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La caverne commune

Publié le 19/03/2015

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La caverne commune

— ...représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'ins-truction et à l'ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin der-rière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux et au-dessus desquelles ils font voir leurs mer¬veilles. — Je vois cela, dit-il. — Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des objets de toute sorte, qui dépassent le mur, et des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, et en toute espèce de matière ; naturel¬lement, parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent. — Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers. — Ils nous ressemblent, répondis-je ; et d'abord, penses-tu que dans cette situation ils aient jamais vu autre chose d'eux-mêmes et de leurs voisins que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ? — Et comment ? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête immobile durant toute leur vie ? — Et pour les objets qui défilent, n'en est-il pas de même ? — Sans contredit. — Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient ? — Il y a nécessité. — Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendre autre chose que l'ombre qui passerait devant eux ? — Non, par Zeus, dit-il.

Platon, La République, VII, 515a-515b, trad. R. Baccou, GF-Flammarion.

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