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Inventer de la nécessité, n'est-ce pas le plus beau des programmes ?

Publié le 09/04/2009

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Notre vie est riche en événements que l'on ne décide pas, qui sont nécessaires. Nous sommes obligés de dormir, de manger, etc… nous sommes donc soumis à une espèce de nécessité. Heureusement, le fait que nous soyons des humains nous permet quelques fois de dépasser ce stade primitif. L'Homme a en effet un pouvoir créateur. Ce pouvoir lui permet d'inventer, de construire, de mettre en place des projets, des programmes. Ainsi, il peut briser une sorte de destin, de fatalité. Inventer de la nécessité, n'est-ce pas le plus beau des programmes ?    Mais, est-il seulement possible d'inventer cette nécessité ? Si oui, quelle forme doit-elle prendre ? Car, si la nécessité est une force, qui nous contraint d'agir de telle ou telle manière, n'est-elle pas justement ce que l'on ne peut pas inventer, ce qui s'impose, ce qui est, étymologiquement, inéluctable ? Comment pourrait-on inventer quelque chose qui ne peut pas ne pas être ? Inventer de la nécessité peut paraître paradoxal, mais nous rechercherons dans quels domaines cette activité peut s'avérer la plus proche d'un programme éclatant. Nous analyseront d'abord ce que inventer de la nécessité peut signifier, puis nous explorerons dans deux domaines de productions humaine, l'invention de la nécessité : la science et l'art, avant de montrer que cette entreprise doit avoir, pour sa parfaite cohérence, une influence divine.

« comprendre le monde qui nous entoure, en montrant sa nécessité; en démontrant pourquoi il est comme ceci et pascomme cela.

La science doit donc présenter l'enchaînement nécessaire des cause et des effets, des principes etdes conséquences, ce qui revient bien à exposer la nécessité naturelle. Mais, qu'est-ce qu'invente la science exactement ? Les lois de la nature.

Dit comme cela, nous voyons tout demême que les inventions de la science ne sont que des pseudos inventions, dans le sens où ce sont bien plutôt desdécouvertes, que de véritables inventions.

Il apparaît en effet que la science est une entreprise qui se propose demettre au jour une nécessité naturelle, plutôt que d'en inventer une véritablement.

En effet, l'invention suppose quel'on tende vers un projet défini.

Tandis que la découverte est plutôt une levée de quelque chose d'inconnu.

Laquestion est donc : la science produit-elle seulement des découvertes ou aussi des véritables inventions ? Des réflexions épistémologiques nous permettent d'affirmer que la science ne fait pas des découvertes neutres, quicorrespondraient exactement à la nature.

Par exemple, la théorie de la gravitation universelle que Newton a trouvéeest plus une invention qu'une découverte.

En effet, en 1919 Einstein a pû montrer son insuffisance et proposer uneautre théorie, plus adéquate au réel.

Tout cela nous amène à nuancer notre propos sur la science, comme inventionde la nécessité.

En effet, la science n'invente pas proprement de la nécessité, puisqu'elle existe préalablement, sousforme de nécessité naturelle; mais elle invente des théories qui proposent de rendre compte d'une certaine classede phénomènes. Cependant, il reste que nous n'avons parlé pour l'instant des sciences empiriques, et l'on pourrait penser qu'il en vaautrement des sciences non empiriques, c'est-à-dire des mathématiques.

En effet, les mathématiques ne sont passoumises à la nécessité naturelle, elles sont un pur produit de l'homme.

Il semble donc que nous ayons affaire à unevéritable invention de nécessité.

Schématiquement, les points de vue des mathématiciens, dans leurs réflexions surleur science, sont au nombre de deux : il y a les formalistes, et les platoniciens[1]. Les premiers considèrent les mathématiques comme un système de déductions logiques obtenues à l'intérieur d'unlangage, à partir d'axiomes.

Les autres plaident pour une réalité mathématique qui existe avant la formation desconcepts.

Si les formalistes ont raison, alors il est manifeste que faire des mathématiques peut être proprement uneactivité qui invente de la nécessité, puisque c'est au seul mathématicien de décider quels axiomes il va poser.

Mais ilsemblerait que cette position soit plus difficile à tenir depuis que Gödel a démontré son théorème : ce dernier ditqu'il y aura toujours une proposition vraie qui ne sera pas démontrable dans le système.

Il y a donc toujours unenécessité qui échappe manifestement, même au mathématicien. Par contre, si les réalistes ont raison, alors les mathématiques ont une réalité et une cohérence qui leur est propre,et cette réalité permet d'expliquer -entre autres- pourquoi les mathématiques sont des outils si formidables pour laphysique.

Dans ce dernier cas, les mathématiques restent une production qui découvre de la nécessité.

En résumé,nous avons toujours affaire en science à une nécessité naturelle, et jamais totalement artificielle. La science est donc incontestablement un beau programme, qui invente, non pas de la nécessité, mais des théoriespermettant de rendre compte d'une certaine nécessité naturelle.

Elle n'est donc sans doute pas le plus beau desprogrammes (car soumis à une autre autorité, la nature), et sans doute pas non plus le plus inventif (le tauxd'invention est limité par les découvertes).

Il paraît donc indispensable de dépasser cette simple nécessité naturelleet de trouver de la nécessité réellement inventée, c'est-à-dire de la nécessité artificielle, proprement et totalementcréée par l'homme.

Est-il possible de trouver une activité humaine qui invente de la nécessité interne, pour elle-même ? Il semble que oui, et l'activité artistique semble un excellent candidat. Chez l'artiste, l'invention de la nécessité a toutes les chances d'être le plus beau des programmes, puisque le beauest aussi l'objet qu'il recherche.

Pensons par exemple aux romans.

Ils semblent correspondre à nos exigences.

Cesderniers sont crées de toutes pièces par un écrivain, qui invente des personnages, des situations, souventextrêmement précises.

L'effet est que le lecteur est pris dans le mouvement de l'histoire, il éprouve le sentiment quele monde crée par l'auteur a une certaine réalité, ou, tout du moins, une certaine nécessité.

Cette nécessité aeffectivement été inventée par l'auteur, et ce, pour être un beau programme.

Nous avons donc bien ici uneinvention de nécessité, qui se fait librement, c'est-à-dire que l'auteur n'est pas soumis à une autre nécessité quecelle qu'il décide de mettre.

Il s'élève, par la création de son œuvre, au dessus de la nécessité naturelle : il a tousles pouvoirs.

L'invention que se propose de faire l'artiste peut donc être considéré comme le plus beau desprogrammes, pour deux raisons.

D'une part, parce qu'il est entièrement libre de produire la nécessité qu'il veut; et,d'autre part, car son programme est bien de se rapprocher du beau. Mais, l'invention en art reste chimérique, fictive et imaginaire.

Ce faux a peut-être à des dangers.

L'art ne se soucieen effet d'aucune exactitude, ni d'aucune valeur de vérité.

En effet, l'invention est alors imagination arbitraire, sansrespect de la vérité ou de la réalité.

L'invention de la nécessité, pour être le plus beau des programmes, ne peut pasrester dans le cadre de la fiction : ce serait trop aisé, et ce serait limiter de beaucoup l'invention de la nécessité.L'invention de la nécessité resterait ainsi une idée, un mythe inaccessible.

Les plus belles inventions ne doivent-ellespas un jour s'actualiser, se confronter au réel, pour être mises à l'épreuve ?. »

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