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La faiblesse de l'homme est-elle la cause ou la conséquence de l'organisation sociale ?

Publié le 17/04/2009

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Mais, en réalité, il s'agit pour Rousseau de décrire la société telle qu'elle est, une organisation sociale qui est un véritable désordre, ce n'est pas une fatalité de toute organisation sociale mais une histoire des sociétés jusqu'aux sociétés modernes.   Peut-on sortir du cercle : faiblesse/organisation sociale ?  

a)                  La société trouve son utilité dans la faiblesse individuelle des hommes et par là même sa légitimité. Mais puisqu'elle est tout à la fois remède et poison, on peut envisager que l'organisation sociale risque d'aboutir à une dépendance telle de l'homme par rapport à celle-ci qu'il ne pourra plus la contester. A la dépendance physique s'ajoute la dépendance politique. La dépendance crée le besoin d?une société organisée par des experts, par des hommes qui ont pour charge de répartir les tâches. Aux spécialistes d'une tâche quelconque s'ajoute les spécialistes de la politique qui dépossèdent les hommes de la capacité à s'organiser.

b)                 Sur ce point on peut revenir à Rousseau, qui sur ce sujet est l'auteur incontournable. Rousseau ne nie pas que la faiblesse des hommes a pu être la cause de la société civile, il décrit un moment où les hommes doivent choisir entre s?associer ou périr. La société accroît la force qui résulte de l'association par rapport à la somme des forces individuelles ; elle affaiblit les hommes dans leur individualité, dans leur pouvoir propre, mais augmente la force du tout.

Si on peut observer d'un côté que les individus sont en effet incapables par nature de subvenir par eux-mêmes à tous leurs besoins et de l'autre que la vie sociale en tant qu'elle est organisée en vue essentiellement d'assurer à chacun les moyens de vivre, on peut se demander lequel de ses deux faits est la cause de l'autre. L'homme est-il faible parce qu'il vit en société ou bien vit-il en société parce qu'il est faible ?

« La faiblesse de l'homme est-elle la cause ou la conséquence de l'organisation sociale ? Si on peut observer d'un côté que les individus sont en effet incapables par nature de subvenir par eux-mêmes àtous leurs besoins et de l'autre que la vie sociale en tant qu'elle est organisée en vue essentiellement d'assurer àchacun les moyens de vivre, on peut se demander lequel de ses deux faits est la cause de l'autre.

L'homme est-ilfaible parce qu'il vit en société ou bien vit-il en société parce qu'il est faible ? A cette question, il est possible de répondre comme le fait Hume, à savoir en disant que la vie sociale est laconséquence de la faiblesse constitutionnelle de l'homme dans la mesure où il apparaît que cette faiblesse se trouveeffectivement compensée par l'organisation sociale, notamment par l'organisation sociale du travail qui est faite detelle sorte que chacun ne se consacre qu'à une seule tâche dont les fruits servent à satisfaire les besoins deplusieurs, en échange de quoi chacun peut profiter du fruit du travail de tous les autres.

C'est ce qu'on appelle ladivision sociale du travail. Toutefois, penser l'origine de la vie sociale comme causée par la nécessité de se regrouper et de coopérer en vued'assurer la survie de tous n'est peut-être qu'une illusion.

Pourquoi ? Parce qu'il possible de renverser le rapport decause à effet et soutenir tout au contraire que c'est à force de vivre en société que les hommes ont fini parressembler à ce que dit d'eux Hume, à savoir qu'ils sont faibles et incapables de subvenir par eux-mêmes à tousleurs besoins.

Et non sans raison : à la lumière de la théorie de l'évolution des espèces, il est en effet difficile depenser qu'une espèce animale, ici l'homme, inadaptée au milieu dans lequel elle vit en raison de ses infirmités, puisseavoir survécu.

Par ailleurs, la vie sociale, parce qu'elle offre des moyens de subsistance à tous, y compris à ceux quine font rien, soit parce qu'ils sont trop jeunes soit parce qu'ils sont trop vieux, permet justement de mettre fin àl'élimination des individus les plus faibles et les moins faits pour vivre dans le milieu naturel.

De ce point de vue,cette faiblesse, cette inadaptation au milieu naturel sont bien plutôt les conséquences de la vie sociale.

Mieux :elles ne sont elles-mêmes que des illusions : on ne peut dire que l'homme est faible que si on l'imagine dans la natureet sans le secours de la vie sociale, mais précisément cette situation n'existe pas.

C'est comme imaginer un appareilélectrique sans électricité : il passerait pour absurde et inadapté, mais en réalité, il ne peut exister que si parailleurs l'électricité est maîtrisée. Alors qu'en est-il ? La vie sociale est-elle la cause ou la conséquence de la faiblesse de l'homme ? Il semble bienqu'elle en soit la cause et donc que Hume soit victime d'une illusion.

Laquelle ? Celle qui consiste à imaginer leshommes qui les premiers ont organisé la vie sociale de telle sorte qu'elle assure la subsistance de tous, y compris deceux qui ne travaillaient pas, sur le modèle des hommes d'aujourd'hui, c'est-à-dire d'hommes qui depuis desgénérations ne vivent pas dans un autre milieu que le milieu social et artificiel conçu par l'homme et pour lui-même.La faiblesse de l'homme n'est donc pas la cause, mais bien la conséquence de l'organisation sociale.. »

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