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La conscience est-elle la condition nécessaire de la responsabilité ?

Publié le 14/02/2004

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conscience
En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sans guides et cependant pour tous.Contrairement à la chose qui est ce qui est, l'homme, en tant que « pour-soi», n'est jamais tout à fait soi. Il est et il n'est pas ce qu'il est. En avouant, par exemple, que je suis un menteur, j'adhère à ce que je suis mais en même temps je prends mes distances à l'égard de ce que je suis. La conscience est donc bien négativité infinie, pouvoir de dépassement de ce qui est. Mais la liberté se confond-elle avec la spontanéité de la conscience ? Un enfant est-il libre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et la connaissance ? Sartre semble sous-estimer le rôle de la raison et de la connaissance dans la liberté. CITATIONS: « L'homme est libre; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains.

Les systèmes judiciaires se basent sur le postulat de responsabilité de chacun. Tous mes actes sortent de ma volonté et sont de fait les miens. Je peux avoir à les assumer devant la loi. Être responsable, c'est savoir ce que l'on fait ou ce que l'on dit, et pouvoir répondre de ses actes. L’enfant par exemple n’est pas déclaré responsable parce que la plupart du temps, il ne mesure pas les conséquences de ces actes. La conscience, elle, est caractéristique de l’homme. Le terme vient du latin cum qui signifie avec et de scienta : science. La conscience est donc le fait pour un individu que son existence soit accompagnée d’un savoir sur elle-même. Avec la conscience, j’existe et je le sais. La conscience est donc liée à la conscience de soi. Qui a la conscience, a donc le savoir sur ses actes indispensable à la responsabilité. Celui qui est inconscient de quelque chose n’a pas de connaissance sur ce dernier et n’est donc pas responsable. Pourtant, il s’agit ici de savoir si la conscience est la condition.  Le terme « condition « vient du latin condere qui signifie « fonder «, « établir «. Celui de « nécessaire « insiste lui sur la présente obligatoire d’un élément dont on ne peut se dispenser. L’énonce ici nous demande si la conscience est  une faculté qui fonde la responsabilité mais il aussi si elle est la seule. L’emploi du déterminant défini implique en effet l’unicité de la condition. Si jamais nous trouvons une autre faculté primordiale à la responsabilité, cela ne veut-il pas dire que la conscience n’est pas LA condition nécessaire ? Or, la liberté n’est-elle pas plus importante dans la responsabilité que la conscience ? Ne pouvons-nous pas avoir conscience de quelque chose mais ne pas avoir le choix ? Dès lors, la responsabilité n’est-elle plus liée à la liberté ? Pourtant, la conscience elle-même n’est-elle pas synonyme de liberté ?

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« Sans la conscience, on ne peut pas parler de responsabilité - Nous l'avons dit la responsabilité est le fait de pouvoir répondre de ses actes et de leurs conséquences.

Pour celail faut donc pouvoir avoir un savoir sur ses actes.

D'une part, un savoir sur leur existence( il n'est pas sûr qu'unanimal sache véritablement ce qu'il fait quand il tue un oiseau), d'autre part, un savoir sur les conséquences quepeuvent entraîner les actions et enfin la capacité à discerner le bien du mal, à avoir une réflexion morale. Or, il semble dans un premier temps que la conscience soit bien la faculté qui permet de remplir ces trois conditions.Nous l'avons la conscience comme existence accompagnée d'un savoir, me rend présent à moi-même et me permetde rattacher ce que je fais à mon passé et à mon identité.

Je ne peux pas dire par exemple que je ne savais pasque je conduisais une voiture( sauf dans le cas de maladie rare).

Ma conscience me permet justement d'avoir desreprésentations de ce que je fais. De plus, la conscience est temporelle.

Schopenhauer voit dans Le monde comme volonté et comme représentation , le temps comme la donnée première de la conscience mais surtout comme dira Bergson, la conscience est ce qui permet de faire le lien entre le passé et l'avenir.

Grâce à la conscience, je me décolle duprésent vécu et peux projeter dans l'avenir.

Il affirme ainsi dans Matière et mémoire , qu'avoir conscience de quelque chose, c'est l'appréhender à partir du passé, en vue d'une action appropriée du futur.

« Toute conscienceest anticipation de l'avenir[[...] La conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jetéentre le passé et l'avenir.

» écrit Bergson Dès lors, la conscience est bien la capacité à préparer le futur et sesactes. C'est pourquoi dans la langue courante, on emploie l'adjectif « inconscient » pour parler de quelqu'un qui n'est quepeu ou pas capable de revenir sur lui-même.

Un "inconscient" est un esprit irréfléchi qui ne se rend pas compte dece qu'il fait ou même seulement qui ne sait pas juger.

Il n'est pas alors véritablement responsable de ses actespuisque son manque de conscience ne lui permettait pas d'avoir toutes les données nécessaires pour comprendreson action.

Ainsi la conscience, c'est non seulement la connaissance de son existence mais aussi la connaissancedu monde extérieur et ce trait entraîne aussi la responsabilité.

C'est parce que je peux connaître le monde extérieur,que je peux comprendre l'implication de mes gestes et leurs conséquences.

- De même, sont déclarés juridiquement irresponsables, les personnes qui au moment de leur acte n'avait pas lapleine conscience de ce qu'elles faisaient et qui ne se rendaient pas compte de la réalité de leurs actes.

Ce quirejoint le problème du discernement moral.

La justice reconnaît comme irresponsable celui qui n'arrive pas àdistinguer le bien du mal.

Or, cette distinction semble être liée encore une fois à la conscience.

Alain affirme eneffet que toute conscience est morale dans ce sens qu'elle juge ce qui est d'après ce qui devrait être.

Elle juge etincite à rectifier selon la norme.

Il écrit dans les Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant : « La morale consiste à se savoir esprit et, à ce titre, obligé absolument : car noblesse oblige.

» La conscience, c'est se savoiresprit et c'est donc la possibilité de discerner le bien du mal, entendu dans un sens personnel. Responsabilité et liberté - Pourtant, si être conscient est en effet une condition à la responsabilité, est-ce vraiment la plus importante ? Onpeut par exemple imaginer quelqu'un qui a connaissance de ses actes et qui pour autant ne peut agir autrement.Peut-on encore dire qu'il est responsable ? Si on se tourne vers la justice, il semble que la responsabilité soitatténuée quand le choix ne se présentait pas aux personnes.

La liberté serait alors la condition nécessaire etfondamentale de la responsabilité.

La responsabilité demande en effet de pouvoir choisir entre différentes possibles.Celui qui agit sous la contrainte n'accomplit pas une action qu'il a réellement voulu.

Ainsi, les actes accomplis sousla menace d'un revolver ne sont pas considérés comme participant de ma responsabilité. Sartre d'ailleurs voit dans la liberté la base même de la responsabilité.

D'ailleurs pour lui, il n'y a pas d'excuses pourl'homme, même s'il a un revolver pointé sur lui.

L'homme n'a pas d'essence, il n'a pas de nature fixée et de ce fait, ilchoisit tout ce qu'il fait et tout ce qu'il est.

Le philosophe fonde la liberté sur le pouvoir de répondre "oui" ou "non".Le choix est de tous les instants c'est à dire que nos libres décisions d'hier n'engagent pas celles de demain: à tousmoments, je peux si je veux changer ma vie.

Tant que j'existe je conserve la ressource d'orienter mon avenir On peut donc toujours choisir de mourir plutôt que d'exécuter ce que l'on nous demande de faire.

C'est d'ailleurs cequ'avait découvert aussi Epictète, un philosophe antique.

Il reconnaît à l'homme le pouvoir d'échapper à toutecontrainte qui pèserait sur sa décision.

Il découvre qu'un tel pouvoir repose sur la liberté intérieure du jugement.

Cequi le prouve, c'est l'impuissance de la menace à trouver prise sur celui qui s'y dérobe en maîtrisant sa crainte. Pour Sartre, cette liberté absolue et permanente est un fardeau parce qu'elle implique forcément la responsabilité.Dès lors, si l'homme est absolument libre et que c'est à lui de diriger sa conduite, l'homme est en quelque sorte sansexcuse.

Il écrit dans l'existentialisme est un humanisme : « l'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être (...) l'homme est responsable de ce qu'il est.

Ainsi, la première démarche de l'existentialisme est de mettre tout hommeen possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence.

» C'est donc la liberté la condition nécessaire pour assumer et répondre de ses actes. - Il faut d'ailleurs bien voir que c'est la liberté de l'homme qui le fait être un être moral.

Sans cela, il ne pourrait avoirni vices, ni vertus, ni punitions, ni louanges.

Nous faisons d'ailleurs tous les jours l'expérience intime de ce lien entreliberté et responsabilité.

J e me sais et me sens être la cause d'effets que j'ai volontairement produits et que j'aurais pu ne pas produire, et ce sentiment se traduit en moi par la satisfaction ou le remords, l'approbation ou le blâme de. »

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