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KANT: les illusions de la Raison pure transcendantale

Publié le 06/05/2005

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kant
Les principes de l'entendement pur doivent n'avoir qu'un usage empirique, et non pas transcendantal, c'est-à-dire dépassant les limites de l'expérience. Mais un principe qui supprime ces bornes, voire ordonne de les franchir, s'appelle transcendant. Si notre critique peut sur ce point réussir à dévoiler l'apparence de ces prétendus principes, alors les principes d'usage purement empirique pourront, par opposition à ces derniers, être appelés principes immanents de l'entendement pur. L'apparence logique, qui consiste dans la simple imitation de la forme rationnelle (l'apparence des paralogismes) provient uniquement d'un manque d'attention à la règle logique. Aussi disparaît-elle entièrement dès que cette règle s'exerce avec précision sur le cas précédent. En revanche, l'apparence transcendantale ne cesse pas pour autant du fait qu'on l'a dévoilée et que la critique transcendantale en a fait voir l'inanité (par exemple, l'apparence qui réside dans cette proposition : le monde doit avoir un commencement dans le temps. La cause en est qu'il y a dans notre raison (considérée subjectivement, c'est-à-dire comme faculté de connaître humaine) des règles fondamentales et des maximes pour son usage, qui ont tout l'air de principes objectifs et qui font que la nécessité subjective d'une liaison entre nos concepts, valable pour l'entendement, est tenue pour une nécessité objective de la détermination des choses en soi. Illusion qu'il est tout à fait impossible d'éviter, pas plus que nous pouvons éviter que la mer ne nous paraisse plus élevée au large que près du rivage, puisque nous voyons celui-là par des rayons lumineux plus élevés; ou encore, pas plus que l'astronome ne peut empêcher que la lune ne lui paraisse plus grande à son lever, bien qu'il ne soit pas trompé par cette apparence. La dialectique transcendantale se contentera donc de dévoiler l'apparence des jugements transcendants et en même temps d'empêcher qu'elle nous trompe, mais qu'elle disparaisse également (comme l'apparence logique) et qu'elle cesse d'être une apparence, c'est à quoi elle ne pourra jamais réussir. Car nous avons affaire ici à une illusion naturelle et inévitable qui repose elle-même sur des principes subjectifs, et qu'elle donne pour objectifs (...). Il y a donc là une dialectique naturelle et inévitable de la raison pure (...), qui est inséparablement attachée à la raison humaine et qui même après que nous en avons dévoilé l'illusion, ne cesse pourtant pas de se jouer d'elle et de la pousser à des égarements momentanés qu'il faut constamment dissiper. KANT

Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes, la raison apparaissait comme l’instrument infaillible d’une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l’imagination.  Or, avec Kant, l’illusion est portée au cœur même de la raison. Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives. C’est le sens de l’illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites de l’expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu).

kant

« suprasensible, il nous reste à chercher s'il n'y a pas dans sa connaissance pratique certaines données qui luipermettent de déterminer le concept transcendant de l'être inconditionné ».

Ainsi indirectement la raisonspéculative se révèle « d'une utilité positive de la plus haute importance ».

« La raison pure a un usagepratique absolument nécessaire », l'usage moral, où elle s'étend au-delà des bornes de la sensibilité, sanspourtant tomber dans la contradiction avec elle-même.

Si la raison pure pratique ne peut connaître cesobjets comme choses en soi, elle peut du moins les penser comme tels.

La raison est donc autorisée àpoursuivre l'inconditionné sous ses trois formes : l'âme, le monde, Dieu.

Il ne s'agit plus de connaissancemais de croyance ou plutôt d'une foi rationnelle qu'impose la raison.

D'où la déclaration fameuse : «J'ai dûsupprimer le savoir pour lui substituer la foi ».

Foi rationnelle, qui est le fondement de la morale, en laquellese découvre et se réalise, grâce à la réflexion critique, la fécondité inhérente à l'illusion transcendantale.

Lalimitation de la raison dans son usage spéculatif est directement solidaire de l'extension de la raison dans sonusage pratique.

"Les principes de l'entendement pur doivent n'avoir qu'un usage empirique, et non pas transcendantal, c'est-à-dire dépassant les limites de l'expérience.Mais un principe qui supprime ces bornes, voire ordonne de les franchir, s'appelle transcendant.

Si notrecritique peut sur ce point réussir à dévoiler l'apparence de ces prétendus principes, alors les principesd'usage purement empirique pourront, par opposition à ces derniers, être appelés principes immanents del'entendement pur.L'apparence logique, qui consiste dans la simple imitation de la forme rationnelle (l'apparence desparalogismes) provient uniquement d'un manque d'attention à la règle logique.

Aussi disparaît-elleentièrement dès que cette règle s'exerce avec précision sur le cas précédent.

En revanche, l'apparencetranscendantale ne cesse pas pour autant du fait qu'on l'a dévoilée et que la critique transcendantale en afait voir l'inanité (par exemple, l'apparence qui réside dans cette proposition : le monde doit avoir uncommencement dans le temps).

La cause en est qu'il y a dans notre raison (considérée subjectivement,c'est-à-dire comme faculté de connaître humaine) des règles fondamentales et des maximes pour son usage,qui ont tout l'air de principes objectifs et qui font que la nécessité subjective d'une liaison entre nosconcepts, valable pour l'entendement, est tenue pour une nécessité objective de la détermination deschoses en soi.

Illusion qu'il est tout à fait impossible d'éviter, pas plus que nous pouvons éviter que la merne nous paraisse plus élevée au large que près du rivage, puisque nous voyons celui-là par des rayonslumineux plus élevés; ou encore, pas plus que l'astronome ne peut empêcher que la lune ne lui paraisse plusgrande à son lever, bien qu'il ne soit pas trompé par cette apparence.La dialectique transcendantale se contentera donc de dévoiler l'apparence des jugements transcendants eten même temps d'empêcher qu'elle nous trompe, mais qu'elle disparaisse également (comme l'apparencelogique) et qu'elle cesse d'être une apparence, c'est à quoi elle ne pourra jamais réussir.

Car nous avonsaffaire ici à une illusion naturelle et inévitable qui repose elle-même sur des principes subjectifs, et qu'elledonne pour objectifs (...).

Il y a donc là une dialectique naturelle et inévitable de la raison pure (...), qui estinséparablement attachée à la raison humaine et qui même après que nous en avons dévoilé l'illusion, necesse pourtant pas de se jouer d'elle et de la pousser à des égarements momentanés qu'il faut constammentdissiper." Critique de la Raison pure, 1781, Logique transcendantale, 2e Division, Dialectique transcendantale,Introduction 1, trad.

L.-M.

Morfaux Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes, la raison apparaissait comme l'instrumentinfaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant, l'illusion est portée au cœur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad àune critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaîtreau-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnésdans un phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu). « Etre n'est évidemment pas un prédicat réel, c'est-à-dire un concept de quelque chose qui puisse s'ajouterau concept d'une chose.

C'est simplement la position d'une chose ou de certaines déterminations en soi.

[…]Le réel ne contient rien de plus que le simple possible.

Cent thalers réels ne contiennent rien de plus quecent thalers possibles.

Car, comme les thalers possibles expriment le concept, et les thalers réels l'objet etsa position en lui-même, si celui-ci contenait plus que celui-là, mon concept n'exprimerait plus l'objet toutentier, et par conséquent il n'y serait plus conforme.

Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avecleur simple concept (c'est-à-dire qu'avec leur possibilité).

En effet, l'objet en réalité n'est pas simplementcontenu d'une manière analytique dans mon concept, mais il s'ajoute synthétiquement à mon concept […],sans que les cents thalers conçus soient eux-mêmes le moins du monde augmentés par cette existenceplacée en dehors de mon concept.Quand donc je conçois une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats au moyendesquels je la conçois (même en la déterminant complètement), par cela seul que j'ajoute que cette choseexiste, je n'ajoute absolument rien à la chose.

[…]Cette preuve ontologique (cartésienne) si célèbre, qui prétend démontrer par des concepts l'existence d'un. »

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