Devoir de Philosophie

LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE XVIIIe SIÈCLE VICO Jean-Baptiste (1668- r 744) Longtemps méconnue, l'oeuvre de ce juriste napolitain est pourtant celle d'un précurseur des philosophies modernes de l'histoire.

Publié le 21/10/2012

Extrait du document

histoire
LA DÉCOUVERTE DE L'HISTOIRE XVIIIe SIÈCLE VICO Jean-Baptiste (1668- r 744) Longtemps méconnue, l'oeuvre de ce juriste napolitain est pourtant celle d'un précurseur des philosophies modernes de l'histoire. L'auteur des Principi di una scienza nuova d'intorno alla communa natura della razioni (1725) se présentait comme un adversaire de Descartes auquel il reprochait l'application des idées claires et distinctes à tout autre domaine que celui des mathématiques et de la physique. Car si nous comprenons les mathématiques et la physique, c'est parce que nous avons fait les nombres et les figures, mais non pas la nature. En se préoccupant de réhabiliter certaines notions obscures dont le rationalisme cartésien avait fait table rase, Vico entendait retrouver dans le passé de l'histoire, et plus précisément dans les vestiges conservés par le langage, une sagesse primitive et spontanée présidant, sans le secours de la raison, à la naissance et à l'évolution de l'humanité. Mettre la philologie en accord avec la philosophie, tel fut le propos de Vico qui visait à formuler, à partir de spéculations souvent fantaisistes sur le langage et les étymologies, la loi idéale à laquelle participe l'histoire des nations. La comparaison des documents issus de nations différentes doit démontrer l'identité de la loi de développement en chacune d'elles : appliquée aux faits civils et politiques, comme Bacon l'appliquait aux faits de la nature, l'induction constitue le fondement de la méthode historique de Vico, et c'est bien par là qu'il se montre grand initiateur. La naissance des sociétés n'est plus, comme pour Hobbes ou Locke, la solution de problèmes rationnels dont vient à bout l'effort éclairé d'hommes raisonnables, mais elle est l'oeuvre d'un développement où la raison ne fait qu'une apparition tardive. Développement circulaire qui montre le temps tournant et retournant sur lui-même et l'histoire de chaque nation soumise aux mêmes cycles (corsi e ricorsi) : âge des dieux, âge des héros, âge des hommes auxquels correspondent gouvernements théocratique, aristocratique et humain et dont la succession marque le passage de l'imagination et de la nécessité aveugle à la raison. Tel fut le processus réalisé par l'empire romain, qui devait s'écrouler avec les invasions barbares : il s'agit d'une évolution complète dont les phases doivent se retrouver, selon Vico, dans l'histoire de toutes les nations, qui recommencent chacune la même histoire. C'est du moins ce souci du passé et plus précisément de la période antérieure au doute et à la réflexion qui fait apparaître Vico à la fois comme un homme de la Renaissance attardé en son temps, et, de nos jours, comme un philosophe moderne : derrière les divagations philologiques et la recherche platonicienne d'un ordre éternel des choses, la théorie de Vico se présente comme le récit fabuleux, mais systématique et cohérent, de la métamorphose de la sagesse...
histoire

« MAISTRE Joseph de (1753-I82I) est l'auteur de : Considérations sur la France ( I 796) ; Essai sur le prin­ cipe générateur des Constitutions Politiques et des autres Institutions humaines (1810); Du Pape (182o); Les Soirées de Saint-Pétersbourg ( I 82 I); Correspondance diploma­ tique.

Térrwin et victime de la tourmente révolutionnaire, profondément impressionné par les excès auxquels elle donna lieu, Maistre a subi l' irifluence de la Révolu­ tion française dans le même sens que Bonald : sa doctrine s'est formée par opposition à la philosophie sociale et politique du xvm• siècle, dont elle combat avec violence l'a priorisme ratio­ naliste, la prétention à construire ou à refaire la société et l'adhésion à la sou­ veraineté populaire.

Entre la pensée de Bonald et celle de Maistre, deux diffé­ rences : alors qu'il y a une teinte de gallicanisme chez Bonald, le tradition­ naZisme de Maistre, farouchement ultra­ rrwntain, suppose, outre la restauration de la religion et de la monarchie, celle de la papauté dont la souveraineté est, à ses yeux, infaillible et absolue.

D'autre part, plus sensible que Bonald à l'influence de Montesquieu et des considérations de l'Esprit des Lois sur l'adaptation des institutions à « l'esprit général » de chaque nation, Maistre manifeste une conscience plus grande de la relativité des structures politiques et de la diversité des milieux.

A ces différences près, sa doctrine de l'ordre s'appuie sur la même méthode et a les mêmes prolonge­ ments politiques que celle de Bonald.

Méthode historique, expérimentale, qui doit constituer, à l'exclusion de toute autre méthode, une science et un art politique valables : en dénonçant la faiblesse de la raison théorique dans la philosophie politique du XVIII • siècle, Maistre entend rrwntrer que les réalités historiques sont seules sources de vérité : « L'histoire est la politique expé­ rimentale, c'est-à-dire la seule bonne ».

Et c'est au nom de la seule efficience de la méthode historique en politique que Maistre s'élève contre la théorie de l'état de nature et du contrat social.

La société n'est pas une association, produit de la volonté humaine, mais une « agrégation autour d'un centre com­ mun », ce centre commun étant le souve­ rain, produit de l'évolution naturelle.

A la théorie de l'homme naturellement bon de Rousseau, Maistre oppose la conception chrétienne de l'homme perverti par le péché originel : c'est parce que « l'homme naît mauvais dans une partie de son essence » que des rivalités naissent et que s'impose la nécessité du gouvernement.

Comme Hobbes, Maistre pense qu'il existe un état de guerre entre les hommes.

Mais si la souveraineté est la conséquence inéluc­ table de la nature humaine, l'état de guerre est l'effet d'une grande loi du rrwnde spirituel.

Aussi bien la guerre a-t- XIXe SIÈCLE elle un caractère divin dans ses causes et dans ses conséquences morales : Maistre oppose à la paix perpétuelle, annoncée au xvm• siècle, le sentiment très vif d'une nécessité naturelle liée au mal radical de l'humanité coupable.

Doctrine du « gouvernement temporel de la Pro­ vidence », la théorie mystique de Maistre admet cependant des limites humaines au pouvoir : si la souveraineté est fondée sur un consentement des hommes, ce n'est qu'autant que le peuple consent à obéir comme instrument à la volonté sur­ naturelle.

Dès lors est légitime n'importe quelle forme de gouvernement (Tous les gouvernements sont bons) à condition que le pouvoir, défenseur des réalités nationales issues, comme la société, de l'évolution naturelle, soit fort et stable : la société est l'intermédiaire qui donne aux hommes la parole, mais c'est l'Etat qui parle en toute souverai­ neti au nom des hommes.

D'où le procès fait aux constitutions écrites et aux entreprises révolutionnaires : « L'art de réformer les gouvernements ne con­ siste pas du tout à les renverser pour les refaire sur des théories idéalistes ».

D'où la doctrine de l'ordre, seul soutien des institutions établies.

« Ce sont les abus qui font les révolutions, mais les a bus valent infiniment mieux que les révolutions.

» D'où enfin le système théocratique, qui entend déléguer au Pape, souverain absolu et irifaillible, le pouvoir de délier les sujets, en cas d' arbi­ traire, du serment d'obéissance envers leur souverain; détenteur d'un pouvoir d'origine divine, le Pape doit assurer l'ordre parmi les souverains, comme ceux-ci ont mission de maintenir les tradi­ tions et les institutions à l'abri du disordre.

En se proposant de restaurer la valeur absolue de l'histoire, de la tradition, de la souveraineté de droit divin, la doctrine de Maistre apparaît comme une pure réaction contre l'idéologie révolution­ naire du xvm• siècle.

Méthode expéri­ mentale, critique de l'individualisme, réhabilitation de la société, respect des traditions et culte de la nation, la plu­ part des thèmes de Maistre devaient pro­ fondément influencer les idées politiques de Charles Maurras.

( P.H.) BONALD Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de (1754-1840) est l'auteur de : Théorie du pouvoir politique et religieux ( 1 796) ; Légis­ lation primitive, considérée dans les derniers temps par les seules lumières de la raison ; Recherches philoso­ phiques sur les premiers objets des connaissances morales.

Nul n'a condamné avec plus d'intransi­ geance et de dogmatisme la philosophie du xvm• siècle : la sévérité que Bonald rrwntre à l'égard de Montesquieu et de Rousseau n'a d'égale que sa haine de la Révolution française dont il eut à souffrir en tant qu'émigré.

Horreur de la nova­ tion et du désordre, mais horreur aussi du rationalisme cartésien et de l'indivi- dualisme issu de la Réforme : animée par un violent esprit polémique, la doc­ trine traditionaliste de Bonald est l'archétype des sociologies de l'ordre.

Bonald adopte, il est vrai, le langage des philosophes qu'il s'applique à réfuter, mais il lui donne une signification si radicalement différente que toute sa pensée apparaît comme le contrepied des théories du droit naturel et du contrat social.

Pour Bonald, les hommes sont mauvais par nature, bons par la société : Rousseau a confondu état natif et état naturel.

L'état natif est l'état originel, celui de la faiblesse et de l'imperfection, tandis que l'état naturel est l'état civilisé, celui de l'accomplissement et de la force : l'homme naturel est donc l'homme de la société.

Si les constitutions sont naturelles, ce n'est plus parce qu'elles répondent au vœu de la nature, mais parce qu'elles sont l'œuvre de Dieu, que la nature sup­ pose comme la loi suppose un législateur.

Chimère le contrat, puisque les hommes, si loin qu'on remonte dans le passé, ont toujours été soumis à une autorité; les institutions résultent d'autant moins d'un contrat qu'il faut, pour en régler les formes, qu'existe au préalable un pou­ voir.

Absurde l'idée suivant laquelle la loi est l'expression de la volonté générale : pour Rousseau, la volonté générale s' iden­ tifie avec la volonté de tous; c'est une somme de volontés particulières dont la diversité la distingue de la raison générale.

Il faut, au contraire, que la Société soit reconnue comme une réalité transcen­ dante aux individus.

Il faut aussi (ceci s'adresse à Montesquieu) que le pouvoir soit indivisible, hors de toute contesta­ tion : l'expérience de l'histoire dérrwntre qu'il ny a jamais eu de peuple vérita­ blement souverain.

Ainsi Bonald subs­ titue-t-il, comme fait constitutif de la société, le Pouvoir au Contrat -pouvoir qui préexiste à toute société et qui résulte originellement de Dieu : la condition même de l'état social est la religion.

Dans cette philosophie théologique de la société, conscience et individu sont aliénés, au nom de l'ordre et des traditions, au profit de la société.

La théorie de la parole constitue le fondement de la doc­ trine bonaldienne : le langage est le moyen le plus primitif et le plus extérieur à la conscience individuelle par lequel la vérité se communique dans la société; c'est un don de Dieu, dont l'origine nécessaire se dérrwntre en ce qu'aucune société n'a pu exister sans lui et qu'il n'appartient pas aux hommes d'inventer « le nécessaire » par lequel ils sont, et qui existe avant eux et hors d'eux.

Réa­ lisme social, fidèle au témoignage de l'histoire, mais qui prend tout son sens de ce que la société y apparaît comme servant de véhicule aux vérités révélées, la doctrine de Bonald s'efforce d'opérer, au nom de la religion, la liaison impos­ sible du rationalisme et du traditiona­ lisme : elle croit l'entrevoir, mais c'est du dehors, et demeure condamnée, suivant les propres termes de Bonald, « à. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles