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Kant: La raison est-elle facteur de liberté ?

Publié le 11/03/2005

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Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité à se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières. Paresse et lâcheté sont les causes qui font qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les eut affranchis depuis longtemps d'une conduite étrangère, restent cependant volontiers toute leur vie dans un état de tutelle ; et qui font qu'il est si facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs. Il est si commode d'être sous tutelle. Si j'ai un livre qui a de l'entendement à ma place, un directeur de conscience qui a de la conscience à ma place, un médecin qui juge à ma place de mon régime alimentaire, etc., je n'ai alors pas moi-même à fournir d'efforts. Il ne m'est pas nécessaire de penser dès lors que je peux payer ; d'autres assumeront bien à ma place cette fastidieuse besogne. Et si la plus grande partie, et de loin, des hommes (et parmi eux le beau sexe tout entier) tient ce pas qui affranchit de la tutelle pour très dangereux et de surcroît très pénible, c'est que s'y emploient ces tuteurs qui, dans leur extrême bienveillance, se chargent de les surveiller. Après avoir abêti leur bétail et avoir empêché avec sollicitude ces créatures paisibles d'oser faire un pas sans la roulette d'enfant où ils les avaient emprisonnés, ils leur montrent ensuite le danger qui les menace s'ils essaient de marcher seuls. Or ce danger n'est sans doute pas si grand, car après quelques chutes, ils finissent bien par apprendre à marcher ; un tel exemple rend pourtant timide et dissuade d'ordinaire de toute autre tentative ultérieure.

Kant définit les "Lumières" comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la "minorité". L'état de "minorité" est un état de dépendance, d'hétéronomie (1). Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loi qu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui. Altérité aliénante empêchant l'individu de se servir de son propre entendement. Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'est plus sa propriété, son œuvre propre mais l'œuvre d'un autre. Que l'on songe ici aux implications politiques d'un tel renoncement à la pensée et à l'action. Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujets soumis? Et à Kant d'imputer la "faute" (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui par lâcheté, par "manque de décision et de courage" laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs. Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du "Contrat social": "Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause. Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain. Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement. S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués." Mais ne nous y trompons point, il ne s'agit , ni pour Rousseau, ni pour Kant, de légitimer le fait de l' "esclavage" ou de la "minorité", mais, de reveiller les consciences de leur somnambulisme du renoncement, de leur léthargie de l'acceptation de l'inacceptable.

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« 2 - Le manque de volonté pour raisonner par soi-même.3 - Ce pouvoir leur est volontairement délégué par ceux qui leur obéissent. [1] "Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est par sa propre faute.

La minorité estl'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui.

Cette minorité, nous la devons ànotre propre faute lorsqu'elle n'a pas pour cause un manque d'entendement, mais un manque de décisionet de courage pour se servir de son entendement sans la direction d'autrui.

Sapere aude! Aie le courage dete servir de ton propre entendement ! Telle est donc la devise des Lumières." DÉFINITION DES LUMIÈRES Kant définit les " Lumières " comme un processus par lequel l'homme, progressivement, s'arrache de la " minorité ". L'état de " minorité " est un état de dépendance, d'hétéronomie (1).

Dans un tel état l'homme n'obéit point à la loi qu'il s'est lui-même prescrite mais au contraire vit sous la tutelle d'autrui.

Altérité aliénante empêchant l'individu dese servir de son propre entendement.

Autrement dit, le principe d'action subjectif de l'individu n'est plus sapropriété, son œuvre propre mais l'œuvre d'un autre.

Que l'on songe ici aux implications politiques d'un telrenoncement à la pensée et à l'action.

Tous les despotismes n'ont-ils pas pour soubassement l'abdication des sujetssoumis? Et à Kant d'imputer la " faute " (morale) et non l'erreur (épistémologique) que constitue l'état de minorité non point aux oppresseurs (de quelque nature fussent-ils) mais à ceux qui consentent à leur autorité, à ceux qui parlâcheté, par " manque de décision et de courage " laissent leur entendement sous la direction de maîtres, de tuteurs. Ici, Kant rejoint Rousseau et sa scandaleuse affirmation au chapitre 2 du " Contrat social ": " Aristote avait raison, mais il prenait l'effet pour la cause.

Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain.Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnonsd'Ulysse aimaient leur abrutissement.

S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclavescontre nature.

La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués. " Mais ne nous y trompons point, il ne s'agit , ni pour Rousseau , ni pour Kant , de légitimer le fait de l' " esclavage " ou de la " minorité ", mais, de reveiller les consciences de leur somnambulisme du renoncement, de leur léthargie de l'acceptation de l'inacceptable. On l'aura compris la maxime (2) des Lumières est de susciter cette reprise en mains de soi par soi, et ce, enaccomplissant cet acte de courage de penser par soi-même en toutes les circonstances de l'existence: " Sapere aude ! ", "Ose te servir de ton entendement ! ". En effet, qu'est-ce que l'entendement sinon cette faculté de connaissance, capable de juger le vrai du faux, le biendu mal et de se positionner par rapport à eux.

L'entendement, capable d'activité, de délibération fonde au plus hautpoint notre humanité et indissociablement notre dignité (3): " Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user àson gré ; dans toutes ces actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernentd'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme un fin.

Tous les objets desinclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas,leur objet serait sans valeur.

Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absoluequi leur donne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être lesouhait universel de tout être raisonnable.

Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujoursconditionnelle.

Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ontcependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoion les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur natureles désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplementcomme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui estun objet de respect) ". (" Fondements de la métaphysique des mœurs "). En sommant l'homme de sortir des nimbes d'un sommeil que l'on pourrait qualifier de dogmatique, les " Lumières " affirme le primat de la détermination pratique (5) sur le savoir théorique (5) .

Passage de la contemplation à laresponsabilisation. (1) Hétéronomie : Condition d'un individu ou d'un groupe obéissant à une loi reçue de l'extérieur.

Kant nomme principes hétéronomiques de la moralité les déterminations de la volonté faisant appel à d'autres ressorts que laseule idée de loi en général: éducation, constitution civile, sentiment (physique ou moral), idée de perfection ouvolonté de Dieu - tous ayant en commun de situer l'existence morale soit trop bas (épicurisme), soit trop haut(morales théologiques), mais jamais au niveau requis. (2) Principe : au sens normatif, règle ou norme d'action.. »

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