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La conscience permet-elle de se connaître?

Publié le 14/04/2005

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conscience
  Transition : Un problème de raisonnement demeure dans cette démonstration : si l'acte est à lui-même son propre objet, il se prend en vue circulairement. Il faut déjà avoir admis qu'il y a quelque chose comme une structure intentionnelle (acte objet) pour pouvoir prendre celle-ci en vue comme un objet par un acte. On présuppose donc le résultat auquel on souhaite parvenir, si bien qu'en réalité, aucune connaissance de soi n'a réellement été fondée.         III - La critique de la conscience comme point de départ de la connaissance.   Heidegger, dans les Prolégomènes à l'histoire du concept de temps, ainsi que dans son oeuvre maîtresse Etre et temps, mène une critique des déterminations de la conscience et de la connaissance chez Husserl. L'idée consiste entre autre à montrer que la structure sujet - objet ne convient précisément pas pour penser le phénomène de la connaissance, et en particulier celui de la connaissance de soi. Heidegger va faire s'évaporer le problème de la connaissance en nous rappelant simplement que connaître est chez l'homme une manière d'être. Il n'y a à aucun moment besoin de se prendre en vue comme un objet pour se connaître. La raison est simple : l'homme (chez Heidegger le Dasein) entretient toujours déjà une relation à son propre être. Une des caractéristiques de cette relation est qu'elle consiste en ce que Heidegger appelle l' « entente ».

Analyse du sujet :

 

  • Le sujet pose une question à laquelle nous sommes invités à répondre par « oui «, « non «, ou de manière nuancée, ceci à chaque fois avec les références qui s’imposent et de manière argumentée.
  • La conscience peut être entendue dans un double sens : elle est premièrement un caractère de l’homme. Qu’un homme soit conscient signifie qu’il est présent à lui-même, à l’inverse de celui qui a perdu conscience. Mais la conscience peut encore s’opposer à l’inconscience. Dans ce sens, elle désigne plutôt la qualité de celui qui « comprend ce qui se passe «, qui envisage objectivement et de manière distancée une situation (« j’ai bien conscience de votre problème ! «). L’inconscience, à l’inverse, désigne le défaut de celui dont on peut dire que dans une certaine situation, il fait n’importe quoi.
  • Se connaître, c’est alors faire retour sur soi, ce qui suppose de s’envisager soi-même de manière réflexive. Le problème est justement que connaître suppose déjà d’être conscient, si bien qu’il est difficile d’envisager que la conscience puisse être quelque chose comme un outil qui permettrait de se connaître. Cela reviendrait à tenter avec un marteau de taper sur lui-même !
  • Notons encore qu’on peut distinguer deux types de connaissances : la connaissance objective, par exemple celle d’un théorème de mathématique ; et une connaissance plus « intuitive « ou « instinctive « qui n’est pas forcément consignée dans un manuel. Par exemple, la connaissance de telle ou telle pratique artistique ou la connaissance à laquelle l’artisan fait appel lorsqu’il exerce son métier. Celle-ci est donc plus proche du savoir-faire ou du savoir pratique que de la connaissance théorique.

 

 

Problématisation :

 

Le premier problème consiste à déterminer si la conscience est ou non capable de s’envisager réflexivement, de se prendre en vue sans l’aide d’autre chose qu’elle même. Il faudra se demander dans un second temps si dans ce cas, c’est bien à une connaissance de soi que l’on est parvenu et quelle est la nature de cette connaissance.

conscience

« Husserl, dans les Ideen I (Idées directrices pour une phénoménologie ), affirme que toute conscience est conscience de quelque chose : de soi-même, des autres réalités qui m'entourent, etc.

Il appelle ce caractère de laconscience l'intentionnalité : elle désigne la propriété d'être orientée surquelque chose.

Comment savoir si cette propriété peut être érigée enconnaissance de soi ?Puisque c'est à partir de la conscience que nous connaissons, et que noussouhaitons justement connaître cette propriété ou ce caractère de laconscience (l'intentionnalité), il va falloir que la conscience se prenne elle-même en vue pour fonder ce caractère.

Husserl, pour réaliser cela, étudie lastructure de l'intentionnalité : elle se divise en deux moments, qui sont l'acte(l'intentio ) et l'objet sur lequel l'acte se dirige (l' intentum ).

Pour se connaître soi-même, il faut donc que l'acte prenne pour objet la conscience elle-même,si bien que l'acte prend pour objet la structure de l'intentionnalité, c'est-à-dire l'acte et son objet.

Autrement dit l'acte est en même temps objet.

C'estseulement en me prenant moi-même pour objet que je suis en mesure defonder la connaissance que j'ai du caractère intentionnel de ma conscience.Une fois fondé, alors je peux fonder toutes les autres connaissances, parexemple celle des objets qui m'entourent.La conscience est donc capable de se connaître et il faut ajouter que surcette connaissance première de soi se fonde toutes les autresconnaissances.

A nouveau, il s'agit là d'une connaissance objective, c'est-à- dire théorique.

On trouve cette citation dans la seconde partie des « Méditations cartésiennes » (1929).

Husserl (1859-1938) est le fondateur de la phénoménologie et le précurseur de ce que l'on nomme l'existentialisme.Le mot d'ordre de la phénoménologie est le retour aux choses mêmes.

Il s'agit de se battre contre une conceptionpositiviste de la science et contre les faux savoirs, pour s'interroger à nouveaux frais sur la façon dot les chosesnous apparaissent.Notre citation apparaît dans les « Méditations métaphysiques ».

Le titre dit assez que Husserl entend se réapproprier le projet cartésien de fonder les sciences.

Mais il tente aussi, dans ce qu'il nomme « les temps de détresse », de fonder une véritable science de l'esprit, en se battant à la fois contre le « psychologisme » et contre le modèle des sciences objectives de la nature.

« Partout à notre époque se manifeste le besoin pressant d'une compréhension de l'esprit […] Ma conviction est que la phénoménologie a fait la première fois de l'esprit en tant qu'esprit le champ d'une expérienceet d'une science systématique, et opéré par-là le retournement total de la tâche de la connaissance. » On retrouve donc, au départ de notre texte, la même exigence de rigueur, de radicalité que chezDescartes .

Husserl aussi pratique une sorte de doute qui consiste à suspendre notre croyance naïve et naturelle au monde et à son existence.

Lui aussi découvre comme première certitude le « Je pense ». Mais Descartes était pressé de fonder la science de son temps, et s'il découvrait le dualisme, il faisait de la conscience une chose qui pense.

Descartes établissait une sorte de parallèle entre la « chose étendue », le corps, et la « chose qui pense », la conscience. Husserl reste attentif à une propriété remarquable de la conscience : « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose.

Cela veut dire que le « Je », la conscience vise toujours autre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours lemouvement de se dépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement versautre chose, cela signifie que toute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On nepeut plus, comme tendait à le faire Descartes , assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité. Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sont- c'est son caractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement,mouvement, vers un autre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord êtreprésent au monde.Les existentialistes (surtout Sartre ) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », et qui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de .

Voici comment Sartre commente cette formule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi , vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .» La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ».Non seulement il n'y a pas de commune mesure entre les propriétés de la matière et celles de la pensée, mais il fautajouter que les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.

L'existence propre de la conscience estcette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente.Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.

Si je perçois un cube, je déclare « Je vois un cube ».

Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.

Cela signifie que ma conscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.

Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.

Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.

Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.. »

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