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La conscience est-elle la condition nécessaire de la responsabilité ?

Publié le 24/09/2005

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conscience
Le sujet pose la question de savoir si la condition de possibilité de la responsabilité est la conscience : est-elle une condition nécessaire, ou une condition nécessaire et suffisante ? Est- ce une condition de possibilité logique, ou réelle (est-ce que dans les faits, il faut être conscient pour être responsable ?) ? Être responsable, cela peut vouloir dire qu'on peut nous imputer nos actes : on est reconnu comme étant l'auteur libre de nos actes. Quels sont les liens entre la notion de conscience et celle de l'identité personnelle ? C'est le même moi qui a agi dans le passé et qui doit assumer aujourd'hui les conséquences de ses actes. Qu'en est-il alors des crimes passionnels, par exemple, où justement on dit que l'on n'était pas soi-même quand on les a commis ? Quelle est la position de la loi par rapport à cette implication de la conscience dans la responsabilité de ses actes ? Est-ce que l'inconscience est l'irresponsabilité ? Le fait que l'on punisse un homme qui tue, et que l'on trouve normal que les animaux tuent, ne laisse-t-il pas envisager une réponse à la question ? La possibilité d'imputer un acte à quelqu'un repose donc sur la conscience qu'il a d'en être l'auteur. Ainsi, il pourra en répondre si on le questionne, de même que des conséquences de son acte, comme si chacune de ces conséquences pouvait et devait lui être imputée. L'homme responsable est celui qui agit en pensant qu'il devra répondre de ses actes, et qui donc veut en répondre. Que faire lorsque certains de mes actes ne sont pas issus de ma conscience et de ma volonté ? Cette difficulté conduit Aristote à distinguer ce qui est fait « de plein gré » ou contre le gré de celui qui agit : est fait « de plein gré » ce qui dépend de l'agent et ce qu'il fait en sachant ce qu'il fait. Il est alors l'auteur de son acte. Le problème devient plus complexe quand on a des raisons d'attribuer un acte à des intentions inconscientes. Si j'ébouillante quelqu'un « par accident », et si cet acte est en réalité l'expression d'un désir inconscient (s'il est ce que la psychanalyse appelle un acte manqué), puis-je me prévaloir de mon aveuglement pour m'exonérer de toute responsabilité ? Certes, ma responsabilité est atténuée du fait du caractère non réfléchi, non prémédité, non consciemment intentionnel de mon acte. Mais je demeure l'auteur de cet acte qui exprime ma pensée la plus profonde et il n'y en a pas d'autre. Je suis donc responsable de mes intentions, y compris de celles qui sont inconscientes. Même si l'inconscient correspond à un défaut de connaissance et de maîtrise, c'est tout de même moi qui ai agi... « sans le faire exprès ». Je ne peux pas dire : « c'est mon inconscient ! », car cette part inconsciente de moi est ma pensée et mon désir. Et la justice oblige à ajouter à ce que je sais de moi ce que je suis censé savoir ou ce que je ne dois pas ignorer.
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« représentation , le temps comme la donnée première de la conscience mais surtout comme dira Bergson, la conscience est ce qui permet de faire le lien entre le passé et l'avenir.

Grâce àla conscience, je me décolle du présent vécu et peux projeter dans l'avenir.

Ilaffirme ainsi dans Matière et mémoire , qu'avoir conscience de quelque chose, c'est l'appréhender à partir du passé, en vue d'une action appropriée du futur.« Toute conscience est anticipation de l'avenir[[...] La conscience est un traitd'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé etl'avenir.

» écrit Bergson Dès lors, la conscience est bien la capacité à préparer lefutur et ses actes. C'est pourquoi dans la langue courante, on emploie l'adjectif « inconscient »pour parler de quelqu'un qui n'est que peu ou pas capable de revenir sur lui-même.

Un "inconscient" est un esprit irréfléchi qui ne se rend pas compte de cequ'il fait ou même seulement qui ne sait pas juger.

Il n'est pas alorsvéritablement responsable de ses actes puisque son manque de conscience nelui permettait pas d'avoir toutes les données nécessaires pour comprendre sonaction.

Ainsi la conscience, c'est non seulement la connaissance de sonexistence mais aussi la connaissance du monde extérieur et ce trait entraîneaussi la responsabilité.

C'est parce que je peux connaître le monde extérieur,que je peux comprendre l'implication de mes gestes et leurs conséquences.

- De même, sont déclarés juridiquement irresponsables, les personnes qui aumoment de leur acte n'avait pas la pleine conscience de ce qu'elles faisaient et qui ne se rendaient pas compte dela réalité de leurs actes.

Ce qui rejoint le problème du discernement moral.

La justice reconnaît comme irresponsablecelui qui n'arrive pas à distinguer le bien du mal.

Or, cette distinction semble être liée encore une fois à laconscience.

Alain affirme en effet que toute conscience est morale dans ce sens qu'elle juge ce qui est d'après cequi devrait être.

Elle juge et incite à rectifier selon la norme.

Il écrit dans les Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant : « La morale consiste à se savoir esprit et, à ce titre, obligé absolument : car noblesse oblige.

» La conscience, c'est se savoir esprit et c'est donc la possibilité de discerner le bien du mal, entendu dansun sens personnel. Responsabilité et liberté - Pourtant, si être conscient est en effet une condition à la responsabilité, est-ce vraiment la plus importante ? Onpeut par exemple imaginer quelqu'un qui a connaissance de ses actes et qui pour autant ne peut agir autrement.Peut-on encore dire qu'il est responsable ? Si on se tourne vers la justice, il semble que la responsabilité soitatténuée quand le choix ne se présentait pas aux personnes.

La liberté serait alors la condition nécessaire etfondamentale de la responsabilité.

La responsabilité demande en effet de pouvoir choisir entre différentes possibles.Celui qui agit sous la contrainte n'accomplit pas une action qu'il a réellement voulu.

Ainsi, les actes accomplis sousla menace d'un revolver ne sont pas considérés comme participant de ma responsabilité. Sartre d'ailleurs voit dans la liberté la base même de la responsabilité.

D'ailleurs pour lui, il n'y a pas d'excuses pourl'homme, même s'il a un revolver pointé sur lui.

L'homme n'a pas d'essence, il n'a pas de nature fixée et de ce fait, ilchoisit tout ce qu'il fait et tout ce qu'il est.

Le philosophe fonde la liberté sur le pouvoir de répondre "oui" ou "non".Le choix est de tous les instants c'est à dire que nos libres décisions d'hier n'engagent pas celles de demain: à tousmoments, je peux si je veux changer ma vie.

Tant que j'existe je conserve la ressource d'orienter mon avenir On peut donc toujours choisir de mourir plutôt que d'exécuter ce que l'on nous demande de faire.

C'est d'ailleurs cequ'avait découvert aussi Epictète, un philosophe antique.

Il reconnaît à l'homme le pouvoir d'échapper à toutecontrainte qui pèserait sur sa décision.

Il découvre qu'un tel pouvoir repose sur la liberté intérieure du jugement.

Cequi le prouve, c'est l'impuissance de la menace à trouver prise sur celui qui s'y dérobe en maîtrisant sa crainte.. »

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