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La certitude est-elle le signe d'une pensée morte ?

Publié le 11/04/2004

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De plus, les anciens séparaient ce monde en deux zones : le supralunaire (au-dessus de la Lune), et le sublunaire (au-dessous de la Lune). Ils croyaient que le monde supralunaire était parfait, immuable, car on observe à l'oeil nu que le cours des astres est régulier, et toujours identique, et l'un ne peut voir aucun accident, aucun changement à la surface des étoiles. Par contre, sur Terre, tout change, tout se modifie constamment : les choses apparaissent, se transforment et meurent. Tout est dans un perpétuel changement. Notre monde était considéré comme celui de la génération et de la corruption, par opposition à celui des astres. C'est ainsi qu'on en arrivait à penser une hiérarchie et une imitation d'un monde à un autre. Notre monde imparfait et changeant tentait d'imiter le caractère incorruptible et parfait du monde des étoiles. Par exemple, si l'individu doit mourir, en se reproduisant il perpétue l'espèce. L'individu meurt mais l'espèce est immortelle. Se reproduire revient à tenter d'imiter, autant qu'il se possible, l'immortalité du monde supralunaire.
"Avoir des certitudes" est tout à la fois source d'éloge et de blâme. On loue un homme pour la rigueur et la permance de ses certitudes. Mais, d'un autre côté, on dénonce celui qui figé dans ses certitudes ne parvient pas à évoluer.
Si la philosophie est l'inlassable quête de la vérité, la certitude apparaît comme une pensée morte. Mais, d'un autre côté, que serait une philosophie sans certitude, un scepticisme voire un relativisme...
  • I) La certitude comme signe d'une pensée forte.
  • II) La certitude ou "esprit de système" (Nietzsche).
  • III) Du bon usage des certitudes: être certain ou avoir des certitudes ?

« d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dot on ne puisse en aucun casdouter, qui résiste à l'examen le plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d'absolument certain, il vacommencer par rejeter comme faux tout ce qui peut paraître douteux.« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait [...] que jerejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il neresterait point après cela quelque chose [...] qui fut entièrement indubitable.

»Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable.Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.

Les illusions d'optique en témoignent assez.

Je dois doncrejeter comme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.

Le principe est aussi facile à comprendreque difficile à admettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, quej'ai un corps ? En toute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux.A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l'argument du rêve.

Pendantque je rêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n'est qu'illusion.

Lesentiment que j'ai pendant la veille que tout ce qui m'entoure est vrai & réel n'est donc pas une preuvesuffisante de la réalité du monde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant mes rêves.

Par suite je dois,si je cherche la vérité : « feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient nonplus vraies que l'illusion des songes ».Mais le doute de Descartes va bien plus loin dans la mesure où il rejette aussi les évidences intellectuelles, lesvérités mathématiques.

« Je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pourdémonstrations.

»Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ».

Je dois feindre que tout ce quim'entoure n'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, meremémore est faux.

Ce doute est radical, total, exorbitant.

Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyerdans cet océan ? Où trouver « le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences derigueur et de radicalité de notre auteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolutiongaliléenne avait jetée sur les sens (qui nous ont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce quela science avait cru pouvoir démontrer.« Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallaitnécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : je pense donc jesuis, était si ferme et si assurée, que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pascapables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de laphilosophie que je cherchais.

»Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.

Que ce que je pense soit vrai ou faux, jepense.

Et si je pense, je suis.

Le néant ne peut pas penser.

La première certitude que j'ai est donc celle demon existence, mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve del'existence de mon corps.

Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que jepuisse penser correctement, je ne pourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis.

Lavolonté sceptique de douter de tout, l'idée qu'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait :je pense.

Voilà le roc, voilà l'argile.

Voilà le point ferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan dudoute, par lequel je retrouverai la terre ferme de la science vraie. La certitude conduit à l'erreurComme l'écrit Alain, «ceux qui aiment la vérité par-dessus tout, ceux que je vois prêts à souffrir et à mourirpour elle, sont aussi ceux qui vont se coller à l'erreur comme les mouches à la vitre» (Propos).

Morte est lapensée du dogmatique, du fanatique, de tous ceux qui tiennent pour acquis ce qui est à remettre en cause,au nom même de la vérité.

Alain y verra la marque de tous les préjugés. Préjugé.

Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit.

Le préjugé fait qu'ons'instruit mal.

Le préjugé peut venir des passions ; la haine aime à préjuger mal ; il peut venir del'orgueil, qui conseille de ne point changer d'avis ; ou bien de la coutume qui ramène toujours auxanciennes formules ; ou bien de la paresse, qui n'aime point chercher ni examiner.

Mais le principalappui du préjugé est l'idée juste d'après laquelle il n'est point de vérité qui subsiste sans serment àsoi ; d'où l'on vient à considérer toute opinion nouvelle comme une manoeuvre contre l'esprit.

Lepréjugé ainsi appuyé sur de nobles passions, c'est le fanatisme.

ALAIN Définition générale du préjugé: Préjuger, c'est tenir une idée vraie, affirmer ou nier une opinion, avant tout examen attentif, avant touteétude réelle.Conséquence: puisque le préjugé se présente à l'esprit comme une idée vraie, il rend difficile la recherche,l'effort pour s'instruire, qui paraissent alors inutile. Origine du préjugé: a) Alain discerne plusieurs causes possibles: * les passions (la haine par exemple fait qu'on juge réellement mauvais celui qu'on hait, parce qu'on le hait;l'amour, à sa façon, rend également aveugle).. »

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