La certitude est-elle le signe d'une pensée morte?
Publié le 08/01/2005
                            
                        
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                                                                                                                            d'incertitude et de  soupçon  généralisé, cherche  la vérité,  quelque  chose dot on ne puisse  en aucun  casdouter,  qui résiste  à l'examen  le plus  impitoyable.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cherchant quelque chose d'absolument  certain, il vacommencer par rejeter comme faux tout ce qui peut paraître douteux.« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait [...] que jerejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il neresterait point après cela quelque chose [...] qui fut entièrement indubitable.
                                                            
                                                                                
                                                                    »Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable.Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les illusions d'optique en témoignent assez.
                                                            
                                                                                
                                                                    Je dois doncrejeter comme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le principe est aussi facile à comprendreque difficile à admettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, quej'ai un corps ? En toute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux.A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l'argument du rêve.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pendantque je rêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n'est qu'illusion.
                                                            
                                                                                
                                                                    Lesentiment  que j'ai pendant la  veille que tout ce qui  m'entoure est  vrai & réel n'est  donc pas une  preuvesuffisante de la réalité du monde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant mes rêves.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par suite je dois,si je cherche la vérité : « feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient nonplus vraies que l'illusion des songes ».Mais le doute de Descartes va bien plus loin dans la mesure où il rejette aussi les évidences intellectuelles, lesvérités mathématiques.
                                                            
                                                                                
                                                                     « Je  rejetai comme  fausses toutes les raisons  que j'avais  prises auparavant  pourdémonstrations.
                                                            
                                                                                
                                                                    »Nous voilà perdu  dans ce que  Descartes  appelle « l'océan  du doute  ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Je  dois  feindre  que tout  ce quim'entoure  n'est qu'illusion,  que mon  corps  n'existe  pas, et que  tout  ce que  je pense,  imagine,  sens, meremémore est faux.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce doute est radical, total, exorbitant.
                                                            
                                                                                
                                                                    Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyerdans cet océan ? Où trouver « le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences derigueur  et de  radicalité  de notre  auteur,  et à quel  point  il a  pris  acte  de la suspicion  que la révolutiongaliléenne avait jetée sur les sens (qui nous ont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce quela science avait cru pouvoir démontrer.« Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallaitnécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose.
                                                            
                                                                        
                                                                    Et remarquant que cette vérité : je pense donc jesuis,  était si ferme  et si assurée,  que les plus  extravagantes  suppositions des sceptiques  n'étaient pascapables de l'ébranler,  je jugeai  que je pouvais  la recevoir,  sans scrupule,  pour le premier  principe  de laphilosophie que je cherchais.
                                                            
                                                                                
                                                                    »Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.
                                                            
                                                                                
                                                                    Que ce que je pense soit vrai ou faux, jepense.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et si je pense, je suis.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le néant ne peut pas penser.
                                                            
                                                                                
                                                                    La première certitude que j'ai est donc celle demon  existence,  mais comme  pure pensée,  puisque,  en toute  rigueur,  je n'ai  pas  encore  de preuve  del'existence de  mon corps.
                                                            
                                                                                
                                                                    Quand  bien même je nierais que le monde  existe, que mon corps existe, que  jepuisse penser correctement, je ne pourrais remettre en  cause ce fait : je pense, et par suite, je suis.
                                                            
                                                                                
                                                                    Lavolonté sceptique de douter de tout, l'idée qu'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait :je pense.
                                                            
                                                                                
                                                                    Voilà le roc, voilà l'argile.
                                                            
                                                                                
                                                                    Voilà le point ferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan dudoute, par lequel je retrouverai la terre ferme de la science vraie.
La certitude conduit à l'erreurComme l'écrit Alain, «ceux qui aiment la vérité par-dessus tout, ceux que je vois prêts à souffrir et à mourirpour elle, sont aussi ceux qui vont se coller à l'erreur comme les mouches à la vitre» (Propos).
                                                            
                                                                                
                                                                    Morte est lapensée du dogmatique, du fanatique, de tous ceux qui tiennent pour acquis ce qui est à remettre en cause,au nom même de la vérité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Alain y verra la marque de tous les préjugés.
Préjugé.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le préjugé fait qu'ons'instruit mal.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le préjugé peut venir des passions ; la haine aime à préjuger mal ; il peut venir del'orgueil, qui conseille de ne point changer d'avis ; ou bien de la coutume qui ramène toujours auxanciennes formules ; ou bien de la paresse, qui n'aime point chercher ni examiner.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais le principalappui du préjugé est l'idée juste d'après laquelle il n'est point de vérité qui subsiste sans serment àsoi ; d'où l'on vient à considérer toute opinion nouvelle comme une manoeuvre contre l'esprit.
                                                            
                                                                                
                                                                    Lepréjugé ainsi appuyé sur de nobles passions, c'est le fanatisme.
Définition générale du préjugé:
Préjuger, c'est tenir une idée vraie,  affirmer ou nier une opinion, avant tout examen  attentif, avant touteétude réelle.Conséquence: puisque le préjugé se présente à l'esprit comme une idée vraie, il rend difficile la recherche,l'effort pour s'instruire, qui paraissent alors inutile.
Origine du préjugé:
a) Alain discerne plusieurs causes possibles:
* les passions (la haine par exemple fait qu'on juge réellement mauvais celui qu'on hait, parce qu'on le hait;.
                                                                                                                    »
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