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L' Etat peut-il être indifférent à la religion de ses citoyens ?

Publié le 17/04/2009

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religion

Le thème de cet énoncé porte sur le rapport qu’entretient, et doit entretenir l’Etat avec le religieux. Il s’agit de penser la légitimité de l’exercice du pouvoir étatique ainsi que les limites de son exercice pensé comme intervention dans les structures individuelles qui le composent et qui se définissent par leur statut de citoyen.
Alors, le problème se trouve consister dans la relation de la pluralité incarnée en l’Etat avec les individus dont cette pluralité incarnée est la somme. Voilà opposés devoir de détermination des singularités (les citoyens) par l’Etat et liberté constitutive elle-même du statut d’individu-citoyen. Penser la limitation mutuelle de ces deux principes (détermination de la partie par le Tout et liberté de la partie envers le Tout) forme le problème majeur de cet énoncé.
Deux enjeux peuvent servir à structurer le développement du propos ainsi problématisé : premièrement, questionner les référents respectifs de l’Etat et du religieux en termes de transcendance et d’immanence afin d’interroger implicitement la fonction du principe de laïcité ; puis, dans un second temps, chercher à déterminer la possibilité d’un statut politique propre au religieux qui alors concurrencerait la puissance étatique sur son terrain.

religion

« Considérant la religion du point de vue de la société, Rousseau distingue dans le « Contrat social » trois sortesde religion.

La première « sans temples, sans autels, sans rites, bornée au culte purement intérieur duDieu suprême et aux devoirs éternels de la morale », Rousseau l'appelle « la pure et simple religion de l'Evangile», « le vrai théisme ».

La deuxième « inscrite dans un seul pays, lui donne ses Dieux, ses patrons propres ettutélaires ; elle a ses dogmes, ses rites, son culte extérieur prescrit par des lois ».

Telles furent les religionsdes premiers peuples, en particulier ceux de la Cité grecque classique.

La troisième donne aux hommes « deuxlégislations, deux chefs, deux patries, les soumet à des devoirs contradictoires et les empêche de pouvoir êtreà la fois dévots et citoyens ».

Tel est le « christianisme romain », la « religion du prêtre », le christianisme quis'est réalisé dans l'histoire.A considérer politiquement ces trois sortes de religion, elles ont, dit Rousseau, toutes leurs défauts.

Latroisième, en opposant dans l'homme le citoyen au croyant, rompt l'unité sociale.

En établissant sur la terre unroyaume spirituel, Jésus, « séparant le système théologique du système politique, fit que l'Etat cessa d'être un».

La deuxième est mauvaise car, « fondée sur l'erreur et le mensonge, elle trompe les hommes, les rendcrédules, superstitieux, et noie le vrai culte de la Divinité dans un vain cérémonial ».

De plus elle peut rendre lepeuple « sanguinaire et intolérant », de telle sorte « qu'il ne respire que meurtre et massacre, et croit faire uneaction sainte en tuant quiconque n'admet pas de Dieux ».

Reste donc le « vrai christianisme », celui del'Evangile.

Or si cette religion n'a nulle relation particulière avec le « corps politique », il n'en demeure pasmoins que « loin d'attacher les coeurs des citoyens à l'Etat, elle les en détache comme de toutes les chosesde la terre ».

Rousseau affirme ne rien connaître « de plus contraire à l'esprit social ».

Une telle religion tend àdétruire tout lien social.

En effet, en détachant les hommes de tout ce qui est terrestre, elle rend inutiles lessociétés particulières, les sociétés civiles et politiques, les magistrats, les lois...

Sans passions humaines, lelien civil « perd à l'instant tout son ressort » : « Plus d'émulation, plus de gloire, plus d'ardeur pour lespréférences.

L'intérêt particulier est détruit ; et faute d'un soutien convenable l'état politique tombe enlangueur ».

Autrement dit, des hommes sans désirs, sans ambitions perdraient tout esprit civique.

Comme le ditRousseau : « une société de vrais chrétiens ne serait plus une société d'hommes ».

Le vice « destructeur » duchristianisme idéal résiderait donc « dans sa perfection même ».

Ainsi, si le christianisme romain, en réunissantles chrétiens au sein d'une Eglise, crée une société civile, la vrai christianisme, celui de l'Evangile, même sansEglise, est, quant à lui, bien plus dangereux, car, en arrachant les hommes aux préoccupations de ce monde, ildétruit tout lien social. B) De la nécessité d'une religion civile. Pour Rousseau, le lien social doit être fondé sur un « contrat ».

Seules des conventions sont susceptibles delier les hommes et de faire naître la société.

Mais on peut objecter à Rousseau que tout contrat présuppose,pour son établissement, une société et ne peut donc servir à la fonder.Rousseau lui-même semble l'admettre lorsqu'il affirme : « Pour qu'un peuple naissant pût goûter les sainesmaximes de la politique et suivre les règles fondamentales de la raison d'Etat, il faudrait que l'effet pût devenircause, que l'esprit social, qui doit être l'ouvrage de l'institution, présidât à l'institution même ; et que leshommes fussent avant les lois ce qu'ils doivent venir par elles.

» (livre II, chapitre VII).C'est donc une nécessité que le législateur recoure « à une autorité d'un autre ordre, qui puisse entraîner sansviolence et persuader sans convaincre ».

Cet autre ordre, distinct de la contrainte et de la raison, c'est celuides sentiments religieux.

Ainsi Rousseau reconnaît que, dans l'origine de la société, la religion peut servird'instrument à la politique.

Toutes les religions sont bonnes pour autant qu'elles écoutent ou favorisent cesentiment de sociabilité nécessaire au lien social.

Elles deviennent mauvaises dès qu'elles engendrent ladivision, édictent des élections ou des rejets et instituent des intermédiaires comme les prêtres ou lesprophètes entre Dieu et les hommes.Le lien social ne saurait donc reposer entièrement sur un contrat, il lui faut e plus un fondement religieux.Aussi Rousseau propose-t-il une « religion civile ».

Les dogmes en sont forts simples : « existence de ladivinité, bonheur des justes, châtiment, sainteté du contrat social et des lois ».

La société est pour Rousseaufondamentalement morale, elle est même un ordre sacré.

Il y a donc la nécessité d' « une profession de foipurement civile dont il appartient au souverain de fixer les articles, non pas précisément comme dogmes dereligion, mais comme sentiments de sociabilité, sans lesquels il est impossible d'être bon citoyen ni sujet fidèle.» (livre IV, chapitre VIII) L'État doit se conformer à l'esprit du peupleEn montrant qu'un peuple existe avant de se doter d'une structure étatique, Hegel affirme que cette structuredoit se conformer à celle du peuple.

L'État doit alors tenir compte tout ce qui constitue «l'Esprit du peuple»,tous les facteurs culturels, dont la religion, qui constituent son unité.. »

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