La stratégie de recherche visant à prouver l'impossibilité de quelque chose est une perte de temps. Il semble qu'en règle générale il soit bien plus productif de rechercher "dans quelles conditions ... ?", "dans quelles limites ?". Â moins que les arguments qui motivent l'essai de démonstration d'impossibilité soient bases sur tout à fait d'autres raisons que des arguments scientifiques, ce qui semble une constante des "adversaires" de l'étude de l'expérience subjective et de l'emploi de l'introspection. Considérons deux critiques parmi les plus anciennes et les plus tenaces puisque toutes deux viennent de Comte. La première, dénie la possibilité même de l'introspection au motif d'un dédoublement impossible du sujet qui ne pourrait être à la fois au balcon et dans la rue. "L'individu pensant ne saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner. L'organe observé et l'organe observateur étant, dans ce cas, identique, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? Cette prétendue méthode psychologique est donc radicalement nulle dans son principe." (leçon 1, p 34). Au premier degré cette critique reposant sur une représentation matérielle des activités cognitive issue de la phrénologie de Gall peut être écartée comme un simple refus de l'évidence. Cependant, à un autre niveau cette question du dédoublement peut être ressaisie non pas sur le thème de l'impossibilité, mais sur celui des difficultés de penser et de modéliser l'activité réflexive qui comme son dénomination le suggère tend à nous piéger conceptuellement dans la métaphore du reflet, dans la représentation d'une conscience comme dédoublement. Le seconde critique, affirme que l'introspection est inutilisable dans la recherche parce qu'elle modifie l'objet qu'elle vise. James, Binet ont invoqué la possibilité de dépasser cette difficulté par la rétrospection. La solution crée bien sûr un nouveau problème : celui de la fiabilité de la mémoire et la nécessité d'établir quel est le lien entre ce qui est décris a posteriori et ce qui a été vécu au moment où cela était vécu. Mais, cette solution ne fait qu'esquiver la difficulté, en ouvrant vers une méthodologie où l'observation au présent est remplacée par une observation de la présentification du vécu passé. Mais au delà de cette réponse, le fait remarquable est que pour avoir les moyens de cette critique, il faut être informé d'un tel changement éventuel, et comment l'être autrement qu'en pratiquant l'introspection ? Seule, elle permet de savoir s'il y a une modification, laquelle et dans quelle proportion. Puisque connaître mon état interne, comme être témoin de sa transformation, suppose dans tous les cas de mettre en oeuvre le point de vue en première personne ! Dès lors, soit la critique des effets de l'introspection est radicale, mais alors sans valeur, car elle se disqualifie elle-même. Soit elle pointe vers une bonne question (et non plus critique dévastatrice qu'elle espérait être), et alors, elle souligne la nécessité de l'introspection pour en apprécier les effets. L'influence de l'observation sur ce qui est observé est un problème file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20do...xtes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm (2 of 29)31/10/2004 16:43:24 file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20documents/Copie...ite%20GREX/textes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm épistémologique de taille, mais il s'étend à toutes les sciences. Il est clair que l'idée d'un observateur qui aurait réussit à être absolument à l'extérieur du système qu'il étudie est une fiction épistémologique. C'est bien l'intérêt, dans une perspective empirique de passer d'un point de vue méthodologique en première personne ou chercheur et observateur sont confondus, à un point de vue en seconde personne ou les données de base viennent d'autres personnes que le chercheur et peuvent être multipliés dans le cadre d'un plan d'expérience ou d'un plan d'observation. Dès lors on peut inverser les critiques, l'influence éventuelle de l'observation interne, si elle est correctement établie va donner des informations supplémentaire sur les limites de stabilité des états, des actes, des contenus visés dans l'introspection (Piaget 1968 p 186). Ces deux premiers exemples de critiques pour montrer que dans le principe elles ne sont pas un obstacle réel à la mise en oeuvre de l'introspection, reste à considérer son emploi effectif dans des programmes de recherche. 1 - L'évidence des débuts de la psychologie Si l'on veut penser la psychologie naissante des débuts du XIX siècle il faut considérer que le recours à "l'introspection", au "sens intime", à "l'aperception", visait à étudier ce qui ne tombait pas sous le sens commun, mais demandait une attitude déjà très érudite : la vie de la conscience, les pensées, les images, la vie affective, et à l'étudier non plus sur le mode purement spéculatif comme le faisaient les philosophes mais à partir de l'observation dans une perspective de sciences naturelles. Ce point de vue a été tenu dès les débuts de la psychologie, par exemple chez Maine de Biran (1807, 1932) reconnut comme le premier auteur ayant une identité de psychologue (Voutsinas 1964, Moore 1970) mettant au premier plan les événements intérieurs et l'utilisation du sens intime. On était alors dans un point de vue en première personne, dans lequel non seulement ce qui est pris en compte est ce qui apparaît à la conscience de celui qui le vit, mais de plus l'étude est limitée à celui là seul qui s'observe. Pourtant la démarche n'est pas naïve, même si elle est sans contrôle intersubjectif. Par exemple Maine de Biran cerne bien le rôle facilitateur que peut jouer l'effort pour observer les activités intellectuelles. Il étudie l'expérience de la lecture, et montre comment, au moment où nous prenons conscience que nous n'avons pas compris un passage et que nous nous reprenons (Montebello 1994) nous pouvons observer la conscience que nous avons de nos propres actes de pensée à l'occasion de la régulation exercée. Cette insistance inaugurale de l'introspection se retrouvera, avec de fortes nuances, chez plusieurs fondateurs de la psychologie du XIX siècle, comme Brentano 1874, Wundt 1874, ou comme l'exprime la célèbre déclaration de James 1890 décrivant la méthode de la psychologie comme : "introspective observation is what we have to rely on first and foremost and always", dont on trouvera l'écho en France sous la plume de Binet 1894 : l'introspection " l'acte par lequel nous percevons directement ce qui se passe en nous, nos pensées, nos souvenirs, nos émotions" et en 1903 : "Le mouvement nouveau qui se dessine depuis plusieurs années, et auquel j'ai contribué de toutes mes forces, avec la collaboration de plusieurs de mes élèves ..., consiste à faire une plus large place à l'introspection" . Dès cette époque il est de bon ton de se moquer de "l'ancienne psychologie introspective, qui nous demandent (leurs représentants) si par hasard nous n'allons pas, par un retour mal déguisé, emprunter aux vieux philosophes de l'école de Cousin (donc des années 1830) ces méthodes d'auto-contemplation dont nous avons tant rit" ibid p 2 , et de montrer en quoi "l'étude expérimentales file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20do...xtes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm (3 of 29)31/10/2004 16:43:24 file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20documents/Copie...ite%20GREX/textes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm des formes supérieures de l'esprit peut être faite avec assez de précision et de contrôle pour avoir une valeur scientifique" ibid p 2. Ce primat initial de la méthodologie introspective peut nous paraître aujourd'hui très naïf. Mais c'est de le penser ainsi qui est naïf. Il faut réaliser que cette introspection était déjà le produit d'une démarche difficile, supposant une conversion réflexive du regard, une première épochè, c'est-à-dire la mise en oeuvre de la réduction phénoménologique. Ce premier pas n'a rien d'élémentaire. Suspendre l'attitude naturelle qui consiste à s'intéresser au spectacle perceptif, par exemple, pour en saisir l'effectuation, n'est pas une attitude naïve. Sa compréhension pratique pose à l'heure actuelle de réels problèmes aux chercheurs et étudiants en formation. De plus, ces auteurs n'étaient pas des adeptes bornés de l'utilisation d'une seule méthode. Tout ceux que je cite, y compris les plus anciens, étaient très au fait de la physiologie de l'époque et de son articulation possible avec le psychique. Ils étaient aussi bien informés de la nécessité de méthodes indirectes pour étudier les enfants, les malades, les animaux c'est-à-dire ceux qui ne disposent pas de la parole. 2 - Le perfectionnement méthodologique : le début du XX siècle Le début du XX siècle est la grande période de mobilisation de la méthodologie de l'introspection qui va se présenter sous un jour scientifique, puisqu'elle s'appellera "introspection systématique", "introspection expérimentale". Son déploiement s'inscrit dans une grande fièvre intellectuelle, dans le projet d'une psychologie expérimentale scientifique rigoureuse des activités intellectuelles complexes. Trois centres dominent le paysage : à Paris l'école de Binet et de ses élèves, aux Etats-Unis à l'université de Cornell, Titchener, formé en Allemagne auprès de Wundt qu'il traduira en anglais, et l'ensemble des chercheurs allemands connus sous l'appellation d'école de Wurzbourg qui sous la direction de Külpe (ancien élève de Wundt en rupture avec son maître) publièrent intensément pendant dix ans à partir de 1901. La volonté de s'inscrire dans un cadre méthodologique rigoureux propre à faire valoir le caractère scientifique des recherches s'affirme dans la présentation des recherches. En effet, on est passé depuis le début du XIX siècle d'un point de vue en première personne exclusif, où chercheur et sujet étaient confondus, à un point de vue en "seconde personne" où l'on recueille auprès d'un échantillon de plusieurs personnes des descriptions de l'expérience subjective. C'est le début d'une autonomie relative du recueil des données par rapport au chercheur lui même. Quand le chercheur fait référence à ses propres expériences (ce que l'on trouve souvent dans l'école de Titchener) son file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20do...xtes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm (4 of 29)31/10/2004 16:43:24 file:///C/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20documents/Copie...ite%20GREX/textes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm expérience (précisément signalée comme étant la sienne propre) reste une parmi les autres recueillies. L'expérience subjective visée est mieux délimitée , contrairement aux recherches du début qui visaient l'expérience de l'effort (mais pas d'une occurrence spécifiée) ou l'examen du courant de conscience en général, on a maintenant des tâches qui sont proposées et qui circonscrivent dans le temps et dans l'objet l'expérience dont il est fait état. Cette orientation vers la réalisation de tâches définies, est en réalité une véritable révolution qui fait donne à ces recherches ce que l'on appelle maintenant le dispositif expérimental et son contrôle. Les tâches sont les mêmes pour tous, elles sont passées dans des conditions identiques (il n'y a pas encore tous les raffinements de systématisation qui s'imposeront de façon stricte trente ans plus tard) avec des consignes définies. De plus la définition de ces tâches conduit les chercheurs à introduire des variables indépendantes en jouant sur le rapport d'une tâche à l'autre, rapport qui permettront dans l'analyse des résultats de faire des inférences sur les disparités de réussites entre tâches et entre sujets. Les chercheurs sont attentifs aux problèmes méthodologiques de description (en particulier Titchener s'est beaucoup exprimé sur ce point , cf la synthèse de English 1921, mais aussi la critique de Mandler et Mandler 1964 sur les excés) du point de vue de la neutralité des termes descriptifs utilisés, de l'attention orientée vers la description de l'expérience subjective elle-même et pas de la réalité évoquée ni du commentaire (Titchener 1912a). On a déjà une amorce du souci de faire décomposer la description en petites unités pour en faciliter la formulation (Watt 1905). Mais on est encore loin d'une conscience précise des exigences de la description et de son guidage non inductif à l'aide d'une véritable technique d'entretien. Une partie des difficultés levée par cette description et par les problèmes d'attention à l'expérience subjective est surmontée par le fait de travailler avec des sujets entraînés à ce genre d'expérience, ce qui ne va pas sans soulever des objections potentielles, puisque si c'est les sujets sont entraînés, ils peuvent en même temps être déformés, au sens d'adaptés aux hypothèses de l'observateur. Ce sera une question que nous retrouverons : une expertise est-elle souhaitable ? Si oui, qui doit l'avoir développé ? Le sujet lui-même, dans ses capacités d'accès et de description de l'expérience subjective et/ou le chercheur dans ses capacités à guider, à accompagner de manière non inductive le sujet à accéder et décrire son expérience ? Prenons une recherche en particulier pour comprendre comment ces différents perfectionnements sont mis en place : par exemple la recherche de Watt 1905. Il a choisi d'étudier l'évocation dirigée (je ne cherche pas ici à rentrer dans la formulation des hypothèses et la cohérence interne des horizons théoriques de l'époque, mais à examiner la forme de l'expérimentation), pour cela il crée un ensemble de six tâches. D'une part on a une liste de mots inducteurs, d'autre part six consignes : trouver un concept sur ordonné, subordonné, de rapport de tout à partie, de rapport de partie à tout, de coordination, de rapport de partie à partie. On a donc une variation des tâches qui ...

« file:///C|/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20documents/Copie...ite\ %20GREX/textes%20vermersch/introspection%20comme%20pratique.htm Depuis deux siècles que la liste de ces critiques s'allonge, y en a-t\ -elle qui ont convaincu ? Trop de bonnes raisons de dénigrer l'introspection rendent ces raisons suspectes ! A\ près tout, il suffirait qu'une seule soit fondée, les autres ne seraient pas nécessaires ! D'un point de vue un peu rad\ ical, prendre le temps de cette discussion est inutile.

Inutile d'apporter des justifications, de montrer l'absence de \ portée de ces critiques, parce qu'aucune dans son principe ne peut emporter la conviction et sur ce point je rejoins l\ a conclusion d'Howe 1991: " Thus it is suggested that if there is an argument against the use of introspection,\ it has yet to be fond" p25.

Pourquoi ? Essentiellement parce que la forme de ces critiques, sensiblement la mê\ me depuis deux siècles, cherche à prouver un résultat privatif : impossibilité, inutilité, inefficacité\ , méprise sur l'acte ou l'objet.

Et chercher à prouver l'absence ou l'impossibilité de quelque chose est une entreprise é\ pistémologiquement mal fondée.

Si l'on peut montrer qu'une affirmation peut recevoir un déni par le fait d'exhibe\ r un contre exemple, il est difficile, dans le domaine empirique, d'établir avec certitude qu'il ne sera jamais poss\ ible de trouver de contre exemples.

Seule la capacité de maîtriser l'ensemble des possibles (maintenant et à\ jamais, sinon ce n'est qu'un sursis) donnerait le pouvoir de démontrer l'impossibilité de l'occurrence d'un type de \ résultat ou d'événement particulier.

La stratégie de recherche visant à prouver l'impossibilité de quelque chose est\ une perte de temps.

Il semble qu'en règle générale il soit bien plus productif de rechercher "dans quelles c\ onditions ...

?", "dans quelles limites ?".

 moins que les arguments qui motivent l'essai de démonstration d'impossibili\ té soient bases sur tout à fait d'autres raisons que des arguments scientifiques, ce qui semble une constante des "advers\ aires" de l'étude de l'expérience subjective et de l'emploi de l'introspection. Considérons deux critiques parmi les plus anciennes et les plus tenac\ es puisque toutes deux viennent de Comte. La première, dénie la possibilité même de l'introspection au\ motif d'un dédoublement impossible du sujet qui ne pourrait être à la fois au balcon et dans la rue.

"L'individu pens\ ant ne saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner.

L'organe observé\ et l'organe observateur étant, dans ce cas, identique, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? Cette pré\ tendue méthode psychologique est donc radicalement nulle dans son principe." (leçon 1, p 34).

Au premier \ degré cette critique reposant sur une représentation matérielle des activités cognitive issue de la p\ hrénologie de Gall peut être écartée comme un simple refus de l'évidence.

Cependant, à un autre niveau cette que\ stion du dédoublement peut être ressaisie non pas sur le thème de l'impossibilité, mais sur celui des difficulté\ s de penser et de modéliser l'activité réflexive qui comme son dénomination le suggère tend à nous piéger concept\ uellement dans la métaphore du reflet, dans la représentation d'une conscience comme dédoublement. Le seconde critique, affirme que l'introspection est inutilisable dans l\ a recherche parce qu'elle modifie l'objet qu'elle vise.

James, Binet ont invoqué la possibilité de dépass\ er cette difficulté par la rétrospection.

La solution crée bien sûr un nouveau problème : celui de la fiabilité de\ la mémoire et la nécessité d'établir quel est le lien entre ce qui est décris a posteriori et ce qui a été vécu au\ moment où cela était vécu.

Mais, cette solution ne fait qu'esquiver la difficulté, en ouvrant vers une méthodologie où \ l'observation au présent est remplacée par une observation de la présentification du vécu passé.

Mais au delà\ de cette réponse, le fait remarquable est que pour avoir les moyens de cette critique, il faut être informé d'un tel \ changement éventuel, et comment l'être autrement qu'en pratiquant l'introspection ? Seule, elle permet de savoir s'il y a\ une modification, laquelle et dans quelle proportion.

Puisque connaître mon état interne, comme être té\ moin de sa transformation, suppose dans tous les cas de mettre en oeuvre le point de vue en première personne ! Dès\ lors, soit la critique des effets de l'introspection est radicale, mais alors sans valeur, car elle se disqua\ lifie elle-même.

Soit elle pointe vers une bonne question (et non plus critique dévastatrice qu'elle espérai\ t être), et alors, elle souligne la nécessité de l'introspection pour en apprécier les effets.

L'influence de l'observ\ ation sur ce qui est observé est un problème file:///C|/Documents%20and%20Settings/pierre/Mes%20do...xtes%20vermersch\ /introspection%20comme%20pratique.htm (2 of 29)31/10/2004 16:43:24. »

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